Séance De L'académie Fran?aise Du 2 Mai 1901?by Pierre Berthelot and Jules Lema?tre
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Title: Séance De L'académie Fran?aise Du 2 Mai 1901 Discours De Réception De M. Berthelot; Réponse De M. Jules Lema?tre
Author: Pierre Berthelot and Jules Lema?tre
Release Date: December 31, 2004 [EBook #14541]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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SéANCE DE L'ACADéMIE FRAN?AISE DU 2 MAI 1901
DISCOURS DE RéCEPTION DE M. BERTHELOT
RéPONSE DE M. JULES LEMA?TRE
PARIS, ANCIENNE LIBRAIRIE LECèNE, OUDIN ET Cie SOCIéTé FRAN?AISE D'IMPRIMERIE ET DE LIBRAIRIE 15, RUE DE CLUNY.
1901
PARIS, IMPRIMERIE DE J. DUMOULIN 5, rue des Grands-Augustins.
* * * * *
DISCOURS DE RéCEPTION
DE
M. BERTHELOT
MESSIEURS,
Depuis la fondation de cette illustre Compagnie, qui comptera bient?t trois siècles d'existence, c'est un usage et un devoir pour le nouveau venu de saluer en entrant ses confrères et de rappeler le souvenir du fondateur de notre institution. Peut-être la dernière coutume commence-t-elle à être moins suivie et regardée comme un peu surannée: Richelieu a été loué dans cette enceinte par les poètes et les prosateurs les plus célèbres, sous tant de formes délicates ou profondes, que les quelques grains d'encens jetés par un chimiste dans cet océan d'éloges doivent lui être assez indifférents: à supposer qu'ils lui parviennent, au sein du repos et du silence éternels qui règnent en dehors de nos régions vivantes et agitées, assujetties à la mobilité incessante du temps et de l'espace!
Mais ce serait montrer envers vous une noire ingratitude que de ne pas témoigner toute ma reconnaissance aux confrères présents aujourd'hui dans cette enceinte; comme aussi, permettez-moi d'ajouter, à la mémoire de tant d'amis que j'y ai comptés et qui ne sont plus. J'ose espérer que leur opinion bien connue n'a pas été sans quelque influence sur votre choix. Parmi ces patrons honorés entre tous de mon élection, je rappellerai seulement Claude Bernard, Taine, Leconte de Lisle, Alexandre Dumas, Victor Hugo, et surtout mon ami Joseph Bertrand, dont je tiens désormais doublement la place; pourrais-je oublier enfin le compagnon le plus cher de ma vie, Ernest Renan? J'ai vécu avec ceux-ci dans la plus étroite intimité, pendant près d'un demi-siècle; je me suis assis pendant de longues années auprès d'eux, dans nos carrières communes et surtout dans notre grande confrérie de l'Institut, chacun au sein de son Académie particulière: ma joie et la leur auraient été doublées s'ils avaient pu me voir aujourd'hui à leurs c?tés dans cette Académie fran?aise, qui forme comme une seconde consécration plus générale de notre réputation de spécialistes. Les Divinités jalouses qui règlent la destinée humaine en ont décidé autrement! Je n'ai pu bercer mes amis dans leur dernier sommeil par la cantilène suprême qui consacre la mémoire de ceux qui ne sont plus!
Sans doute, je le sais, ce n'est pas en raison de leurs amitiés que vous choisissez vos confrères; il est dans les traditions de l'Académie d'appeler dans son sein quelques artistes, quelques historiens, quelques adeptes dans l'ordre des sciences exactes et dans l'ordre des sciences naturelles. D'Alembert a été autrefois l'expression la plus complète de cet alliance entre les divers groupes qui forment aujourd'hui notre Institut. Au siècle dernier, il était l'un des premiers, à la fois dans l'ordre triple des sciences, de la philosophie et de la littérature, et vos prédécesseurs l'avaient constaté en le choisissant pour secrétaire perpétuel. Parmi nos contemporains, Cl. Bernard, Dumas, Pasteur, Joseph Bertrand, librement élus des deux c?tés, ont cumulé les titres de nos Académies. J'ajouterai pour les trois premiers, comme pour moi-même, le titre de l'Académie de médecine: les services qu'elle rend à l'humanité ne doivent pas être tenus en oubli. Sans prétendre me comparer à ces grands hommes, je demande la permission d'invoquer leurs précédents. Joseph Bertrand en particulier attachait à son titre de l'Académie fran?aise une importance extrême: je n'oserais dire exagérée, craignant de manquer de modestie; je veux dire, d'oublier qu'il convient à chacun de nous de ramener à l'humble mesure de sa personnalité les distinctions et les dignités dont il peut être honoré. En tout cas, votre aimable accueil, et, j'ajouterai le témoignage de sympathie des gens de mérite qui auraient pu prétendre à vos suffrages et qui se sont effacés, non sans doute devant ma personne, mais devant la science dont vous témoignez le désir d'accueillir un nouveau représentant; toutes ces circonstances ont simplifié
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