répandre autour de toi la paix de la vertu et le bonheur de l'innocence.
? Que rien ne manque à l'heureuse destinée qu'annon?ait ton visage riant en sortant des mains du Créateurs, qui t'était encore inconnu, lorsqu'il nous réservait à tous deux un avenir si diffé- rent... à toi les plaisirs de la vie, et à moi les larmes.
? Mais, au milieu de toutes tes joies, compatis aux douleurs des autres et ne désapprends pas de pleurer;
? Daigne accorder un souvenir à cet homme qui avait une ame élevée, et qui, si souvent par une douleur silencieuse, osa t'avertir humblement que le ciel t'avait faite pour lui.
? Bient?t emporté au pied du tr?ne de Dieu, et tout ébloui de sa gloire, j'étendrai mes bras suppliants, en lui adressant des voeux pour toi.
? Et alors un pressentiment de la vie future, un souffle de l'esprit divin descendra sur toi, et t'inondera de délices...
? Tu lèveras la tête avec surprise, et tes yeux souriants se fixeront au ciel... Oh! viens... viens m'y joindre, revêtue du voile blanc des vierges, et couronnée de rayons divins!?
PSAUME
Les lunes roulent autour des terres, les terres autour des soleils et des milliers de soleils autour du plus grand de tous: Notre père qui êtes aux cieux!
Tous ces mondes qui re?oivent et donnent la lumière, sont peuplés d'esprits plus ou moins forts, plus ou moins forts, plus ou moins grands; mais tous croient en Dieu, tous mettent en lui leur espé- rance: Que votre nom soit sanctifié!
C'est lui! c'est l'éternel, seul capable de se comprendre tout entier et de se complaire en lui-même, c'est lui qui pla?a au fond du coeur de toutes ses créatures le germe du bonheur éternel: Que votre règne arrive!
Heureuses créatures, lui seul s'est chargé d'ordonner leur présent et leur avenir; qu'elles sont heureuses! que nous le sommes tous! Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel!
Il fait cro?tre et grandir la tige de l'épi, il dore la pomme et le raisin avec les rayons du soleil; il nourrit l'agneau sur la colline et dans la forêt le chevreuil: mais il tient aussi le tonnerre, et la grêle n'épargne ni la tige ni la branche, ni l'animal de la colline, ni celui de la forêt: Donnez-nous?aujourd'hui notre pain quotidien!
Au-dessus du tonnerre et de la tempête, y a t il aussi des?pécheurs et des mortels?... Là haut aussi, l'ami devient-il ennemi, la mort sépare-t-elle ceux qui s'aiment? Pardonnez-nous nos offenses comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont?offensés!
On ne monte au ciel, but sublime, que par des chemins difficiles: quelques-uns serpentent dans d'affreux déserts; mais là aussi de temps en temps le plaisir a semé quelques fruits pour rafra?chir le voyageur... Ne nous induisez pas en tentation, mais délivreznous du mal!
Adorons Dieu! adorons celui qui fait rouler autour du soleil d'autres soleils, des terres et des lunes; qui a créé les esprits et préparé leur bonheur; qui sème l'épi, commande à la mort et soulage le voyageur du désert tout en le conduisant au but sublime. Oui, seigneur, nous vous adorons, car à vous est l'empire,?la puissance et la gloire. Amen.
MON ERREUR
J'ai voulu long-temps les juger sur des faits et non sur des paroles, et feuilletant les pages de l'histoire, j'y suivais attentivement les Fran?ais.
? toi qui venges l'humanité des peuples et des rois qui?l'outragent, véridique histoire, tu m'avais fait quelquefois de ce peuple une peinture bien effrayante.
Cependant je croyais, et cette pensée m'était douce comme ces rêves dorés que l'on fait par une belle matinée, comme une espé- rance d'amour et de délices;
Je croyais, ? liberté! mère de tous les biens, que tu serais pour ce peuple une nouvelle providence, et que tu étais envoyée vers lui pour le régénérer.
N'es-tu plus une puissance créatrice? ou si c'est que tu n'as pu parvenir à changer ces hommes? leur coeur est-il de pierre et leurs yeux sont-ils assez aveuglés pour te méconna?tre?
Ton ame, c'est l'ordre; mais eux dont le coeur est de feu,?s'animent et se précipitent au premier signe de la licence.
Oh! ils ne connaissent qu'elle, ils la chérissent... et pourtant ils ne parlent que de toi, quand leur fer tombe sur la tête des innocents: oh! ton nom alors est dans toutes les bouches.
Liberté, mère de tous les biens! n'est-ce pas encore en ton nom qu'ils ont rompu de saints traités en commen?ant la guerre des conquêtes.
Hélas! beau rêve doré du matin, ton éclat ne m'éblouit plus; il ne m'a laissé qu'une douleur comme celle de l'amour trompé.
Mais quelquefois dans un désert aride, il se présente tout à coup un doux ombrage où se délasse le voyageur: telle a été pour moi Corday l'héro?ne, la femme homme.
Des juges infames avaient absous le monstre; elle a cassé leur jugement; elle a fait ce qu'aimeront à raconter nos neveux le visage enflammé et baigné
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