A se tordre | Page 8

Alphonse Allais
trouvait alors ��tre M. Rivaud, actuellement pr��fet du Rh?ne, prit des mesures frisant la sauvagerie.
Andouilly est sauv��, mais combien faudra-t-il de temps pour que cette petite cit��, jadis si florissante, retrouve sa situation prosp��re et sa riante qui��tude?
CRUELLE ��NIGME
Chaque soir, quand j��ai manqu�� le dernier train pour Maisons- Laffitte (et Dieu sait si cette aventure m��arrive plus souvent qu���� mon tour), je vais dormir en un pied-��-terre que j��ai �� Paris.
C��est un logis humble, paisible, honn��te, comme le logis du petit gar?on auquel Napol��on III, alors simple pr��sident de la R��publique, avait log�� trois balles dans la t��te pour monter sur le tr?ne.
Seulement, il n��y a pas de rameau b��nit sur un portrait, et pas de vieille grand-m��re qui pleure.
Heureusement!
Mon pied-��-terre, j��aime mieux vous le dire tout de suite, est une simple chambre portant le num��ro 80 et sise en l��h?tel des Trois H��misph��res, rue des Victimes.
Tr��s propre et parfaitement tenu, cet ��tablissement se recommande aux personnes seules, aux familles de passage �� Paris, ou �� celles qui, y r��sidant, sont d��nu��es de meubles.
Sous un aspect grognon et r��barbatif, le patron, M. St��phany, cache un coeur d��or. La patronne est la plus accorte h?teli��re du royaume et la plus joyeuse.
Et puis, il y a souvent, dans le bureau, une dame qui s��appelle Marie et qui est tr��s gentille. (Elle a ��t�� un peu souffrante ces jours-ci, mais elle va tout �� fait mieux maintenant, je vous remercie.)
L��h?tel des Trois H��misph��res a cela de bon qu��il est international, cosmopolite et m��me polyglotte.
C��est depuis que j��y habite que je commence �� croire �� la g��ographie, car jusqu���� pr��sent -- dois-je l��avouer? -- la g��ographie m��avait paru de la belle blague.
En cette hostellerie, les nations les plus chim��riques semblent prendre �� tache de se donner rendez-vous.
Et c��est, par les corridors, une confusion de jargons dont la tour de l��ing��nieur Babel, pourtant si pittoresque, ne donnait qu��une faible id��e.
Le mois dernier, un clown n�� natif des ?les F��ro�� rencontra, dans l��escalier, une jeune Arm��nienne d��une grande beaut��.
Elle mettait tant de grace �� porter ses quatre sous de lait dans la bo?te de fer-blanc, que l��insulaire en devint ��perdument amoureux.
Pour avoir le consentement, on t��l��graphia au p��re de la jeune fille, qui voyageait en Thuringe, et �� la m��re, qui ne restait pas loin du royaume de Siam.
Heureusement que le fianc�� n��avait jamais connu ses parents, car on se demande o�� l��on aurait ��t�� les chercher, ceux-l��.
Le mariage s��accomplit derni��rement �� la mairie du XVIIIe. M. Bin, qui ��tait �� cette ��poque le maire et le p��re de son arrondissement, profita de la circonstance pour envoyer une petite allocution sur l��union des peuples, d��clarant qu��il ��tait r��solument d��cid�� �� garder une attitude pacifique aussi bien avec les Batignolles qu��avec la Chapelle et M��nilmontant.
J��ai dit plus haut que ma chambre porte le num��ro 80. Elle est donc voisine du 81.
Depuis quelques jours, le 81 ��tait vacant.
Un soir, en rentrant, je constatai que, de nouveau, j��avais un voisin, ou plut?t une voisine.
Ma voisine ��tait-elle jolie? Je l��ignorais, mais ce que je pouvais affirmer, c��est qu��elle chantait adorablement. (Les cloisons de l��h?tel sont compos��es, je crois, de simple pelure d��oignon.)
Elle devait ��tre jeune, car le timbre de sa voix ��tait d��une fra?cheur d��licieuse, avec quelque chose, dans les notes graves, d����trange et de profond��ment troublant.
Ce qu��elle chantait, c����tait une simple et vieille m��lodie am��ricaine, comme il en est de si exquises.
Bient?t la chanson prit fin et une voix d��homme se fit entendre.
-- Bravo! Miss Ellen, vous chantez �� ravir, et vous m��avez caus�� le plus vif plaisir�� Et vous, ma?tre Sem, n��allez-vous pas nous dire une chanson de votre pays?
Une grosse voix enrou��e r��pondit en patois n��gro-am��ricain:
-- Si ?a peut vous faire plaisir, monsieur George.
Et le vieux n��gre (car, ��videmment, c����tait un vieux n��gre) entonna une burlesque chanson dont il accompagnait le refrain en dansant la gigue, �� la grande joie d��une petite fille qui jetait de per?ants ��clats de rire.
-- �� votre tour, Doddy, fit l��homme, dites-nous une de ces belles fables que vous dites si bien.
Et la petite Doddy r��cita une belle fable sur un rythme si pr��cipit��, que je ne pus en saisir que de vagues bribes.
-- C��est tr��s joli, reprit l��homme; comme vous avez ��t�� bien gentille, je vais vous jouer un petit air de guitare, apr��s quoi nous ferons tous un beau dodo.
L��homme me charma avec sa guitare.
�� mon gr��, il s��arr��ta trop t?t, et la chambre voisine tomba dans le silence le plus absolu.
-- Comment, me disais-je, stup��fait, ils vont passer la nuit tous les quatre dans cette petite chambre?
Et je cherchais �� me figurer leur installation.
Miss Ellen couche avec George.
On a improvis�� un lit �� la petite Doddy, et Sem s��est ��tendu sur le parquet. (Les vieux n��gres en ont vu bien d��autres!)
Ellen! quelle jolie voix, tout de m��me!
Et je m��endormis,
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