Une Pupille Genante | Page 2

Roger Dombre
lit qui n��en pouvait mais et froissait dans ses doigts une lettre lac��r��e. Son visage, ordinairement rose et empreint d��une expression railleuse, ��tait devenu jaune, marbr�� de taches fonc��es; ses yeux verdatres flamboyaient; ses cheveux gris se h��rissaient de col��re sur le crane l��g��rement d��pouill�� au sommet du front.
Simi��s n����tait pas beau �� voir ainsi, lui qui passait en g��n��ral pour un homme encore agr��able �� regarder en d��pit de son age m?r.
En apercevant son valet de chambre, il l��apostropha rudement:
�� Allons, maraud, t��te de buse, animal, on ne veut donc pas que je d��jeune ce matin?
�� Monsieur avait recommand�� que son choc...
�� Butor! vas-tu raisonner? apporte-moi ?a et plus vite.
Tout tremblant, Lazare ob��it.
Lorsque Simi��s eut aval�� une gorg��e du liquide fumant, il s����cria avec un redoublement de fureur:
�� Triple brute, �� pr��sent tu veux m����bouillanter! Ne pouvais-tu m��avertir que le chocolat sortait du feu? Assassin, va! J��ai la peau de la langue enlev��e; vous l��avez fait expr��s; vous voulez ma mort, vous autres idiots. Tiens!
Et, d��un geste violent, Simi��s envoya rouler la tasse et son contenu sur le tapis, entre les jambes de l��infortun�� Lazare qui se mit �� hurler de douleur.
Cela fit rire Simi��s et Lazare se calma; au fond il savait que les boutades de ce ma?tre exigeant ne duraient pas et qu��il fallait les supporter; il y avait tant de petits profits �� ramasser dans cette maison de c��libataire riche! c��e?t ��t�� folie de la quitter.
�� Tu vas nettoyer le tapis, reprit M. Simi��s en indiquant la tache noiratre ��tal��e sur la moquette rouge.
�� Monsieur me permettra au moins de changer de pantalon? r��pondit piteusement Lazare.
�� Va! mais fais vite. Il s��imagine que sa peau est br?l��e peut-��tre! ces gens sont si douillets! grommela Simi��s en s��allongeant dans son lit avec b��atitude.
�� Qu��est-ce que Monsieur va prendre �� la place de son chocolat? demanda Lazare pr��t �� sortir.
�� Du th�� et qu��on ne me fasse pas attendre.
Dix minutes apr��s, Lazare rentrait, la th��i��re sur le plateau, une ��ponge dans l��autre main pour r��parer les m��faits de son ma?tre.
Tout en d��jeunant Simi��s suivait machinalement de l��?il les ��volutions du domestique; puis, soudain, posant la moiti�� d��une r?tie sur le bord de la soucoupe:
�� Dis donc, Lazare, sais-tu la tuile qui me tombe dessus?
�� Non, Monsieur, r��pondit Lazare sans relever la t��te.
�� Eh bien!... mais ��coute donc, imb��cile, ton tapis est assez lav��.
Le pauvre gar?on se dressa sur les genoux et demeura bouche b��ante, l����ponge en suspens.
�� Il m��arrive, reprit Simi��s, que mon neveu des Antilles, M. L��o, tu sais, est mort.
�� Ah!... et Monsieur va h��riter sans doute? fit Lazare dont les grosses l��vres s����largirent dans un vaste sourire.
�� Idiot! ce ne serait pas une tuile. Ma ni��ce sa femme et sa fille revenaient en France �� pleines voiles avec moins d��argent dans leur cassette qu��il n��y en a au fond de cette tasse lorsque la premi��re mourut au moment de toucher terre.
�� A?e! et la demoiselle alors?
�� Voil��: l��enfant est �� ma charge �� pr��sent, c��est ?a qui est amusant!
�� Elle n��a donc pas de parents plus proches que Monsieur?
�� Non, quelques cousins ��loign��s �� je ne sais combien de degr��s. Je suis son tuteur et son unique soutien, ainsi que le dit en termes pompeux le notaire qui m����crit.
Dans sa stup��faction Lazare laissa tomber son torchon et son ��ponge.
�� Alors voil�� Monsieur p��re de famille?
�� Parbleu! et c��est ce qui m��enrage.
�� Je savais bien que ce n����tait pas le chocolat, pensa Lazare. Et, reprit-il tout haut, il va y avoir ici une jeune demoiselle? c��est ?a qui va ��tre dr?le!
Et Lazare se tint les c?tes pour mieux rire.
�� Butor, ne ris donc pas ainsi, tu m��agaces les nerfs. Ainsi tu trouves cette id��e amusante?
�� Dame!
�� Mais ce n��est qu��une enfant, une mioche, une galopine enfin de neuf �� dix ans, qui va ��tre capricieuse, assommante, pleurnicheuse, tu comprends que je l��envoie �� tous les diables; voil�� ma bonne petite vie tranquille tout �� fait boulevers��e.
Et Simi��s fit mine de s��arracher quelques cheveux gris, ce qui, vu la position qu��il gardait dans son lit, lui donnait l��air passablement grotesque.
Lazare se leva sur ses longues jambes, et, le visage soudain illumin�� par une pens��e riante:
�� Monsieur oublie que les petites filles, ?a se met au couvent.
�� Au couvent? brute que tu es! ma ni��ce chez des nonnes?
�� La langue m��a fourch��, Monsieur, je voulais dire �� la pension. Y a des ��tablissements la?ques...
�� Parbleu! je n��y songeais plus! Certainement qu��il y en a, Paris en regorge, et des lyc��es aussi pour les fillettes! O�� avais-je donc la t��te? s����cria Simi��s en se remettant sur son s��ant. Tiens, Lazare, tu es un brave gar?on de me l��avoir rappel��, tu auras vingt francs pour remplacer le pantalon qui a re?u le chocolat. Au fait, des pensions la?ques ?a ne
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