Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome V. | Page 7

Napoleon Bonaparte

le lieutenant Boske, du deuxième régiment de hussards prussiens, le
sous-officier Krance, et le hussard Lutze. S.M. a accordé la décoration
de la Légion-d'Honneur au général Roussel, aux officiers et au
sous-officier ci-dessus nommés.
Le général Nansouty a fait prisonniers cent trente hussards et dragons
russes montés.
Le 3 juillet, la communication a été ouverte entre Grodno et Vilna par
Lida. L'hetmann Platow, avec six mille cosaques, chassé de Grodno, se
présenta sur Lida, et y trouva les avant-postes français. Il descendit sur
Ivie le 5.
Le général comte Grouchy occupait Wichnew, Traboui et Soubonicki.
Le général baron Pajol était à Perckaï; le généra! baron Bordesoult était
à Blakchtoui; le maréchal prince d'Eckmühl était en avant de
Bobrowitski, poussant des têtes de colonne partout.
Platow se retira précipitamment, le 6, sur Nikolaew.
Le prince Bagration, parti dans les premiers jours de juillet de
Wolkowisk, pour se diriger sur Wilna, a été intercepté dans sa route. Il
est retourné sur ses pas pour gagner Minsk; prévenu par le prince
d'Eckmühl, il a changé de direction, a renoncé à se porter sur la Dwina,
et se porte sur le Borysthène par Bobruisk, en traversant les marais de
la Bérésina.
Le maréchal prince d'Eckmühl est entré le 8 à Minsk, Il y a trouvé des
magasins considérables en farine, en avoine, en effets d'habillement, etc.
Bagration était déjà arrivé à Novoi-Sworgiew; se voyant prévenu, il
envoya l'ordre de brûler les magasins; mais le prince d'Eckmühl ne lui
en a pas donné le temps.

Le roi de Westphalie était le 9 à Nowogrodek; le général Reynier, à
Slonim. Des magasins, des voitures de bagages, des pharmacies, des
hommes isolés ou coupés tombent à chaque moment dans nos mains.
Les divisions russes errent dans ces contrées sans directions prévues,
poursuivies partout, perdant leurs bagages, brûlant leurs magasins,
détruisant leur artillerie, et laissant leurs places sans défense.
Le général baron de Colbert a pris à Vileika un magasin de trois mille
quintaux de farine, de cent mille rations de biscuit, etc. Il a trouvé aussi
à Vileika une caisse de vingt mille francs en monnaie de cuivre.
Tous ces avantages ne coûtent presque aucun homme à l'armée
française: depuis que la campagne est ouverte, on compte à peine, dans
tous les corps réunis, trente hommes tués, une centaine de blessés et dix
prisonniers, tandis que nous avons déjà deux mille à deux mille cinq
cents prisonniers russes.
Le prince de Schwartzenberg a passé le Bug à Droghitschin, a
poursuivi l'ennemi dans ses différentes directions, et s'est emparé de
plusieurs voitures de bagages. Le prince de Schwartzenberg se loue de
l'accueil qu'il reçoit des habitans, et de l'esprit de patriotisme qui anime
ces contrées.
Ainsi dix jours après l'ouverture de la campagne, nos avant-postes sont
sur la Dwina. Presque toute la Lithuanie, ayant quatre millions
d'hommes de population, est conquise. Les mouvemens de guerre ont
commencé au passage de la Vistule. Les projets de l'empereur étaient
dès-lors démasqués, et il n'y avait pas de temps à perdre pour leur
exécution. Aussi l'armée a-t-elle fait de fortes marches depuis le
passage de ce fleuve, pour se porter par des manoeuvres sur la Dwina,
car il y a plus loin de la Vistule à la Dwina, que de la Dwina à Moscou
et a Pétersbourg.
Les Russes paraissent se concentrer sur Dunabourg; ils annoncent le
projet de nous attendre et de nous livrer bataille avant de rentrer dans
leurs anciennes provinces, après avoir abandonné sans combat la
Pologne, comme s'ils étaient pressés par la justice, et qu'ils voulussent
restituer un pays mal acquis, puisqu'il ne l'a été ni par les traités, ni par

le droit de conquête.
La chaleur continue à être très-forte.
Le peuple de Pologne s'émeut de tous côtés. L'aigle blanche est arborée
partout. Prêtres, nobles, paysans, femmes, tous demandent
l'indépendance de leur nation. Les paysans sont extrêmement jaloux du
bonheur des paysans du grand-duché, qui sont libres; car, quoi qu'on
dise, la liberté est regardée par les Lithuaniens comme le premier des
biens. Les paysans s'expriment avec une vivacité d'élocution qui ne
semble pas devoir appartenir aux climats du nord, et tous embrassent
avec transport l'espérance que la fin de la lutte sera le rétablissement de
leur liberté. Les paysans du grand-duché ont gagné à la liberté, non
qu'ils soient plus riches, mais que les propriétaires sont obligés d'être
modérés, justes et humains, parce qu'autrement les paysans quitteront
leurs terres pour chercher de meilleurs propriétaires. Ainsi le noble ne
perd rien; il est seulement obligé d'être juste, et le paysan gagne
beaucoup. Ç'a dû être une douce jouissance pour le coeur de l'empereur,
que d'être témoin, en traversant le grand-duché, des transports de joie et
de reconnaissance qu'excite le bienfait de la liberté accordée à quatre
millions d'hommes.
Six régimens d'infanterie de nouvelle levée viennent d'être décrétés en
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 125
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.