Sganarelle | Page 4

Molière
Adresse-leur tes voeux, et fais-leur des caresses : Mais rends-moi mon portrait sans te jouer de moi.
(Elle lui arrache le portrait et s'enfuit.)
- Sganarelle -
(Courant apr��s elle.)
Oui, tu crois m'��chapper... ; je l'aurai malgr�� toi.

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SC��NE VII. - L��lie, Gros-Ren��.

- Gros-Ren�� -
Enfin, nous y voici. Mais, Monsieur, si je l'ose, Je voudrais vous prier de me dire une chose.
- L��lie -
Eh bien ! parle.
- Gros-Ren�� -
Avez-vous le diable dans le corps, Pour ne pas succomber �� de pareils efforts ? Depuis huit jours entiers, avec vos longues traites, Nous sommes �� piquer de chiennes de mazettes, De qui le train maudit nous a tant secou��s, Que je m'en sens pour moi tous les membres rou��s ; Sans pr��judice encor d'un accident bien pire, Qui m'afflige un endroit que je ne veux pas dire : Cependant, arriv��, vous sortez bien et beau, Sans prendre de repos, ni manger un morceau.
- L��lie -
Ce grand empressement n'est point digne de blame : De l'hymen de C��lie on alarme mon ame ; Tu sais que je l'adore ; et je veux ��tre instruit, Avant tout autre soin, de ce funeste bruit.
- Gros-Ren�� -
Oui, mais un bon repas vous serait n��cessaire, Pour s'aller ��claircir, Monsieur, de cette affaire ; Et votre coeur, sans doute, en deviendrait plus fort Pour pouvoir r��sister aux attaques du sort : J'en juge par moi-m��me, et la moindre disgrace, Lorsque je suis �� jeun, me saisit, me terrasse ; Mais quand j'ai bien mang��, mon ame est ferme �� tout, Et les plus grands revers n'en viendraient pas �� bout. Croyez-moi, bourrez-vous, et sans r��serve aucune, Contre les coups que peut vous porter la fortune ; Et, pour fermer chez vous l'entr��e �� la douleur, De vingt verres de vin entourez votre coeur.
- L��lie -
Je ne saurais manger.
- Gros-Ren�� -
(bas, �� part.)
Si ferai bien, je meure. (4)
(Haut.)
Votre d?ner pourtant serait pr��t tout �� l'heure.
- L��lie -
Tais-toi, je te l'ordonne.
- Gros-Ren�� -
Ah ! quel ordre inhumain !
- L��lie -
J'ai de l'inqui��tude, et non pas de la faim.
- Gros-Ren�� -
Et moi, j'ai de la faim, et de l'inqui��tude De voir qu'un sot amour fait toute votre ��tude.
- L��lie -
Laisse-moi m'informer de l'objet de mes voeux, Et, sans m'importuner, va manger si tu veux.
- Gros-Ren�� -
Je ne r��plique point �� ce qu'un ma?tre ordonne.

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SC��NE VIII. - L��lie.

- L��lie -
Non, non, �� trop de peur mon ame s'abandonne : Le p��re m'a promis, et la fille a fait voir Des preuves d'un amour qui soutient mon espoir.

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SC��NE IX. - Sganarelle, L��lie.

- Sganarelle -
(sans voir L��lie, et tenant dans ses mains le portrait.)
Nous l'avons, et je puis voir �� l'aise la trogne Du malheureux pendard qui cause ma vergogne ; Il ne m'est point connu.
- L��lie -
(�� part.)
Dieux ! qu'aper?ois-je ici ? Et si c'est mon portrait, que dois-je croire aussi ?
- Sganarelle -
(sans voir L��lie.)
Ah ! pauvre Sganarelle ! �� quelle destin��e Ta r��putation est-elle condamn��e ! Faut...
(Apercevant L��lie qui le regarde, il se retourne d'un autre c?t��.)
- L��lie -
(�� part.)
Ce gage ne peut, sans alarmer ma foi, ��tre sorti des mains qui le tenaient de moi.
- Sganarelle -
(�� part.)
Faut-il que d��sormais �� deux doigts l'on te montre, Qu'on te mette en chansons, et qu'en toute rencontre On te rejette au nez le scandaleux affront Qu'une femme mal n��e imprime sur ton front ?
- L��lie -
(�� part.)
Me tromp��-je ?
- Sganarelle -
(�� part.)
Ah ! truande (5) ! as-tu bien le courage De m'avoir fait cocu dans la fleur de mon age ? Et, femme d'un mari qui peut passer pour beau, Faut-il qu'un marmouset, un maudit ��tourneau...
- L��lie -
(�� part, et regardant encore le portrait que tient Sganarelle.)
Je ne m'abuse point : c'est mon portrait lui-m��me.
- Sganarelle -
(lui tourne le dos.)
Cet homme est curieux.
- L��lie -
(�� part.)
Ma surprise est extr��me !
- Sganarelle -
(�� part.)
A qui donc en a-t-il ?
- L��lie -
(�� part.)
Je le veux accoster.
(Haut.)
Puis-je... ?
(Sganarelle veut s'��loigner.)
Eh ! de grace, un mot.
- Sganarelle -
(�� part, s'��loignant encore.)
Que me veut-il conter ?
- L��lie -
Puis-je obtenir de vous de savoir l'aventure Qui fait dedans vos mains trouver cette peinture ?
- Sganarelle -
(�� part.)
D'o�� lui vient ce d��sir ? Mais je m'avise ici...
(Il examine L��lie et le portrait qu'il tient.)
Ah ! ma foi, me voil�� de son trouble ��clairci ! Sa surprise �� pr��sent n'��tonne plus mon ame : C'est mon homme ; ou plut?t c'est celui de ma femme.
- L��lie -
Retirez-moi de peine, et dites d'o�� vous vient...
- Sganarelle -
Nous savons, Dieu merci, le souci qui vous tient ; Ce portrait qui vous fache est votre ressemblance ; Il ��tait en des mains de votre connaissance ; Et ce n'est pas un fait qui soit secret pour nous Que les douces ardeurs de la dame et de vous. Je ne sais pas si j'ai, dans sa galanterie, L'honneur d'��tre connu de votre seigneurie ; Mais faites-moi celui
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