Scènes de la vie de bohème

Henry Murger
Scènes de la vie de bohème

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Title: Scènes de la vie de bohème
Author: Henry Murger
Release Date: May 28, 2006 [EBook #18446]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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DE LA VIE DE BOHÈME ***

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Note du transcripteur: Cette oeuvre, adaptée en pièce de théâtre en
1849, et en livre en 1851, est aussi à l'origine de deux opéras (avec
libretti en Italien): «La Bohème» de Ruggero Leoncavallo (1897) et le
mieux connu, «La Bohème» de Giacomo Puccini (1896).

Scènes de la vie de bohème
Henry Murger
M. Levy
1869

PREFACE
Les bohèmes dont il est question dans ce livre n'ont aucun rapport avec
les bohèmes dont les dramaturges du boulevard ont fait les synonymes
de filous et d'assassins. Ils ne se recrutent pas davantage parmi les
montreurs d'ours, les avaleurs de sabres, les marchands de chaînes de
sûreté, les professeurs d'à tout coup l'on gagne, les négociants des
bas-fonds de l'agio, et mille autres industriels mystérieux et vagues
dont la principale industrie est de n'en point avoir, et qui sont toujours
prêts à tout faire, excepté le bien.
La Bohème dont il s'agit dans ce livre n'est point une race née
d'aujourd'hui, elle a existé de tout temps et partout, et peut revendiquer
d'illustres origines. Dans l'antiquité grecque, sans remonter plus haut
dans cette généalogie, exista un bohème célèbre qui, en vivant au
hasard du jour le jour parcourait les campagnes de l'Ionie florissante en
mangeant le pain de l'aumône, et s'arrêtait le soir pour suspendre au
foyer de l'hospitalité la lyre harmonieuse qui avait chanté les Amours
d'Hélène et la Chute de Troie. En descendant l'échelle des âges, la
Bohème moderne retrouve des aïeux dans toutes les époques artistiques
et littéraires. Au moyen âge elle continue la tradition homérique avec
les ménestrels et les improvisateurs, les enfants du gai savoir, tous les
vagabonds mélodieux des campagnes de la Touraine; toutes les muses
errantes qui, portant sur le dos la besace du nécessiteux et la harpe du
trouvère, traversaient, en chantant, les plaines du beau pays, où devait
fleurir l'églantine de Clémence Isaure.

À l'époque qui sert de transition entre les temps chevaleresques et
l'aurore de la renaissance, la Bohème continue à courir tous les chemins
du royaume, et déjà un peu les rues de Paris. C'est maître Pierre
Gringoire, l'ami des truands et l'ennemi du jeûne; maigre et affamé
comme peut l'être un homme dont l'existence n'est qu'un long carême, il
bat le pavé de la ville, le nez au vent tel qu'un chien qui lève, flairant
l'odeur des cuisines et des rôtisseries; ses yeux pleins de convoitises
gloutonnes, font maigrir, rien qu'en les regardant, les jambons pendus
aux crochets des charcutiers, tandis qu'il fait sonner, dans son
imagination, et non dans ses poches, hélas! Les dix écus que lui ont
promis messieurs les échevins en payement de la très-pieuse et dévote
sotie qu'il a composée pour le théâtre de la salle du palais de justice. À
côté de ce profil dolent et mélancolique de l'amoureux d'Esméralda, les
chroniques de la Bohème peuvent évoquer un compagnon d'humeur
moins ascétique et de figure plus réjouie; c'est maître François Villon,
l'amant de la belle qui fut haultmière. Poète et vagabond par excellence,
celui-là! Et dont la poésie, largement imaginée, sans doute à cause de
ces pressentiments que les anciens attribuent à leurs vates, était sans
cesse poursuivie par une singulière préoccupation de la potence, où
ledit Villon faillit un jour être cravaté de chanvre pour avoir voulu
regarder de trop près la couleur des écus du roi. Ce même Villon, qui
avait plus d'une fois essoufflé la maréchaussée lancée à ses trousses, cet
hôte tapageur des bouges de la rue Pierre-Lescot, ce pique-assiette de la
cour du duc d'Égypte, ce Salvator Rosa de la poésie, a rimé des élégies
dont le sentiment navré et l'accent sincère émeuvent les plus
impitoyables, et font qu'ils oublient le malandrin, le vagabond, et le
débauché, devant cette muse toute ruisselante de ses propres larmes.
Au reste, parmi tous ceux dont l'oeuvre peu connue n'a été fréquentée
que des gens pour qui la littérature française ne commence pas
seulement le jour où «Malherbe vint,» François Villon a eu l'honneur
d'être un des plus dévalisés, même par les gros bonnets du parnasse
moderne. On s'est précipité
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