charmantes rivi��res de France; c'est un torrent profond et rapide, mais silencieux et calme dans sa course, encaiss��, limpide, toujours couronn�� de verdure, et baisant le pied de ces monti ameni qu'e?t aim��s M��tastase.
Somme toute, le pays est pauvre; les gros propri��taires y m��nent plus joyeuse vie que dans les provinces plus fertiles, comme il arrive toujours. Nulle part la bonne ch��re ne compte des d��vots plus fervents. Mais le paysan ��conome, laborieux et frugal, habitu�� �� la rudesse de son sort, et d��daignant de l'adoucir par de folles d��penses, vit de chataignes et de sarrasin; il aime l'argent plus que le bien-��tre; la chicane est son ��l��ment, le commerce tant soit peu frauduleux est son art et son th��atre. Un marchand forain marchois est pour les provinces voisines un personnage aussi redoutable que n��cessaire; il a le talent incroyable de tromper toujours et de ne jamais perdre son cr��dit. J'en ai connu plus d'un qui aurait donn�� des le?ons de diplomatie au prince de Talleyrand. Le cultivateur du Berry est destin��, de p��re en fils, �� ��tre sa proie, �� le maudire, �� l'enrichir et �� le donner au diable, qui le lui renvoie chaque ann��e plus rus��, plus prodigue de belles paroles, plus irr��sistible et plus fripon.
Simon F��line ��tait une de ces natures sup��rieures par leur habilet�� et leur puissance, qui peuvent faire beaucoup de mal ou beaucoup de bien, suivant la direction qui leur est imprim��e. D��s le principe, son ��ducation ��teignit en lui l'instinct marchois de maquignonnage, et d��veloppa d'abord le sentiment religieux. A l'age de pubert��, l'��ducation philosophique vint m��ler la logique �� la pens��e, la r��flexion �� l'enthousiasme; puis, la passion sillonna son ame de ces grands ��clairs qui peu �� peu devaient la r��v��ler �� elle-m��me. Mais au milieu de ces ouragans elle conserva toujours un caract��re de mysticisme, et l'amour de la contemplation domina l'esprit d'examen. A c?t�� de sa soif d'avenir et de ses app��tits de puissance, Simon conservait dans la solitude un sentiment d'extase religieuse. Il s'y plongeait pour gu��rir les blessures qu'il avait re?ues dans un choc imaginaire avec la soci��t��; et parfois, au lieu du r?le actif qu'il avait entrevu, il se surprenait �� caresser je ne sais quel r��ve de perfection chr��tienne et philosophique, quasi militante, quasi monacale.
Il passait souvent, comme je l'ai d��j�� dit, des journ��es enti��res au fond des bois, sans ��puiser la vigueur de cette imagination qu'il n'osait montrer au logis. Le jour de sa rencontre avec mademoiselle Parquet, il fit une assez longue course pour n'��tre de retour que vers le soir. Avant de regagner sa chaumi��re, Simon voulut voir coucher le soleil au m��me lieu d'o�� il avait contempl�� son lever. C'��tait le sommet de la derni��re colline qui encadrait le vallon, et sur lequel s'��levaient les ruines du petit fort destin�� jadis �� r��pondre aux batteries du chateau et �� garder l'entr��e du vallon. De cette colline on jouissait d'une vue magnifique; on plongeait d'une part dans le vallon de Foug��res, et de l'autre on embrassait la vaste et profonde ar��ne o�� serpente la Creuse. Simon aimait de pr��dilection cette ruine qu'habitaient de grands l��zards verts et des orfraies au plumage flamboyant. La seule tour qui restait debout en entier avait ��t�� aussi un but de promenade quotidienne pour l'abb�� F��line. Simon avait �� peine connu ce digne homme; mais il en conservait un vague souvenir, exalt�� par l'enthousiasme de sa m��re et par la v��n��ration des habitants. Il ne passait pas un jour sans aller saluer ces d��combres sur lesquels son oncle s'��tait tant de fois assis dans le silence de la m��ditation, et dont plusieurs pierres portaient encore les initiales de son nom, creus��es avec un couteau. L'abb�� avait donn�� �� cette tour le nom de tour de la Duchesse, parce qu'un de ces grands oiseaux de nuit, remarquables par leur voix effrayante, et assez rares en tous pays, en avait fait longtemps sa demeure; ce nom s'��tait conserv�� dans, les environs, et les amis superstitieux du bon cur�� pr��tendaient que, la nuit anniversaire de ses fun��railles, la duchesse revenait encore se percher sur le sommet de la tour et jeter de longs cris de d��tresse jusqu'au premier coup de l'Angelus du matin.
Assis sur le seuil de la tour, Simon regardait l'astre magnifique s'abaisser lentement sur les collines de Glenny, lorsqu'il entendit une voix inconnue parler �� deux pas de lui une langue ��trang��re, et en se retournant il vit deux personnages d'un aspect fort singulier.
Le plus rapproch�� ��tait un homme d'environ cinquante ans, d'une figure assez ouverte en apparence, mais moins agr��able au second coup d'oeil qu'au premier. Cette physionomie, qui n'avait pourtant rien de repoussant, ��tait singularis��e par une coiffure poudr��e �� ailes de pigeon, tout �� fait surann��e; une large cravate tombant sur un ample jabot,
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