Marcof?
--Parce que le temps est rude, ma fille, et que, s'il arrivait malheur au _Jean-Louis_, le vieil Yvon ne s'en rel��verait pas...
--Est-ce que vous craignez pour le lougre? demanda Jahoua.
--Il est entre les mains de Dieu, mon gars. Je fais ce que je puis, mais la temp��te est dure et les rochers de Penmarckh sont bien pr��s.
--Sainte Vierge! prot��gez-nous! murmura la jeune fille.
--Ne craignez rien, ma douce Yvonne, dit Jahoua en s'approchant d'elle; le bon Dieu voit notre amour et il nous sauvera. Si nous nous trouvons embarqu��s �� bord du _Jean-Louis_, n'allions-nous pas faire un p��lerinage �� la Vierge de l'Ile de Groix pour qu'elle b��nisse notre union? Dieu nous ��prouve, mais il ne veut pas nous punir..... nous ne l'avons pas m��rit��...
--Vous avez raison, Pierre, ayons confiance.
--En attendant, ma fille, reprit Marcof, va me chercher ce bout de grelin qui est l�� roul�� au pied du mat de misaine. L��, c'est bien! Maintenant amarre-le solidement autour de ta taille; aide-la, Jahoua. Bon, ?a y est; approche, continua le marin en passant �� son tour son bras droit dans le reste de la corde �� laquelle Yvonne avait fait un noeud coulant. Va! ne crains rien, si nous sombrons en mer ou si nous nous brisons sur les c?tes, je te sauverai.
--Non, non, s'��cria imp��tueusement Jahoua; si quelqu'un doit sauver Yvonne en cas de p��ril, c'est �� moi que ce droit appartient...
--Toi, mon gars, occupe-toi de tes affaires, et laisse-moi arranger les miennes �� ma guise. Yvon m'a confi�� sa fille, �� moi, entends-tu, et je dois la lui ramener ou mourir avec elle.
--S'il y a du danger, Marcof, laissez-moi et sauvez-vous!... s'��cria Yvonne.
--Terre! cria tout �� coup une voix aigu? partie du haut de la mature.
--Voil�� le p��ril qui approche, murmura vivement Marcof �� voix basse. Silence tous deux et laissez-moi.
En ce moment, un ��clair qui d��chira les nues illumina l'horizon, et malgr�� la nuit d��j�� sombre on put distinguer les falaises s'��levant comme de gigantesques masses noires, par le tribord du _Jean-Louis_. La rafale poussait le navire �� la c?te avec une effroyable rapidit��.
--Marcof! dit le vieux Bervic en s'approchant vivement de son chef, au nom de Dieu! fais carguer la toile ou nous sommes perdus.
--Silence... s'��cria durement Marcof; �� ton poste! Prends ta hache, et, sur ta vie, fends la t��te au premier qui h��siterait �� ob��ir.
Le matelot gagna l'avant du navire sans r��pondre un seul mot, mais en pensant �� part lui que son chef ��tait devenu fou.
II
LA BAIE DES TR��PASS��S.
De toutes les c?tes de la vieille Bretagne, celle qui offre l'aspect le plus sauvage, le plus sinistre, le plus d��sol��, est sans contredit la _Torche de la t��te du cheval_, en breton Penmarckh. L��, rien ne manque pour frapper d'horreur le regard du voyageur ��perdu. Un chaos presque fantastique, des amoncellements ��tranges de rochers granitiques qu'on croirait foudroy��s, encombrent le rivage. La tradition pr��tend qu'�� cette place s'��levait jadis une cit�� vaste et florissante submerg��e en une seule nuit par une mer en fureur. Mais de cette cit��, il ne reste pas m��me le nom! Des falaises �� pic, des blocs ��cras��s les uns sur les autres par quelque cataclysme ��pouvantable, pas un arbre, pas d'autre verdure que celle des algues marines poussant aux crevasses des brisants, un promontoire ��troit, vacillant sans cesse sous les coups de mer et form�� lui-m��me de quartiers de rocs entass��s p��le-m��le dans l'Oc��an par les convulsions de quelque Titan agonisant; voil�� quel est l'aspect de Penmarckh, m��me par un temps calme et par une mer tranquille.
Mais lorsque le vent du sud vient chasser le flot sur les c?tes, lorsque le ciel s'assombrit, lorsque la temp��te ��clate, il est impossible �� l'imagination de r��ver un spectacle plus grandiose, plus ��mouvant, plus terrible, que ne l'offre cette partie des c?tes de la Cornouaille. On dirait alors que les vagues et que les rochers, que le d��mon des eaux et celui de la terre se livrent un de ces combats formidables dont l'issue doit ��tre l'an��antissement des deux adversaires. L'Oc��an, furieux, bondit ��cumant hors de son lit, et vient saisir corps �� corps ces falaises h��riss��es qui tremblent sur leur base. Sa grande voix mugit si haut qu'on l'entend �� plus de cinq lieues dans l'int��rieur des terres, et que les habitants de Quimper m��me fr��missent �� ce bruit redoutable. La langue humaine n'offre pas d'expressions capables de d��peindre ce bouleversement et ce chaos. Ce bruit infernal poss��de, pour qui l'entend de pr��s, les propri��t��s ��tranges de la fascination. Il attire comme un gouffre. Cent rochers, aux pointes aigu?s, sem��s de tous c?t��s dans la mer, obstruent le passage et s'��l��vent comme une premi��re et insuffisante barri��re contre la fureur du flot qui les heurte et les ��branle.
En franchissant cette sorte de fortification naturelle, en suivant la falaise dans la direction
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