apr��s avoir hant��, dit-on, les tr��teaux du Pont-Neuf, suivi de pr��s les Italiens et Scaramouche, il se mit �� la t��te d'une troupe de com��diens de soci��t��, qui devint bient?t une troupe r��guli��re et de profession. Les deux fr��res B��jart, leur soeur Madeleine, Duparc dit Gros-Ren�� faisaient partie de cette bande ambulante qui s'intitulait l'Illustre Th��atre. Notre po?te rompit d��s lors avec sa famille et les Poquelin; il prit nom Moli��re. Moli��re courut avec sa troupe les divers quartiers de Paris, puis la province. On dit qu'il fit jouer �� Bordeaux une Th��ba?de, tentative du genre s��rieux, qui ��choua. Mais il n'��pargnait pas les farces, les canevas �� l'italienne, les impromptus, tels que le M��decin volant et la Jalousie du Barbouill��, premiers crayons du M��decin malgr�� lui et de Georges Dandin, et qui ont ��t�� conserv��s, les Docteurs rivaux, le Ma?tre d'��cole, dont on n'a que les titres, le Docteur amoureux, que Boileau daignait regretter. Il allait ainsi �� l'aventure, bien re?u du duc d'��pernon �� Bordeaux, du prince de Conti en chaque rencontre, lou�� de d'Assoucy qu'il recevait et h��bergeait en prince �� son tour, hospitalier, lib��ral, bon camarade, amoureux souvent, essayant toutes les passions, parcourant tous les ��tages, menant �� bout ce train de jeunesse, comme une Fronde joyeuse �� travers la campagne, avec force provision, dans son esprit, d'originaux et de caract��res. C'est dans le cours de cette vie errante qu'en 1653, �� Lyon, il fit repr��senter l'��tourdi, sa premi��re pi��ce r��guli��re; il avait trente et un ans.
Moli��re, on le voit, d��buta par la pratique de la vie et des passions avant de les peindre. Mais il ne faudrait pas croire qu'il y e?t dans son existence int��rieure deux parts successives comme dans celle de beaucoup de moralistes et satiriques ��minents: une premi��re part active et plus ou moins fervente; puis, cette chaleur faiblissant par l'exc��s ou par l'age, une observation acre, mordante, d��sabus��e enfin, qui revient sur les motifs, les scrute et les raille. Ce n'est pas l�� du tout le cas de Moli��re ni celui des grands hommes dou��s, �� cette mesure, du g��nie qui cr��e. Les hommes distingu��s, qui passent par cette double phase et arrivent promptement �� la seconde, n'y acqui��rent, en avan?ant, qu'un talent critique fin et sagace, comme M. de La Rochefoucauld, par exemple, mais pas de mouvement animateur ni de force de cr��ation. Le g��nie dramatique, et celui de Moli��re en particulier, a cela de merveilleux que le proc��d�� en est tout diff��rent et plus complexe. Au milieu des passions de sa jeunesse, des entra?nements emport��s et cr��dules comme ceux du commun des hommes, Moli��re avait d��j�� �� un haut degr�� le don d'observer et de reproduire, la facult�� de sonder et de saisir des ressorts qu'il faisait jouer ensuite au grand amusement de tous; et plus tard, au milieu de son enti��re et triste connaissance du coeur humain et des mobiles divers, du haut de sa m��lancolie de contemplateur philosophe, il avait conserv�� dans son propre coeur, on le verra, la jeunesse des impressions actives, la facult�� des passions, de l'amour et de ses jalousies, le foyer v��ritablement sacr��. Contradiction sublime et qu'on aime dans la vie du grand po?te! assemblage ind��finissable qui r��pond �� ce qu'il y a de plus myst��rieux aussi dans le talent dramatique et comique, c'est-��-dire la peinture des r��alit��s am��res moyennant des personnages anim��s, faciles, r��jouissants, qui ont tous les caract��res de la nature; la dissection du coeur la plus profonde se transformant en des ��tres actifs et originaux qui la traduisent aux yeux, en ��tant simplement eux-m��mes!
On rapporte que, pendant son s��jour �� Lyon, Moli��re, qui s'��tait d��j�� li�� assez tendrement avec Madeleine B��jart, s'��prit de mademoiselle Duparc (ou de celle qui devint mademoiselle Duparc en ��pousant le com��dien de ce nom) et de mademoiselle de Brie, qui toutes deux faisaient partie d'une autre troupe que la sienne; il parvint, malgr�� la B��jart, dit-on, �� engager dans sa troupe les deux com��diennes, et l'on ajoute que, rebut�� de la superbe Duparc, il trouva dans mademoiselle de Brie des consolations auxquelles il devait revenir encore durant les tribulations de son mariage. On est all�� jusqu'�� indiquer dans la sc��ne de Clitandre, Armande et Henriette, au premier acte des Femmes savantes, une r��miniscence de cette situation ant��rieure de vingt ann��es �� la com��die. Nul doute qu'entre Moli��re fort enclin �� l'amour, et les jeunes com��diennes qu'il dirigeait, il ne se soit form�� des noeuds mobiles, crois��s, parfois interrompus et repris; mais il serait t��m��raire, je le crois, d'en vouloir retrouver aucune trace pr��cise dans ses oeuvres, et ce qui a ��t�� mis en avant sur cette allusion, pour laquelle on oublie les vingt ann��es d'intervalle, ne me semble pas justifi��.
On conserve �� P��z��nas un fauteuil dans lequel, dit-on, Moli��re venait s'installer tous les samedis, chez
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