Nouvelles mille et une nuits | Page 8

Robert Louis Stevenson
chercher avec un soin extr��me et de lui en envoyer de la m��me qualit��, �� tout prix.?
Jusque-l��, l'��criture est assez r��guli��re; mais, �� la fin, la plume a crach��, comme si une ��motion trop forte brisait toutes les digues.
?Pour l'amour de Dieu, trouvez-m'en de l'ancienne!?
?Ceci est assur��ment l'��criture du docteur, dit Utterson.
--En effet, r��pond Poole; mais, peu importe son ��criture, je l'ai vu....
--Qui donc?
--Je l'ai surpris un jour qu'il ��tait sorti du cabinet et ne se croyait pas observ��. Ce n'a ��t�� qu'une minute; il s'est sauv�� avec une esp��ce de cri; mais je savais �� quoi m'en tenir, et mes cheveux se sont h��riss��s de crainte. Pourquoi mon ma?tre aurait-il eu un masque sur la figure et pourquoi aurait-il cri�� en s'enfuyant �� ma vue?
--Je crois que je devine, dit Utterson. Mon pauvre ami est atteint, sans doute, d'une maladie qui le d��figure autant qu'elle le fait souffrir, et qu'il veut d��rober �� tous les yeux. De l�� ce masque qu'il porte pour dissimuler quelque plaie affreuse, de l�� l'extraordinaire alt��ration de sa voix et l'impatience qu'il a de trouver un rem��de qui puisse le soulager.
--Non, monsieur, dit Poole r��solument, cet ��tre-l�� n'��tait pas mon ma?tre; mon ma?tre est grand, solide, celui-l�� n'��tait gu��re qu'un nain. Parbleu! depuis vingt ans, je le connais assez, mon ma?tre! Non, l'homme au masque n'��tait pas le docteur, et, si vous voulez que je vous dise ce que je crois, un meurtre a ��t�� commis.
--Puisque vous parlez ainsi, Poole, mon devoir est de m'assurer des faits. J'enfoncerai cette porte.?
Les deux hommes se munissent d'une hache et d'un tisonnier; ils envoient un valet de pied robuste garder la porte du laboratoire. Une derni��re fois, Utterson ��coute. Le bruit d'un pas l��ger se fait �� peine entendre sur le tapis.
?Tout le jour et une bonne partie de la nuit, il marche ainsi de long en large, dit le vieux domestique; une mauvaise conscience ne se repose pas. Et une fois... une fois, j'ai entendu qu'il pleurait.... On aurait dit une femme ou une ame en peine. Je ne sais quel poids m'est tomb�� sur le coeur. J'aurais pleur�� aussi.?
Le moment est venu d'agir.
?Jekyll, crie Utterson d'une voix forte, je demande �� vous voir.?
Pas de r��ponse.
?Je vous avertis; nous avons des soup?ons, je dois et je veux vous voir; si ce n'est pas de votre plein gr��, ce sera de force....
--Utterson, r��plique la voix, pour l'amour de Dieu, ayez piti��!?
Ce n'est pas la voix de Jekyll d��cid��ment, c'est celle de Hyde. Quatre fois la hache s'abat sur les panneaux qui r��sistent; un cri de terreur tout animal a retenti dans le cabinet. Au cinqui��me coup, la porte bris��e livre passage aux assi��geants, qui, constern��s du silence qui r��gne d��sormais, restent irr��solus sur le seuil. Une lampe ��claire paisiblement ce r��duit studieux, un bon feu brille dans l'atre, le th�� est pr��par�� sur une petite table; sans les armoires vitr��es remplies de produits chimiques, on se croirait dans l'int��rieur les plus bourgeois. Mais, au milieu de la chambre, g?t un cadavre, encore palpitant, celui d'Edward Hyde. Il est v��tu d'habits trop grands pour lui, des habits �� la taille du docteur. Sa main crisp��e tient encore une fiole de poison. Il s'est fait justice.
Quant au docteur, on ne le retrouve nulle part; mais, sur la table, aupr��s d'un ouvrage pieux pour lequel Jekyll avait exprim�� �� plusieurs reprises beaucoup d'estime, et qui cependant est annot�� de sa main avec force blasph��mes, aupr��s des soucoupes remplies de doses mesur��es d'un sel blanc, que Poole reconna?t pour la drogue que son ma?tre l'envoyait toujours demander, il y a des papiers.
En cherchant bien, Utterson d��couvre un testament qui lui l��gue, chose ��trange, tout ce qui devait appartenir �� Edward Hyde, puis une lettre d'adieu et une confession dont il prend connaissance, apr��s avoir lu le manuscrit du docteur Lanyon.
Ce manuscrit atteste un fait ��trange. Le 9 janvier, Lanyon a re?u de son vieux camarade de coll��ge, Henry Jekyll, une lettre charg��e qui l'adjure, au nom de leur amiti�� ancienne, de lui rendre un service duquel d��pend son honneur, sa vie. Il s'agit d'aller prendre dans son cabinet de travail, quitte �� en forcer la porte, des poudres et une fiole dont il indique exactement la place. Vers minuit un homme qu'il devra recevoir en secret, apr��s avoir renvoy�� ses domestiques, viendra lui dire le reste. Lanyon, sans rien comprendre �� cet appel, ob��it exactement; il se rend chez Jekyll; le vieux Poole, lui aussi, a ��t�� averti par lettre charg��e. Un serrurier est l�� qui attend; on p��n��tre dans le cabinet en for?ant la serrure, on d��couvre, �� l'endroit d��sign��, des sels quelconques, une teinture rouge qui ressemble �� du sang, un cahier qui renferme nombre de dates couvrant une p��riode de beaucoup d'ann��es, avec quelques notes inintelligibles. Lanyon, fort
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