aux choses violentes que font les hommes, et contemplant la c��leste douceur de la nuit.
Puis il ferma sa fen��tre, ��crivit quelques mots, quelques vers, se d��shabilla r��veur, envoya encore une pens��e de piti�� aux vainqueurs aussi bien qu'aux vaincus, et, en paix avec Dieu, il s'endormit.
Il fut brusquement r��veill��. A travers les profonds r��ves du premier sommeil, il entendit un coup de sonnette; il se dressa. Apr��s quelques secondes d'attente, il pensa que c'��tait quelqu'un qui se trompait de porte; peut-��tre m��me ce coup de sonnette ��tait-il imaginaire; il y a de ces bruits dans les r��ves; il remit sa t��te sur l'oreiller.
Une veilleuse ��clairait la chambre.
Au moment o�� il se rendormait, il y eut un second coup de sonnette, tr��s opiniatre et tr��s prolong��. Cette fois il ne pouvait douter; il se leva, mit un pantalon �� pied, des pantoufles et une robe de chambre, alla �� la fen��tre et l'ouvrit.
La place ��tait obscure, il avait encore dans les yeux le trouble du sommeil, il ne vit rien que de l'ombre, il se pencha sur cette ombre et demanda: Qui est l��?
Une voix tr��s basse, mais tr��s distincte, r��pondit: Dombrowski.
Dombrowski ��tait le nom d'un des vaincus de Paris. Les journaux annon?aient, les uns qu'il avait ��t�� fusill��, les autres qu'il ��tait en fuite.
L'homme que la sonnette avait r��veill�� pensa que ce fugitif ��tait l��, qu'il avait lu sa lettre publi��e le matin, et qu'il venait lui demander asile. Il se pencha un peu, et aper?ut en effet, dans la brume nocturne, au-dessous de lui, pr��s de la porte de la maison, un homme de petite taille, aux larges ��paules, qui ?tait son chapeau et le saluait. Il n'h��sita pas, et se dit: Je vais descendre et lui ouvrir.
Comme il se redressait pour fermer la fen��tre, une grosse pierre, violemment lanc��e, frappa le mur �� c?t�� de sa t��te. Surpris, il regarda. Un fourmillement de vagues formes humaines, qu'il n'avait pas remarqu�� d'abord, emplissait le fond de la place. Alors il comprit. Il se souvint que la veille, on lui avait dit: Ne publiez pas cette lettre, sinon vous serez assassin��. Une seconde pierre, mieux ajust��e, brisa la vitre au-dessus de son front, et le couvrit d'��clats de verre, dont aucun ne le blessa. C'��tait un deuxi��me renseignement sur ce qui allait ��tre fait ou essay��. Il se pencha sur la place, le fourmillement d'ombres s'��tait rapproch�� et ��tait mass�� sous sa fen��tre; il dit d'une voix haute �� cette foule: _Vous ��tes des mis��rables!_
Et il referma la crois��e.
Alors des cris fr��n��tiques s'��lev��rent: _A mort! A la potence! A la lanterne! A mort le brigand!_
Il comprit que ?le brigand? c'��tait lui. Pensant que cette heure pouvait ��tre pour lui la derni��re, il regarda sa montre. Il ��tait minuit et demi.
Abr��geons. Il y eut un assaut furieux. On en verra le d��tail dans ce livre. Qu'on se figure cette douce maison endormie, et ce r��veil ��pouvant��. Les femmes se lev��rent en sursaut, les enfants eurent peur, les pierres pleuvaient, le fracas des vitres et des glaces bris��es ��tait inexprimable. On entendait ce cri: _A mort! A mort!_ Cet assaut eut trois reprises et dura sept quarts d'heure, de minuit et demi �� deux heures un quart. Plus de cinq cents pierres furent lanc��es dans la chambre; une gr��le de cailloux s'abattit sur le lit, point de mire de cette lapidation. La grande fen��tre fut d��fonc��e; les barreaux du soupirail du couloir d'entr��e furent tordus; quant �� la chambre, murs, plafond, parquet, meubles, cristaux, porcelaines, rideaux arrach��s par les pierres, qu'on se repr��sente un lieu mitraill��. L'escalade fut tent��e trois fois, et l'on entendit des voix crier: Une ��chelle! L'effraction fut essay��e, mais ne put disloquer la doublure de fer des volets du rez-de-chauss��e. On s'effor?a de crocheter la porte; il y eut un gros verrou qui r��sista. L'un des enfants, la petite fille, ��tait malade; elle pleurait, l'a?eul l'avait prise dans ses bras; une pierre lanc��e �� l'a?eul passa pr��s de la t��te de l'enfant. Les femmes ��taient en pri��re; la jeune m��re, vaillante, mont��e sur le vitrage d'une serre, appelait au secours; mais autour de la maison en danger la surdit�� ��tait profonde, surdit�� de terreur, de complicit�� peut-��tre. Les femmes avaient fini par remettre dans leurs berceaux les deux enfants effray��s, et l'a?eul, assis pr��s d'eux, tenait leurs mains dans ses deux mains; l'a?n��, le petit gar?on, qui se souvenait du si��ge de Paris, disait �� demi-voix, en ��coutant le tumulte sauvage de l'attaque: _C'est des prussiens_. Pendant deux heures les cris de mort all��rent grossissant, une foule effr��n��e s'amassait dans la place. Enfin il n'y eut plus qu'une seule clameur: _Enfon?ons la porte_!
Peu apr��s que ce cri fut pouss��, dans une rue voisine, deux hommes portant une longue poutre, propre �� battre les portes des maisons assi��g��es, se
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