Souvenirs de la maison des morts

Fyodor Dostoyevsky
䍜Souvenirs de la maison des morts

The Project Gutenberg EBook of Souvenirs de la maison des morts
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Title: Souvenirs de la maison des morts
Author: Fedor Mikhailovitch Dosto?evski
Release Date: February 6, 2005 [EBook #14918]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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Fedor Dosto?evski
SOUVENIRS DE LA MAISON DES MORTS
(1880)

Table des matières
AVERTISSEMENT PREMIèRE PARTIE I--LA MAISON DES MORTS. II--PREMIèRES IMPRESSIONS. III--PREMIèRES IMPRESSIONS (Suite). IV--PREMIèRES IMPRESSIONS (Suite) V--LE PREMIER MOIS. VI--LE PREMIER MOIS (Suite). VII--NOUVELLES CONNAISSANCES.--PéTROF. VIII--LES HOMMES DéTERMINéS.--LOUKA. IX--ISA? FOMITCH.--LE BAIN.--LE RéCIT DE BAKLOUCHINE. X--LA FêTE DE NO?L. XI--LA REPRéSENTATION.
DEUXIèME PARTIE I--L'H?PITAL. II--L'H?PITAL. (Suite). III--L'H?PITAL (Suite). IV--LE MARI D'AKOULKA. (récit.) V--LA SAISON D'éTé. VI--LES ANIMAUX DE LA MAISON DE FORCE. VII--LE ?GRIEF?. VIII--MES CAMARADES. IX--L'éVASION. X--LA DéLIVRANCE.

AVERTISSEMENT
On vient enfin de traduire les Souvenirs de la maison des morts, par le romancier russe Dosto?evsky. De courtes indications seront peut-être utiles pour préciser l'origine et la signification de ce livre.
Le public fran?ais conna?t déjà Dosto?evsky par un de ses romans les plus caractéristiques, _le Crime et le chatiment_. Ceux qui ont lu cette oeuvre ont du prendre leur parti d'aimer ou de ha?r le singulier écrivain. On va nous donner des traductions de ses autres romans. Elles continueront de plaire à quelques curieux, aux esprits qui courent le monde en quête d'horizons nouveaux. Elles achèveront de scandaliser la raison commune, celle qu'on se procure dans les maisons de confections philosophiques; car ce temps est merveilleux pour tailler aux intelligences comme aux corps des vêtements uniformes, décents, à la portée de tous, un peu étriqués peut-être, mais qui évitent les tracas de la recherche et de l'invention. Ceux qui n'ont pas eu le courage d'aborder le monstre sont néanmoins renseignés sur sa fa?on de souffrir et de faire souffrir. On a beaucoup parlé de Dosto?evsky, depuis un an; un critique a expliqué en deux mots la supériorité du romancier russe.--?Il possède deux facultés qui sont rarement réunies chez nos écrivains: la faculté d'évoquer et celle d'analyser.?
Oui, avec cela tout le principal est dit. Prenez chez nous Victor Hugo et Sainte-Beuve comme les représentants extrêmes de ces deux qualités littéraires; derrière l'un ou l'autre, vous pourrez ranger, en deux familles intellectuelles, presque tous les ma?tres qui ont travaillé sur l'homme. Les premiers le projettent dans l'action, ils ont toute puissance pour rendre sensible le drame extérieur, mais ils ne savent pas nous faire voir les mobiles secrets qui ont décidé le choix de l'ame dans ce drame. Les seconds étudient ces mobiles avec une pénétration infinie, ils sont incapables de reconstruire pour le mouvement tragique l'organisme délicat qu'ils ont démonté. Il y aurait une exception à faire pour Balzac; quant à Flaubert, il faudrait entrer dans des distinctions et des réserves sacrilèges; gardons-les pour le jour où l'on mettra le dieu de Rouen au Panthéon. Toujours est-il que, dans le pays de Tourguénef, de Tolsto? et de Dosto?evsky, les deux qualités contradictoires se trouvent souvent réunies; cette alliance se paye, il est vrai, au prix de défauts que nous supportons malaisément: la lenteur et l'obscurité.
Mais ce n'est point des romans que je veux parler aujourd'hui. Les Souvenirs de la maison des morts n'empruntent rien à la fiction, sauf quelques précautions de mise en scène, nécessitées par des causes étrangères à l'art. Ce livre est un fragment d'autobiographie, mêlé d'observations sur un monde spécial, de descriptions et de récits très simples; c'est le journal du bagne, un album de croquis rassemblés dans les casemates de Sibérie. Avant de vous récrier sur l'éloge d'un galérien, écoutez comment Dosto?evsky fut précipité dans cette infame condition.
Il avait vingt-sept ans en 1848, il commen?ait à écrire avec quelque succès. Sa vie, pauvre et solitaire, allait par de mauvais chemins; misère, maladie, tout lui donnait sur le monde des vues noires; ses nerfs d'épileptique lui étaient déjà de cruels ennemis. Avec cela, un malheureux coeur plein de pitié, d'où est sorti le meilleur de son talent; cette sensibilité contenue, vite aigrie, qui se change en folles colères devant les aspects d'injustice de l'ordre social. Il regardait autour de lui, cherchant l'idéal, le progrès, les moyens de se dévouer; il voyait la triste Russie, bien froide, bien immobile, bien dure, tout ulcérée de maux anciens. Sur cette Russie, les idées généreuses du moment passaient et ramassaient à coup s?r de telles ames. Le jeune écrivain fut entra?né, avec beaucoup d'autres de sa génération littéraire, dans
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