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Une Intrigante sous le règne de Frontenac, by
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Title: Une Intrigante sous le règne de Frontenac
Author: J.-B. Caouette
Release Date: January 25, 2007 [EBook #20440]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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Produced by Rénald Lévesque
J.-B. Caouette
Une Intrigante Sous le règne de Frontenac
(Nouvelle)
[Illustration: Armes de Frontenac]
Québec
1921
**** ==================================================================== Respectueusement dédié à M. l'abbé Lionel Groulx, Membre de la Société Royale du Canada.
==================================================================== ****
Monsieur J.-B. CAOUETTE, Conservateur des archives judiciaires, Québec,
Cher monsieur,
Je vous renvoie votre manuscrit. Peut-être l'ai-je gardé un peu longtemps. Il m'est arrivé au moment de mon départ pour l'Europe. Je l'ai lu avec beaucoup d'intérêt.
Vous avez trouvé là un thème où la Nouvelle s'est muée en véritable roman. C'est assurément une noble entreprise que de remettre ainsi devant le public quelques figures de notre histoire malheureusement trop effacées.
J'accepte volontiers la dédicace de votre livre, si vous croyez que cela puisse vous être utile.
Veuillez agréer, avec mes félicitations, l'expression de mes meilleurs sentiments.
LIONEL GROULX, Ptre.
[Illustration: Monument de Frontenac]
[Illustration: Front.]
UNE INTRIGANTE SOUS LE RèGNE DE FRONTENAC
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Nous sommes à la fin d'ao?t 1690. C'est le matin. Une brise légère caresse le feuillage où la rosée brille encore sous les rayons du soleil. Toutes les voix de la nature semblent s'unir pour célébrer à l'unisson la puissance et la bonté du Créateur.
Le Chateau Saint-Louis, posté comme une sentinelle sur le rocher de Québec, offre au regards de ceux qui l'habitent le plus gracieux panorama que l'on puisse voir.
Debout, près d'une fenêtre ouverte de son palais, le gouverneur Frontenac, le front soucieux, voit à cette heure d'un oeil indifférent le spectacle grandiose que chaque matin il se pla?t à contempler. Puis, comme attiré par une force occulte, il s'approche d'une nouvelle et magnifique gerbe de roses qu'une main inconnue place sur son pupitre, depuis quelques jours.
Après avoir un instant rêvé devant ces fleurs, il se met à arpenter son cabinet de travail en relisant une lettre, très injurieuse pour lui, qu'une ame vile avait adressée de Québec à la comtesse de Frontenac, à Paris, et que celle-ci à fait parvenir au comte avec cette note brève:
?Connaissant la noblesse de votre caractère et votre loyauté à mon égard, je tiens à vous dire que j'ai pour l'auteur de la lettre ci-jointe le plus profond mépris.
?Croyez à l'affection inaltérable de votre toute dévouée.?
ANNE DE LA GRANGE.
Co?ncidence étrange, Frontenac avait re?u, la semaine précédente, une autre lettre, non signée, dans laquelle son épouse était représentée comme une mondaine vulgaire et indigne de porter le nom du gouverneur de la Nouvelle-France.
Dans un mouvement de promptitude, Frontenac avait jeté cette lettre au feu. Il se reproche maintenant de ne l'avoir pas envoyée à la comtesse.
Cette gerbe mystérieuse, qui se rattache dans son esprit aux deux lettres infamantes, lui appara?t comme le corollaire d'une intrigue dont il veut pénétrer les secrets. Il appelle son fidèle valet, Duchouquet, et lui demande:
--Est-ce vous qui avez déposé ces fleurs sur mon pupitre?
--Non, Excellence.
--Savez-vous d'où et de qui elles viennent?
--Non plus, Excellence.
--Eh bien, tachez de le savoir, mais apportez beaucoup de discrétion dans vos recherches.
--Je vous le promets, Excellence! Et Duchouquet se retira en saluant profondément.
Frontenac dissipe bient?t ce nuage en se remettant au travail.
Deux certitudes le réconfortent: celle que sa femme lui garde toute son affection, et celle de posséder la confiance de Son Souverain. Il peut ainsi se rendre le témoignage d'avoir rempli consciencieusement les devoirs de sa haute charge; il en trouve la preuve dans l'empressement que le peuple et les militaires mettent à soutenir ses mesures et à obéir à ses ordres.
Deux jours plus tard, Duchouquet vint rendre compte à son ma?tre du résultat de ses démarches.
--Eh bien! fit Frontenac, quelle Nouvelle?
--Ces fleurs, répondit Duchouquet, sont envoyées à votre Excellence par madame DeBoismorel.
Je m'en doutais, pensa le gouverneur. Néanmoins il demanda:
--En êtes-vous bien certain?
--Absolument certain, Excellence.
--C'est bien; merci!
Cette dame DeBoismorel, agée à peine de 26 ans, veuve d'un officier fran?ais, mort, l'année précédente, en Acadie, au service du roi, était une des plus jolies femmes de la Nouvelle-France. Mais ses grands yeux noirs, ou brillait souvent une lueur étrange, exprimaient la méchanceté et l'ambition effrénée de son coeur.
Du fait que la comtesse de Frontenac n'avait pas suivi son mari au Canada, elle déduisait que les deux époux se détestaient mutuellement. Elle espérait, par ses dénonciations calomnieuses, provoquer entre eux rien de moins que le divorce et ensuite devenir l'épouse de l'illustre gouverneur.[1]
[Note 1: Elle se trompait en croyant que Frontenac pourrait obtenir légalement le divorce, car cette loi maudite ne fut adoptée en France qu'en 1792, après la révolution.]
Elle
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