dans l'intérêt de l'art; car, en changeant la matière, il est impossible de conserver la forme; ainsi, la fonte ne peut pas plus reproduire l'aspect de la pierre que le fer ne peut se prêter à rendre celui du bois. Au reste, il suffit, pour s'en convaincre, de jeter un coup d'oeil sur les essais qui ont été tentés dans ce sens, soit à Rouen, pour la flèche de la cathédrale, soit à Séez, pour les pyramides des contreforts, soit à Rheims, pour la chapelle de l'archevêché. Partout enfin où la fonte a remplacé la pierre, l'oeil le moins exercé ne peut s'y tromper. à Rouen, comme à Séez et à Rheims, la fonte n'a pu reproduire que des formes dépouillées, tandis que les moulures et les sculptures en pierre de ces monumens sont refouillées au ciseau et impossibles à mouler d'une seule pièce. Mais ce ne sont là que de faibles inconvéniens relativement à ceux bien plus graves que la fonte offre sous le rapport de la solidité. En effet, sans parler du poids, qui est beaucoup plus considérable qu'on avait pu le prévoir avant l'exécution de grandes pièces, un brusque changement de température, une commotion atmosphérique, suffisent pour briser la fonte fragile comme du verre. De plus, cette matière non seulement ne se marie jamais avec la pierre, mais elle est pour cette dernière une cause incessante de ruine, par l'oxidation que l'on ne peut jamais empêcher. Comme couleur, nous n'avons pas besoin de dire que la fonte ne peut jamais reproduire celle de la pierre, puisque, lors même qu'on la couvre d'une couche épaisse de peinture, l'oxide rouge du fer la détruit si promptement qu'il faut continuellement la renouveler. Quant à la raison d'économie, elle tombe facilement devant les résultats de l'expérience et les calculs que nous donnons plus bas[1].
[Note 1: Tableau comparé des prix des fenêtres à meneaux en pierre ou en fonte, présenté au conseil des batimens civils, à sa séance du 13 février 1840.
évaluation faite pour les fenêtres de Saint-Germain-l'Auxerrois.
PIERRE.
Ma?onnerie d'après un mémoire réglé et accepté par l'entrepreneur. Le résumé du mémoire se monte à...........................................1,231 23
MENUISERIE.
Pour les calibres en feuillets, taillés sur l'épure, 27 00, courant de feuillet sapin, 0,70 c vaut..........................18 70
La fa?on desdits pour corroyer, joindre, coller, tracer et chantourner, douze journées de menuisier à 5 francs....................................60 ?
Fourniture de colle forte et clous estimés............................................6 ?
SCULPTURE.
8 chapiteaux à 10 fr. chaque............................80 ?
Fourniture de 17 lames de plomb entre les joints et 26 goujons en plomb...................................................90 ?
Total................................................1,485 93
FONTE.
En supposant la répartition des modèles sur 24 fenêtres identiquement semblables, la fonte co?terait 65 fr. les 100 kil. compris les frais de modèle.
(Il faut remarquer ici, que si les fenêtres étaient toutes variées, les frais de modèles augmenteraient beaucoup le prix du kil. de fonte.)
Le poids total d'une fenêtre, dont toutes les parties seraient fondues en coquilles et ajustées comme l'indique la figure, serait de 1,200 k. à 65 f. le k. vaut.........................780 ?
L'ajustement et assemblage de toutes les parties boulonnées avec 130 ames de fer forgé, et 200 vis taraudées, retouché au burin, estimé..........................................600 ?
Le double transport et montage conjointement avec les ma?ons, estimé pour le serrurier seulement......................80 ?
5 journées de compagnon, ma?on et gar?on...............................................31 ?
PEINTURE.
Première couche au minium et deux couches couleur de pierre, estimées, superficiel, à 1 f. 25 c......................30 ?
Plus value des chapiteaux...............................16 ?
échafaudage.............................................25 ?
Total................................................1,562 ? ]
Un autre mode de restauration, tenté depuis quelques années, présente un résultat encore plus déplorable; nous voulons parler des mastics, cimens, et enfin toutes matières étrangères à la pierre, avec laquelle on a vainement essayé de les souder à l'aide de moyens toujours destructifs. L'application de ces cimens nécessite d'abord la dégradation de toutes les parties que l'on veut restaurer, plus l'emploi du fer, nouvelle cause de ruine, et tout cela, pour arriver à un résultat qui n'offre aucune chance de durée, et qui ne laisse après lui aucun vestige de ce qui existait d'abord. Admettant même que le moyen soit durable, l'aspect du mastic ne sera jamais celui de la pierre; difficile à employer, d'une sécheresse qui ne peut rendre, ni la franchise, ni le grain de la pierre, cette matière conservera toujours son apparence de pate modelée. Ce que nous venons de dire, l'expérience l'a prouvé. Partout où ils ont été employés, ces cimens se détachent de la pierre, se gercent, se décomposent à l'air: que restera-t-il alors qu'ils seront tombés?
Mais on ne s'est pas borné à restaurer de la sculpture par ce moyen, on a été jusqu'à remplacer de la vieille pierre par de la neuve, sur laquelle on a collé des ornemens en mastic! Dans ce cas, nous pensons que la raison d'économie était surtout invoquée. Eh bien! la sculpture dans la pierre tendre n'est pas plus chère que de la sculpture en ciment, et l'ouvrier habile préfère toujours le travail de
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.