Othello | Page 9

Shakespeare Apocrypha
Brabantio, Othello, Roderigo, Jago et des officiers.)
LE DUC.--Brave Othello, nous avons besoin de vous �� l'instant, contre le Turc, cet ennemi commun. (A Brabantio.) Je ne vous voyais pas, seigneur, soyez le bienvenu: vos conseils et votre secours nous manquaient cette nuit.
BRABANTIO.--Moi, j'avais bien besoin des v?tres. Que Votre Grandeur me pardonne; ce n'est point ma place ni aucun avis de l'affaire qui vous rassemble, qui m'ont fait sortir de mon lit: l'int��r��t public n'a plus de prise sur mon ame. Ma douleur personnelle est d'une nature si d��mesur��e et si violente, qu'elle engloutit et absorbe tout autre chagrin, sans cesser d'��tre toujours la m��me.
LE DUC.--Quoi donc? et de quoi s'agit-il?
BRABANTIO.--Ma fille! ? ma fille!
SECOND S��NATEUR.--Quoi! morte?
BRABANTIO.--Oui, pour moi; elle m'est ravie; elle est s��duite, corrompue par des sortil��ges et des philtres achet��s �� des charlatans. Car une nature qui n'est ni aveugle, ni incompl��te, ni d��nu��e de sens, ne pourrait s'��garer de la sorte si les pi��ges de la magie...
LE DUC.--Quel que soit l'homme qui, par ces manoeuvres criminelles, ait priv�� votre fille de sa raison, et vous de votre fille, vous lirez vous-m��me le livre sanglant des lois; vous interpr��terez �� votre gr�� son texte s��v��re; oui, le coupable f?t-il notre propre fils.
BRABANTIO.--Je remercie humblement Votre Grandeur: voil�� l'homme, ce More, que vos ordres expr��s ont, �� ce qu'il para?t, mand�� devant vous pour les affaires de l'��tat.
LE DUC ET LES S��NATEURS.--Nous en sommes d��sol��s.
LE DUC, �� Othello.--Qu'avez-vous �� r��pondre pour votre d��fense?
BRABANTIO.--Rien; sinon que le fait est vrai.
OTHELLO.--Tr��s-puissants, tr��s-graves et respectables seigneurs, mes nobles et g��n��reux ma?tres;--que j'aie enlev�� la fille de ce vieillard, cela est vrai; il est vrai que je l'ai ��pous��e: voil�� mon offense sans voile et dans sa nudit��; elle va jusque-l�� et pas au del��. Je suis rude dans mon langage et peu dou�� du talent des douces paroles de paix; car depuis que ces bras ont atteint l'age de sept ans, �� l'exception des neuf lunes derni��res, ils ont trouv�� dans les champs couverts de tentes leur plus chers exercices; et je ne puis pas dire, sur ce grand univers, grand'chose qui n'ait rapport �� des faits de bataille et de guerre; en parlant pour moi-m��me j'embellirai donc peu ma cause. Cependant, avec la permission de votre bienveillante patience, je vous ferai un r��cit simple et sans ornement du cours entier de mon amour; je vous dirai par quels philtres, quels charmes et quelle magie puissante (car c'est l�� ce dont je suis accus��), j'ai gagn�� le coeur de sa fille.
BRABANTIO.--Une fille si timide, d'un caract��re si calme et si doux qu'au moindre mouvement, elle rougissait d'elle-m��me! Elle! en d��pit de sa nature, de son age, de son pays, de son rang, de tout enfin, se prendre d'amour pour ce qu'elle craignait de regarder!--Il faut un jugement fauss�� ou estropi�� pour croire que la perfection ait pu errer ainsi contre toutes les lois de la nature; il faut absolument recourir, pour l'expliquer, aux pratiques d'un art infernal. J'affirme donc encore que c'est par la force de m��langes qui agissent sur le sang, ou de quelque boisson pr��par��e �� cet effet, que ce More a triomph�� d'elle.
LE DUC.--L'affirmer n'est pas le prouver: il faut des t��moins plus certains et plus clairs que ces l��gers soup?ons et ces faibles vraisemblances fond��es sur des apparences frivoles, que vous fournissez contre lui.
PREMIER S��NATEUR.--Mais, vous, Othello, parlez, avez-vous par des moyens iniques et violents soumis et empoisonn�� les affections de cette jeune fille? ou l'avez-vous gagn��e par la pri��re, et par ces questions permises que le coeur adresse au coeur?
OTHELLO.--Envoyez-la chercher au Sagittaire, seigneurs, je vous en conjure, et laissez-la parler elle-m��me de moi devant son p��re. Si vous me trouvez coupable dans son r��cit, non-seulement ?tez-moi la confiance et le grade que je tiens de vous; mais que votre sentence tombe sur ma vie m��me.
LE DUC.--Qu'on fasse venir Desd��mona.
(Quelques officiers sortent.)
OTHELLO.--Enseigne, conduisez-les: vous connaissez bien le lieu. (_Jago s'incline et part._) Et en attendant qu'elle arrive, aussi sinc��rement que je confesse au ciel toutes les fautes de ma vie, je vais exposer �� vos respectables oreilles comment j'ai fait des progr��s dans l'amour de cette belle dame, et elle dans le mien.
LE DUC.--Parlez, Othello.
OTHELLO.--Son p��re m'aimait; il m'invitait souvent: toujours il me questionnait sur l'histoire de ma vie, ann��e par ann��e, sur les batailles, les si��ges o�� je me suis trouv��, les hasards que j'ai courus. Je repassais ma vie enti��re, depuis les jours de mon enfance jusqu'au moment o�� il me demandait de parler. Je parlais de beaucoup d'aventures d��sastreuses, d'accidents ��mouvants de terre et de mer; de p��rils imminents o��, sur la br��che meurtri��re, je n'��chappais �� la mort que de l'��paisseur d'un cheveu. Je dis comment j'avais ��t�� pris par l'insolent ennemi et vendu en esclavage; comment je fus rachet�� de mes
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