chacun suivant ses forces; et intéresser les masses à des oeuvres utiles à tous?
Les sites continuent d'être charmants: ce superbe Chateau, qu'on aper?oit sur le littoral gauche, a le nom de son possesseur, M. de Marcellus. Là, le courant est si rapide, qu'on est obligé, de remorquer les bateaux avec des chevaux. Des ponts légers en fer, continuent de se multiplier, et se présentent comme des arcs-en-ciel, jetés d'une rive à l'autre.
Marmande nous démontre que, si les concurrences sont le tombeau des fortunes particulières, elles présentent entre autres, grand nombre d'avantages précieux de voyager à peu de frais. On s'arrête: nous quittons le bateau à vapeur; à l'h?tel, partout autour de nous, nous n'entendons qu'un patois désagréable. Nous sortons brusquement de la Tête-Noire, ne pouvant nous faire comprendre, pour aller à la Providence, où nous f?mes plus heureux. Restaurés par une nourriture succulente, nous nous rendons au bureau des messageries; sept chevaux sont attelés, avec une grande célérité, à notre diligence; nous allons aussi vite que la pensée, mais non sans danger de nous briser à tous moments. Les campagnes ne connaissent pas le repos, et ne se lassent pas de donner de riches moissons; aussi, l'infatigable planteur les cultive-t-il avec soin et beaucoup d'amendement. Partout les perspectives sont des plus pittoresques; on est seulement faché de voir presque sans cesse de très-beaux arbres mutilés pour ainsi dire jusqu'à la cime: la théorie de la sève, mal con?ue, est cause de ces horribles amputations; la pratique et la physiologie des arbres démontrent que les feuilles et, les branches contribuent par leurs pores, les trachées et leurs vaisseaux absorbants, autant que les racines, au développement et à la prospérité de l'arbre; que là où l'on fait la section d'une branche, là on provoque des éruptions de sève; il en résulte qu'un arbre mutilé ne prend plus d'accroissement, et se couvre de branches dans les parties qu'on voulait préserver de développement, au lieu de la consacrer toute entière à donner à la cime une grande ascension.
Nous ne nous arrêtons pas à Agen: jusqu'à Toulouse, le terroir est une plaine magnifique ornée de figuiers, plus belle que la Beauce, ayant, au nord, une ligne de riches montagnes, au sud et à l'ouest, la Garonne continuant de serpenter au milieu de la plus féconde culture; là le trèfle prend une dimension considérable, et est graissé avec la chaux; le tableau est encore animé par de nombreux troupeaux de moutons et de porcs noirs qui paissent dans la plaine; partout on voit des nuées de pigeons.
Nous descendons à Toulouse, près le canal du Midi; mais apprenant que nous nous étions mal adressés, nous nous transportames immédiatement à l'H?tel du Nord, chez Mme Clouet, qui traite fort bien les voyageurs et à bon marché.
De la Rochelle à Marmande, les femmes sont ornées du madras sur la tête; à Blaye, elles renchérissent, et portent une co?ffe sous le mouchoir qui flotte comme un étendard. De Marmande à Toulouse, elles reprennent les co?ffes à forme de béguin: celles qui approchent de la caducité, ont des chapeaux peu élégants. Arrivés le dimanche à Toulouse, nous avons joui du coup d'oeil le plus enchanteur et le plus magique: toute la population, même les militaires, étaient en promenade sur la place et dans la rue Lafayette; sur la place du Capitole, les maisons sont en briques variées de jolies silex: les rues, près de cet édifice, sont pavées de cailloux symétrisés et bariolés, tout cela est ravissant.
Nous avons visité le chateau d'Eau, dans lequel se trouve une machine simple et ingénieuse, qui donne de l'eau à toute la ville; elle a la force de cinquante chevaux, son bassin est à cent pieds de hauteur. De son sommet, on découvre, dans un beau temps, la cha?ne imposante des Pyrénées. La machine consiste dans un volant, à aile de moulin à eau, m? par un courant de la Garonne, très-ordinaire, puissance d'une pompe aspirante et foulante, qui fait monter l'eau à soixante-dix pieds; dans toutes les rues, des ruisseaux intarissables entra?nent les ordures. Pourquoi les départements de l'Ouest, dans le voisinage des fleuves, restent-ils en arrière, et ne se livrent-ils pas à une rapide imitation? Dans grand nombre de villes importantes, on ne conna?t pas même de fontaines publiques qu'on pourrait élever à peu de frais, et le système de pavage y est bien incomplet. Sur une couche de sable d'un ou deux pieds, on installe de petits pavés qui, se terminant en forme de pyramides, disparaissent dans le sable, et créent du vide. Si on pla?ait de belles pierres d'une toise carrée et de huit pouces d'épaisseur sur quelque chose de moins mobile que le sable, à la manière des trottoirs, on ferait un ouvrage durable pendant des siècles, bien plus commode et plus doux aux personnes, aux chevaux et aux voitures,
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