Metella | Page 3

George Sand
le conna?tre, car il est encore...?
Le comte l'interrompit afin d'��luder la question: ?Et que r��pondit lady Mowbray?
--Elle accorda le rendez-vous, r��solue �� punir le jeune homme de sa fatuit�� et �� le couvrir de ridicule. Elle avait pr��par��, �� cet effet, je ne sais quel guet-apens de bonne compagnie, dont je ne sais pas bien les d��tails.
--N'importe, dit le comte.
--Le Florentin arriva donc; mais il ��tait si beau, si aimable, si spirituel, que lady Mowbray chancela dans sa r��solution. Elle l'��couta parler, h��sita et l'��couta encore. Elle s'attendait �� voir un impertinent qu'il faudrait chatier; elle trouva un jeune homme sinc��re, ardent et romanesque... Que vous dirai-je! Elle se sentit ��mue, et essaya pourtant de lui faire peur en lui parlant de pr��tendus dangers qui l'environnaient. Le Florentin ��tait brave; il se mit �� rire. Elle tenta alors de l'effrayer en le mena?ant de sa froideur et de sa coquetterie; il se mit �� pleurer, et elle l'aima... Si bien que le comte de... ma foi! je crois que son nom va me revenir... Buonacorsi... Belmonte... Buondelmonte, ah! m'y voici! le comte de Buondelmonte eut le pouvoir d'attendrir ce coeur rebelle. Lady Mowbray fixa �� Florence ses affections et sa vie. Le comte de Buondelmonte fut son premier et son seul amant sur la joyeuse terre d'Italie. Maintenant que je vous ai racont�� cette histoire telle qu'on me l'a donn��e, dites-moi, vous qui ��tes de Florence, si elle est vraie de tout point... Et cependant, si elle ne l'est pas, ne me dites pas que'c'est un conte fait �� plaisir; il est trop beau pour que je sois d��sabus�� sans regret!
--Monsieur, dit le comte, dont la figure avait pris une expression grave et pensive, cette histoire est belle et vraie. Le comte de Buondelmonte a v��cu dix ans le plus heureux et le plus envi�� des hommes aux pieds de lady Mowbray.
--Dix ans! s'��cria Olivier.
--Dix ans, monsieur, reprit Buondelmonte. Il y a dix ans que ces choses se sont pass��es.
--Dix ans! r��p��ta le jeune homme; lady Mowbray ne doit plus ��tre tr��s-jeune.?
Le comte ne r��pondit rien.
?On m'a pourtant assur�� �� Aix, poursuivit Olivier, qu'elle ��tait toujours belle comme un ange, qu'elle ��tait grande, l��g��re, agile, qu'elle galopait au bord des pr��cipices sur un vigoureux cheval, qu'elle dansait �� merveille. Elle doit avoir trente ans environ, n'est-ce pas, monsieur?
--Qu'importe son age! dit le comte avec impatience. Une femme n'a jamais que l'age qu'elle para?t avoir, et tout le monde vous l'a dit: lady Mowbray est toujours belle. On vous l'a dit, n'est-ce pas?
--On me l'a dit partout, �� Aix, �� Berne, �� G��nes, dans tous les lieux o�� elle a pass��.
--Elle est admir��e et respect��e, dit le comte.
--Oh! monsieur, vous la connaissez, vous ��tes son ami peut-��tre? Je vous en f��licite; quelle r��putation plus glorieuse que celle de savoir aimer? Que ce Buondelmonte a d? ��tre lier de retremper cette belle ame et de voir refleurir cette plante courb��e par l'orage!?
Le comte fit une l��g��re grimace de d��dain. Il n'aimait pas les phrases de roman, peut-��tre parce qu'il les avait aim��es jadis. Il regarda fixement le Genevois; mais voyant que celui-ci se grisait d��cid��ment, il voulut en profiter pour ��changer avec un homme sinc��re et confiant des id��es qui le g��naient depuis longtemps.
Sans se donner la peine de feindre beaucoup de d��sint��ressement, car Olivier n'��tait plus en ��tait de faire de tr��s-clairvoyantes observations, le comte posa sa main sur la sienne, afin d'appeler son attention sur le sens de ses paroles.
?Pensez-vous, lui demanda-t-il, qu'il ne soit pas plus glorieux pour un homme d'��branler la r��putation, d'une femme que de la r��tablir quand elle a' re?u, �� tort ou �� raison de notables ��checs?
--Ma foi, ce n'est pas mon opinion, dit Olivier. J'aimerais mieux relever un temple que de l'abattre.
--Vous ��tes un peu romanesque, dit le comte.
--Je ne m'en d��fends pas, cela est de mon age; et ce qui prouve que les exalt��s n'ont pas toujours tort, c'est que Buondelmonte fut r��compens�� d'une heure d'enthousiasme par dix ans d'amour.
--Lui seul pourrait ��tre juge dans cette question,? reprit le comte; et il se promena dans la chambre, les mains derri��re le dos et le sourcil fronc��. Puis, craignant de se laisser deviner, il jeta un regard de c?t�� sur son compagnon. Olivier avait la t��te pench��e en avant, le coude dans son assiette, et l'ombre de ses cils, abaiss��s par un doux assoupissement, se dessinait sur ses joues, que la chaleur g��n��reuse du vin colorait d'un ros�� plus vif qu'�� l'ordinaire. Le comte continua de marcher silencieusement dans la chambre jusqu'�� ce que le claquement des fouets et les pieds des chevaux eussent annonc�� que la cal��che ��tait pr��te. Le vieux domestique d'Olivier vint lui offrir une pelisse fourr��e que le jeune homme passa en baillant et en se frottant les yeux. Il
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