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Souvenirs de Madame Louise-élisabeth?by Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun
The Project Gutenberg EBook of Souvenirs de Madame Louise-élisabeth
Vigée-Lebrun (3/3), by Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org
Title: Souvenirs de Madame Louise-élisabeth Vigée-Lebrun (3/3)
Author: Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun
Release Date: October 24, 2007 [EBook #23158]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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SOUVENIRS DE MADAME LOUISE-éLISABETH VIGéE-LEBRUN,
DE L'ACADéMIE ROYALE DE PARIS, DE ROUEN, DE SAINT-LUC DE ROME ET D'ARCADIE, DE PARME ET DE BOLOGNE, DE SAINT-PéTERSBOURG, DE BERLIN, DE GENèVE ET AVIGNON.
En écrivant mes Souvenirs, je me rappellerai le temps passé, qui doublera pour ainsi dire mon existence. J.-J. Rousseau.
TOME TROISIèME
PARIS, LIBRAIRIE DE H. FOURNIER, RUE DE SEINE, 14 BIS.
1835.
[Illustration.]
CHAPITRE PREMIER.
Paul Ier.--Son caractère.--Incendie à Pergola.--Frogères. M. d'Autichamp, Koutaisoff, madame Chevalier.
Paul était né le 1er octobre 1754, et monta sur le tr?ne le 12 octobre 1796. Ce que j'ai déjà raconté des funérailles de Catherine prouve assez que le nouvel empereur ne partageait point les regrets de la nation, et de plus, on sait qu'il décora du cordon de Saint-André Nicolas Zouboff, qui lui apporta la nouvelle de la mort de sa mère.
Paul avait beaucoup d'esprit, d'instruction et d'activité; mais la bizarrerie de son caractère allait jusqu'à la folie. Chez ce malheureux prince des mouvemens de bonté d'ame succédaient souvent à des mouvemens de férocité, et sa bienveillance ou sa colère, sa faveur ou son ressentiment n'étaient jamais que l'effet d'un caprice. Son premier soin, dès qu'il fut monté sur le tr?ne, fut d'exiler Platon Zouboff en Sibérie, en lui confisquant la plus grande partie de sa fortune. Fort peu de temps après, il le rappela, lui rendit tous ses biens, et toute la cour le vit un jour présenter cet ex-favori aux ambassadeurs de Géorgie avec la plus grande bienveillance, et le combler de bontés.
Un soir, je me trouvai à un bal qui se donnait à la cour. Tout le monde, à l'exception de l'empereur, était masqué, et les hommes et les femmes en dominos noirs. Il se fit un encombrement à une porte qui donnait d'un salon dans un autre; un jeune homme pressé de passer, coudoya fortement une femme, qui se mit à pousser des cris. Paul se retournant aussit?t vers un de ses aides-de-camp: ?Allez, dit-il, conduire ce monsieur à la forteresse, et vous reviendrez m'assurer qu'il y est bien enfermé.? L'aide-de-camp ne tarda pas à revenir dire qu'il avait exécuté cet ordre. ?Mais, ajouta-t-il, Votre Majesté saura que ce jeune homme a la vue excessivement basse: en voici la preuve;? et il montra les lunettes du prisonnier, qu'il avait apportées. Paul, après avoir essayé les lunettes, pour se convaincre de la vérité du fait, dit vivement: ?Courez vite le chercher, et menez-le chez ses parens; je ne me coucherai pas que vous ne soyez venu me dire qu'il est retourné chez lui.?
La plus légère infraction aux ordres de Paul était punie de l'exil en Sibérie, ou pour le moins de la prison, en sorte que, ne pouvant prévoir où vous conduirait la folie jointe à l'arbitraire, on vivait dans des transes perpétuelles. On en vint bient?t à ne plus oser recevoir du monde chez soi; si l'on recevait quelques amis, on avait grand soin de fermer les volets, et pour les jours de bal, il était convenu que l'on renverrait les voitures. Tout le monde était surveillé pour ses paroles et pour ses actions, au point que j'entendais dire qu'il n'existait pas une société qui n'e?t son espion. On s'abstenait le plus souvent de parler de l'empereur, mais je me souviens qu'un jour, étant arrivée dans un très petit comité, une dame qui ne me connaissait pas et qui venait de s'enhardir sur ce sujet, s'arrêta tout court en me voyant entrer. La comtesse Golowin fut obligée de lui dire, pour qu'elle continuat sa conversation: ?Vous pouvez parler sans crainte, c'est madame Lebrun.? Tout cela paraissait bien dur, après avoir vécu sous Catherine, qui laissait jouir chacun de la plus entière liberté, sans jamais, il est vrai, en prononcer le mot.
Il serait trop long de raconter sur combien de choses futiles Paul exer?ait sa tyrannie. Il avait ordonné, par exemple, que tout le monde saluat son chateau, même lorsqu'il en était absent. Il avait défendu de porter des chapeaux ronds, qu'il regardait comme un signé de jacobinisme. Des hommes de police avec leur canne faisaient sauter à terre tous ceux qu'ils rencontraient, au grand dépit des personnes que
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