rus��e a-t-elle tat�� le terrain, puis s��est-elle montr��e telle qu��elle est r��ellement d��s qu��elle a saisi mes go?ts. J��ai d��abord essay�� de la mater, croyant la shlague un moyen infaillible pour dompter les enfants, mais cela n��a pas r��ussi; la petite est trop r��solue pour qu��on la prenne ainsi.
�� Enfin que vas-tu en faire?
�� Voil��; pour l��instant je ne m��attends pas �� ce qu��elle me donne beaucoup de satisfaction; mais plus tard, quand je l��aurai fa?onn��e d��apr��s mes principes, que j��en aurai fait un petit philosophe en jupons, bref, quand elle sera femme et non plus fillette, ce me sera une compagnie agr��able; elle me distraira. Je ne me suis pas mari��, trouvant plus commode la vie de gar?on et parce que je ne me sentais pas de go?t pour les obligations que comporte l����tat de p��re de famille; mais j��avoue que, �� pr��sent que je commence �� sentir le poids de l��age et des rhumatismes, la soci��t�� et les soins d��une jeune fille me seront chose pr��cieuse.
�� N��as-tu pas pens��, Simi��s, que cette petite pourrait te causer quelque ennui, ��lev��e comme elle l��a ��t�� par des parents cl��ricaux, imbus des principes les plus absurdes?
Simi��s fit entendre un ricanement aigu en allumant un cigare.
�� Tu me crois donc bien sot, F��lix? J��ai d��j�� travaill�� �� les faire oublier �� Gilberte, ces principes; et c��est bien facile, elle n��a pas dix ans. Va, elle ne sera pas depuis six mois sous ma direction qu��elle se montrera une petite voltairienne accomplie, fie-toi �� moi.
�� Je ne doute nullement de ton habilet��, r��pondit M. F��lix qui se leva pour prendre cong�� de son ami.
Demeur�� seul, Simi��s r��va quelques minutes en regardant s����lever dans l��air la fum��e bleue de son londr��s, puis Mme Dutel vint le trouver, ayant �� lui demander quelques ordres relatifs au d?ner du soir.
�� A propos, Monsieur, ajouta-t-elle sur le point de s����loigner et revenant sur ses pas, pour quel jour faut-il pr��parer le trousseau de Mlle Gilberte?
�� Le trousseau de Mlle Gilberte? r��p��ta Simi��s ��tonn��. Pourquoi faire, le pr��parer?
�� Et pour la pension donc? Monsieur oublie qu��elle y entre le mois prochain.
�� Ah! c��est vrai, ma bonne Dutel, j��ai n��glig�� de vous pr��venir que j��ai chang�� d��id��e.
�� L��enfant va rester ici?
�� Oui, r��pliqua la vieillard un peu embarrass��, le m��decin la trouve d��licate et...
�� C��est-��-dire que Monsieur la trouve amusante �� pr��sent qu��elle a le diable au corps. Moi je ne suis pas de cet avis; est-ce que ce matin je n��ai pas rencontr�� N��ro coiff�� de mon plus beau bonnet; Monsieur pense-t-il que c��est agr��able des choses comme ?a?
��Elle a fait cela?... Ah! j��aurais voulu voir N��ro ainsi accoutr��! s����cria Simi��s en se tordant de rire; ah! ah! ah! la gamine a des inspirations aussi originales?
�� D��abord, continua Mme Dutel tr��s piqu��e, je ne suis pas entr��e dans la maison de Monsieur pour y ��tre bonne d��enfant, et...
�� Qu���� cela ne tienne, sortez-en, ma bonne Dutel, sortez-en. Je n��aurai plus besoin de vous, d��ailleurs, car je vais donner une institutrice �� ma ni��ce.
�� Alors Monsieur me renvoie? demanda la femme de charge qui ��touffait de col��re �� l��id��e de perdre une si belle place.
�� Nullement; mais vous paraissez si afflig��e de ce que je garde chez moi l��enfant de mon neveu...
�� Moi afflig��e? Dieu garde! Monsieur me conna?t bien peu: j��adore les petites filles.
�� Alors tout est pour le mieux; soignez Gilberte et montrez- vous complaisante avec elle: vous n��aurez pas lieu de vous en repentir.
Rassur��e, Mme Dutel quitta la chambre et murmura en s����loignant:
"Tu mets ?a sur le compte de la sant�� de la gamine, vieille cervelle d��traqu��e, mais tu trouves �� pr��sent du plaisir �� voir jouer l��enfant; ?a va aller comme ?a jusqu'�� la fin de l����t��; puis si, pass�� cette ��poque, elle te g��ne ou te lasse, tu sauras bien la coffrer sous un pr��texte quelconque. Qui vivra verra."
Puis elle annon?a �� Gilberte la d��cision de son oncle; la fillette ne manifesta aucun ��tonnement.
�� Je le savais, r��pondit-elle tranquillement; j��ai dit �� mon oncle qu��il me d��plairait de vivre au pensionnat.
�� Voil�� qu��elle le m��ne d��j�� par le bout du nez!... s����cria Mme Dutel en levant ses grands bras au ciel. Qu��est-ce que ?a sera alors dans un an ou deux?
VI
Ainsi fut modifi��e l��existence de Gilberte Mauduit: l��enfant douce, pieuse et soumise devint une petite fille indompt��e, incroyante et capricieuse. Mais Simi��s l��aimait ainsi.
Elle avait en germe dans sa petite ame beaucoup de qualit��s exquises: il les ��touffa; elle avait aussi beaucoup de d��fauts, non grossiers ni vulgaires, mais dangereux pour cette jeune nature; Simi��s les d��veloppa.
Il avait, nous le savons, un syst��me �� lui pour l����ducation des jeunes filles.
"C��est un vautour couvant une aiglonne", disaient ses amis amus��s de voir le vieux Simi��s transform�� en p��re de famille.
Ce vautour devait arriver promptement ��
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