sociale de celui qui est n�� sans h��ritage... Tout homme qui poss��de un champ ou un sac est son ma?tre, son seigneur et son protecteur. Pourquoi le sentiment du bien et du juste s'est-il ��tabli dans mon coeur? Mon coeur s'est gonfl�� dans mesure; des torrents de haine en ont coul��, et se sont fait jour comme une lave. Les m��chants ont eu peur; ils ont cri��, ils se sont tous lev��s contre moi. Comment voulez- vous que je r��siste �� tous, moi seul, moi qui ne suis rien, moi qui n'ai rien au monde qu'une pauvre plume, et qui manque d'encre quelquefois?"
Le bon archev��que n'y tint plus. Il y avait un quart d'heure qu'il tremblait et ��tendait les bras vers celui qu'il nommait d��j�� son enfant; il se leva pesamment de son fauteuil et vint pour l'embrasser. Moi, qui tenais mes doigts sur ses yeux avec une constance in��branlable, je fus pourtant forc�� de les ?ter, parce que je sentais quelque chose qui les repoussait, comme si les paupi��res se fussent gonfl��es. A l'instant o�� je cessai de les presser, des pleurs abondants se firent jour entre mes doigts et inond��rent ses joues pales. Des sanglots faisaient bondir son coeur, les veines du cou ��taient grosses et bleues, et il sortait de sa poitrine de petites plaintes comme celles d'un enfant dans les bras de sa m��re.
"Peste! monseigneur, laissez-le, dis-je �� M. de Beaumont: cela va mal. Le voil�� qui rougit bien vite, et puis il est tout blanc, et le pouls s'en va... Il est ��vanoui... Bien! le voil�� sans connaissance ... Bonsoir..."
Le bon pr��lat se d��solait et me g��nait beaucoup en voulant toujours m'aider. J'employai tous mes petits moyens pour faire revenir le malade; et cela commen?ait �� r��ussir, lorsqu'on vint pour me dire qu'une chaise de poste de Versailles m'attendait de la part du Roi. J'��crivis ce qui restait �� faire, et je sortis.
"Parbleu! dis-je, je parlerai de ce jeune homme-l��.
--Vous nous rendrez bien heureux, mon cher Docteur, car notre caisse d'aum?nes est toute vide. Partez vite, dit M. de Beaumont, je garde ici mon pauvre enfant trouv��."
Et je vis qu'il lui donnait sa b��n��diction en tremblotant et en pleurant.
Je me jetai dans la chaise de poste.
CHAPITRE IX
SUITE DE L'HISTOIRE DE LA PUCE ENRAG��E
Lorsque je partis pour Versailles, la nuit ��tait close. J'allais ce qu'on appelle le train du Roi, c'est-��-dire le postillon au galop et le cheval de brancard au grand trot. En deux heures je fus �� Trianon. Les avenues ��taient ��clair��es, et une foule de voitures s'y croisaient. Je crus que je trouverais toute la Cour dans les petits appartements; mais c'��taient des gens qui ��taient all��s s'y casser le nez et s'en revenaient �� Paris. Il n'y avait foule qu'en plein air, et je ne trouvai dans la chambre du Roi que mademoiselle de Coulanges.
"Eh! le voil�� donc enfin!" dit-elle en me donnant la main �� baiser. Le Roi, qui ��tait le meilleur homme du monde, se promenait dans la chambre en prenant le caf�� dans une petite tasse de porcelaine bleue.
Il se mit �� rire de bon coeur en me voyant.
"J��sus-Dieu! Docteur, me dit-il, nous n'avons plus besoin de vous. L'alarme a ��t�� chaude, mais le danger est pass��. Madame, que voici, en a ��t�� quitte pour la peur.--Vous savez notre petite manie, ajouta-t-il en s'appuyant sur mon ��paule et me parlant �� l'oreille tout haut, nous avons peur de la rage, nous la voyons partout! Ah! parbleu! il ferait bon voir un chien dans la maison! Je ne sais s'il me sera permis de chasser dor��navant.
--Enfin, dis-je en m'approchant du feu qu'il y avait malgr�� l'��t�� (bonne coutume �� la campagne, soit dit entre parenth��ses), enfin, dis-je, �� quoi puis-je ��tre bon au Roi?
--Madame pr��tend, dit-il en se balan?ant d'un talon rouge sur l'autre, qu'il y a des animaux, ma foi, pas plus gros que ?a, et il donnait une chiquenaude �� un grain de tabac attach�� aux dentelles de ses manchettes, qu'il y a des animaux qui... Allons, madame, dites-le vous-m��me."
Mademoiselle de Coulanges s'��tait blottie comme une chatte sur son sofa, et cachait son front sous l'un de ces petits rabats de soie que l'on posait alors sur le dossier des meubles pour les pr��server de la poudre des cheveux. Elle regardait �� la d��rob��e comme un enfant qui a vol�� une drag��e et qui est bien aise qu'on le sache. Elle ��tait jolie comme tous les Amours de Boucher et toutes les t��tes de Greuze?
"Ah! Sire, dit-elle tout doucement, vous parlez si bien!...
--Mais, madame, en v��rit��, je ne puis pas dire vos id��es en m��decine...
--Ah! Sire, vous parlez si bien de tout!
--Mais, Docteur, aidez-la donc �� se confesser! vous voyez bien qu'elle ne s'en tirera jamais."
A dire vrai, j'��tais assez embarrass�� moi-m��me, car je ne savais pas ce
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