쨶Pour la patrie
The Project Gutenberg EBook of Pour la patrie, by Jules-Paul Tardivel This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Pour la patrie Roman du XXe siecle
Author: Jules-Paul Tardivel
Release Date: July 20, 2005 [EBook #16336]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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POUR LA PATRIE
ROMAN DU XXe SIèCLE
Par J.-P. TARDIVEL Directeur de la _Vérité_
Ne laeteris inimica mea super me, quia cecidi: consurgam, cum sedero in tenebris, Dominus lux mea est.
? mon ennemie, ne vous réjouissez point de ce que je suis tombée; je me relèverai après que je me serai assise dans les ténèbres; le Seigneur est ma lumière.
Michaeas, propheta, VII, 8.
MONTRéAL CADIEUX & DEROME LIBRAIRES-éDITEURS 1895
AVANT-PROPOS
Le R. P. Caussette, que cite le R. P. Fayollat dans son livre sur l'Apostolat de la presse, appelle les romans une invention diabolique. Je ne suis pas éloigné de croire que le digne religieux a parfaitement raison. Le roman, surtout le roman moderne, et plus particulièrement encore le roman fran?ais me para?t être une arme forgée par Satan lui-même pour la destruction du genre humain. Et malgré cette conviction j'écris un roman! Oui, et je le fais sans scrupule; pour la raison qu'il est permis de s'emparer des machines de guerre de l'ennemi et de le faire servir à battre en brèche les remparts qu'on assiège. C'est même une tactique dont on tire quelque profit sur les champs de bataille.
On ne saurait contester l'influence immense qu'exerce le roman sur la société moderne. Jules Vallès, témoin peu suspect, a dit: "Combien j'en ai vu de ces jeunes gens, dont le passage, lu un matin, a dominé, défait ou refait, perdu ou sauvé l'existence. Balzac, par exemple, comme il a fait travailler les juges et pleurer les mères! Sous ses pas, que de consciences écrasées! Combien, parmi nous, se sont perdus, ont coulé, qui agitaient au-dessus du bourbier où ils allaient mourir une page arrachée à la _Comédie humaine_.... Amour, vengeance, passion, crime, tout est copié, tout. Pas une de leurs émotions n'est franche. Le livre est là." [Citation du père Fayollat.]
Le roman est donc, de nos jours une puissance formidable entre les mains du malfaiteur littéraire. Sans doute, s'il était possible de détruire, de fond en comble, cette terrible invention, il faudrait le faire, pour le bonheur de l'humanité; car les supp?ts de Satan le feront toujours servir beaucoup plus à la cause du mal que les amis de Dieu n'en pourront tirer d'avantages pour le bien. La même chose peut se dire, je crois, des journaux. Cependant, il est admis, aujourd'hui, que la presse catholique est une nécessité, même une oeuvre pie. C'est que, pour livrer le bon combat, il faut prendre toutes le armes, même celles qu'on arrache à l'ennemi; à la condition, toutefois, qu'on puisse légitimement s'en servir. Il faut s'assurer de la possibilité de manier ces engins sans blesser ses propres troupes. Certaines inventions diaboliques ne sont propres qu'à faire le mal: l'homme le plus saint et le plus habile ne saurait en tirer le moindre bien. L'école neutre, par exemple, ou les sociétés secrètes, ne seront jamais acceptées par l'église comme moyen d'action. Ces choses-là, il ne faut y toucher que pour les détruire; il ne faut les mentionner que pour les flétrir. Mais le roman, toute satanique que puisse être son origine, n'entre pas dans cette catégorie. La preuve qu'on peut s'en servir pour le bien, c'est qu'on s'en est servi ad majorem Dei gloriam. Je ne parle pas du roman simplement honnête qui procure une heure d'agréable récréation sans disposer dans l'ame des semences funestes; niais du roman qui fortifie la volonté, qui élève et assainit le coeur, qui fait aimer davantage la vertu et liait le vice, qui inspire de nobles sentiments, qui est, en un mot, la contrepartie du roman infame.
Pour moi, le type du roman chrétien de combat, si je puis m'exprimer ainsi, c'est ce livre délicieux qu'a fait un père de la Compagnie de Jésus et qui s'intitule: _le Roman d un Jésuite_. C'est un vrai roman, dans toute la force du terme, et jamais pourtant Satan n'a été mieux combattu que dans ces pages. J'avoue que c'est la lecture du _Roman d'un Jésuite_ qui a fait dispara?tre chez moi tout doute sur la possibilité de se servir avantageusement, pour la cause catholique, du roman proprement dit. Un ouvrage plus récent, _Jean-Christophe_, qui a également un prêtre pour auteur, n'a fait que confirmer
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