Mistress Branican
The Project Gutenberg EBook of Mistress Branican, by Jules Verne
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Title: Mistress Branican
Author: Jules Verne
Release Date: March 4, 2006 [EBook #17914]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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BRANICAN ***
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Jules Verne
MISTRESS BRANICAN
(1891)
Table des matières
Première partie I Le «Franklin» II Situation de famille III
Prospect-House IV À bord du «Boundary» V Trois mois se passent VI
Fin d'une triste année VII Éventualités diverses VIII Situation difficile
IX Révélations X Préparatifs XI Première campagne dans la Malaisie
XII Encore un an XIII Campagne dans la mer de Timor XIV L'île
Browse XV Épave vivante XVI Harry Felton XVII Par oui et par non
Deuxième partie I En naviguant II Godfrey III Un chapeau historique
IV Le train d'Adélaïde V À travers l'Australie méridionale VI
Rencontre inattendue VII En remontant vers le nord VIII Au delà de la
station d'Alice-Spring IX Journal de mistress Branican X Encore
quelques extraits XI Indices et incidents XII Derniers efforts XIII Chez
les Indas XIV Le jeu de Len Burker XV Le dernier campement XVI
Dénouement Bibliographie
Première partie
I
Le «Franklin»
Il y a deux chances de ne jamais revoir les amis dont on se sépare pour
un long voyage: ceux qui restent peuvent ne se plus retrouver au retour;
ceux qui partent peuvent ne plus revenir. Mais ils ne se préoccupaient
guère de cette éventualité, les marins qui faisaient leurs préparatifs
d'appareillage à bord du Franklin, dans la matinée du 15 mars 1875.
Ce jour-là, le Franklin, capitaine John Branican, était sur le point de
quitter le port de San-Diégo (Californie) pour une navigation à travers
les mers septentrionales du Pacifique.
Un joli navire, de neuf cents tonneaux, ce Franklin, gréé en
trois-mâts-goélette, largement voilé de brigantines, focs et flèches,
hunier et perroquet à son mât de misaine. Très relevé de ses fayons
d'arrière, légèrement rentré de ses oeuvres vives, avec son avant
disposé pour couper l'eau sous un angle très fin, sa mâture un peu
inclinée et d'un parallélisme rigoureux, son gréement de fils galvanisés,
aussi raide que s'il eût été fait de barres métalliques, il offrait le type le
plus moderne de ces élégants clippers, dont le Nord-Amérique se sert
avec tant d'avantage pour le grand commerce, et qui luttent de vitesse
avec les meilleurs steamers de sa flotte marchande.
Le Franklin était à la fois si parfaitement construit et si intrépidement
commandé que pas un homme de son équipage n'eût accepté
d'embarquer sur un autre bâtiment -- même avec l'assurance d'obtenir
une plus haute paye. Tous partaient, le coeur plein de cette double
confiance, qui s'appuie sur un bon navire et sur un bon capitaine.
Le Franklin était à la veille d'entreprendre son premier voyage au long
cours pour le compte de la maison William H. Andrew, de San-Diégo.
Il devait se rendre à Calcutta par Singapore, avec un chargement de
marchandises fabriquées en Amérique, et rapporter une cargaison des
productions de l'Inde, à destination de l'un des ports du littoral
californien.
Le capitaine John Branican était un jeune homme de vingt-neuf ans.
Doué d'une physionomie attrayante mais résolue, les traits empreints
d'une rare énergie, il possédait au plus haut degré le courage moral, si
supérieur au courage physique -- ce courage «de deux heures après
minuit», disait Napoléon, c'est-à-dire celui qui fait face à l'imprévu et
se retrouve à chaque moment. Sa tête était plus caractérisée que belle,
avec ses cheveux rudes, ses yeux animés d'un regard vif et franc, qui
jaillissait comme un dard de ses pupilles noires. On eût difficilement
imaginé chez un homme de son âge une constitution plus robuste, une
membrure plus solide. Cela se sentait à la vigueur de ses poignées de
main qui indiquaient l'ardeur de son sang et la force de ses muscles. Le
point sur lequel il convient d'insister, c'est que l'âme, contenue dans ce
corps de fer, était l'âme d'un être généreux et bon, prêt à sacrifier sa vie
pour son semblable. John Branican avait le tempérament de ces
sauveteurs, auxquels leur sang-froid permet d'accomplir sans hésiter
des actes d'héroïsme. Il avait fait ses preuves de bonne heure. Un jour,
au milieu des glaces rompues de la baie, un autre jour, à bord d'une
chaloupe chavirée, il avait sauvé des enfants, enfant lui-même. Plus
tard, il ne devait pas démentir les instincts de dévouement qui avaient
marqué son jeune âge.
Depuis quelques années déjà,
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