terre l'englout?t avec toutes les pierres jaunes.
L'année suivante, ils revinrent et trouvèrent la femme ensevelie jusqu'à mi-corps. Les pierres jaunes avaient déjà beaucoup diminué.
A leur troisième voyage, la magicienne et les portions les plus précieuses de la mine avaient disparu. Il ne restait plus que quelques cailloux jaunes dispersés à la surface du sol, à une très-grande distance les uns des autres.
Mais, depuis, les Visages-Pales ont tout enlevé.
--?a ne fait rien, j'y veux aller, dit, aussit?t que le Grand-Lièvre eut parlé, James, assez peu convaincu de la véracité de ce récit.
--Mon frère aura ma réponse quand le jour para?tra; mais l'Esprit du mal a remplacé la sorcière. Il est l'ennemi des blancs.
--Bah! fit légèrement Mac Carthy, je me moque de l'Esprit du mal.
--Mon frère n'est pas tout à fait blanc, dit l'Indien, d'un ton ironique.
James sentit le trait et se mordit les lèvres.
--N'est-ce point toi, dit-il, qui as mené dernièrement un Visage-Pale à la mine?
--Oui, un grand coeur.
--Il s'appelait Robin?
--Pour nous il s'appelait le Jeune-Taureau.
--Et on rapporte qu'il a péri!
--Il a voulu tenter l'Esprit du mal; l'Esprit du mal l'a chatié.
--Ce qui veut dire qu'il a été tué par les Esquimaux? reprit James.
Kit-chi-ou-a-pous ne répondit point.
A cet instant, un homme de petite stature, mais d'une figure énergique, entra dans la salle.
Aussit?t les conversations cessèrent comme par enchantement, et au brouhaha général succéda un silence respectueux, interrompu seulement par ces mots soufflés à voix basse, dans les groupes:
--Le chef-facteur!
Après un coup d'oeil rapide, mais per?ant, jeté sur l'assemblée, celui-ci marcha droit au Grand-Lièvre.
--Qu'est-ce que mon frère est venu faire ici? lui dit-il durement. Ne sait-il pas que j'avais donné ordre de le chasser du fort, chaque fois qu'il s'y présenterait?
--Kit-chi-ou-a-pous avait perdu sa tente. Il est venu se reposer, répondit le chef sans s'émouvoir.
--C'est un mensonge. Il s'est introduit dans la factorerie pour espionner et pour voler. S'il veut se reposer, qu'il aille demander l'hospitalité aux Longs-Couteaux [7], ses amis.
[Note 7: Les Yankees sont connus des Indiens sous ce nom, que leur a probablement valu le couteau-bowie qu'il portent, d'ordinaire, dans leurs excursions au Nord-Ouest.]
--Kit-chi-ou-a-pous n'est pas l'ami des Longs-Couteaux.
--Chef, ta parole est fausse; car toi et tes Chippiouais vous avez, l'hiver passé, pris à crédit des munitions chez nous, et, au lieu de nous rembourser avec vos pelleteries, vous les avez vendues, pendant l'été, aux Longs-Couteaux.
--Mon frère est dans l'erreur. La chasse n'a rien rapporté.
--Tu mens! s'écria le chef-facteur; va-t'en, ou je te fais déchirer par mes chiens!
Seul de sa bande dans le fort, Kit-chi-ou-a-pous ne pouvait résister à cette brutale injonction. Il dédaigna même de faire une nouvelle observation; mais, serrant autour de lui sa robe de boeuf, il traversa majestueusement la pièce et sortit.
--Vous, monsieur, j'ai à vous parler, reprit le commandant du poste en s'adressant à Mac Carthy.
Le jeune homme s'inclina d'un air soumis.
--Suivez-moi dans ma chambre, poursuivit le chef en se dirigeant vers la porte de la salle.
Comme ils arrivaient sur le seuil, cette porte s'ouvrit, et deux personnes couvertes de neige, de givre, entrèrent précipitamment.
--Mon Dieu! il était temps! balbutia l'une d'une voix chevrotante en s'appuyant au bras de son compagnon.
--Une femme blanche! fit le chef-facteur au comble de la surprise.
--Victorine! murmura James Mac Carthy, non moins étonné.
--Place! place! place auprès du feu! et un peu de whiskey pour la ranimer, car je sens que la pauvre créature va s'évanouir, ours et buffles! criait l'autre arrivant.
CHAPITRE III
JAMES MAC CARTHY
A son air décidé, indépendant, tout autant qu'aux éclatantes broderies en poil de porc-épic et plumes d'oiseaux qui chamarraient son capot, il était facile de reconna?tre que cet individu appartenait à la classe des francs trappeurs, ou trappeurs libres, classe fort mal vue des agents de la Compagnie de la baie d'Hudson, à laquelle ils enlèvent une partie de ses bénéfices, en faisant la traite pour leur compte ou celui de quelque riche particulier.
--Qui es-tu et qui est-ce que cette femme! lui demanda le chef-facteur d'un ton impérieux.
--On m'appelle Louis-le-Bon, répondit-il avec négligence; quant à cette dame, attendez un moment, ours et buffles, elle vous dira qui elle est.
Et le trappeur se remit à frictionner vigoureusement le visage de la jeune femme qu'il avait étendue devant le feu sur un paquet de pelleteries.
L'assemblée tout entière avait les yeux tournés vers les étrangers.
--Louis-le-Bon, il me semble que je connais ce nom-là, murmurait le chef-facteur en passant la main sur son front.
Le nouveau venu l'entendit.
--Eh pourquoi ne le conna?triez-vous pas! s'écria-t-il sans suspendre son opération. Ours et buffles! il y a trois noms que chacun conna?t dans le désert, c'est celui de Poignet-d'Acier, de Nick Whiffles et de Louis-le-Bon, trois gaillards qui ne craignent ni peau rouge ni peau blanche, qu'on trouve toujours prêts à secourir quelqu'un dans le danger et à faire la guerre aux Anglais.
Cette provocante déclaration, au milieu d'un fort habité en grande partie par les
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.