Mademoiselle de Maupin | Page 3

Théophile Gautier
son ��ventail; votre soeur, votre cousine, etc.? (On peut diversifier les titres de parent��; il suffit que ce soient des femelles.)
Nota. -- Il y en a un qui a pouss�� la moralit�� jusqu���� dire: Je n��irai pas voir ce drame avec ma ma?tresse. -- Celui-l��, je l��admire et je l��aime; je le porte dans mon coeur, comme Louis XVIII portait toute la France dans le sien; car il a eu l��id��e la plus triomphante, la plus pyramidale, la plus ��bouriff��e, la plus luxorienne qui soit tomb��e dans une cervelle d��homme, en ce beno?t dix-neuvi��me si��cle o�� il en est tomb�� tant et de si dr?les.
La m��thode pour rendre compte d��un livre est tr��s exp��ditive et �� la port��e de toutes les intelligences:
?Si vous voulez lire ce livre, enfermez-vous soigneusement chez vous; ne le laissez pas tra?ner sur la table. Si votre femme et votre fille venaient �� l��ouvrir, elles seraient perdues. -- Ce livre est dangereux, ce livre conseille le vice. Il aurait peut- ��tre eu un grand succ��s, au temps de Cr��billon, dans les petites maisons, aux soupers fins des duchesses; mais maintenant que les moeurs se sont ��pur��es, maintenant que la main du peuple a fait crouler l����difice vermoulu de l��aristocratie, etc., etc., que... que... que... -- il faut, dans toute oeuvre, une id��e, une id��e... l��, une id��e morale et religieuse qui... une vue haute et profonde r��pondant aux besoins de l��humanit��; car il est d��plorable que de jeunes ��crivains sacrifient au succ��s les choses les plus saintes, et usent un talent, estimable d��ailleurs, �� des peintures lubriques qui feraient rougir des capitaines de dragons (la virginit�� du capitaine de dragons est, apr��s la d��couverte de l��Am��rique, la plus belle d��couverte que l��on ait faite depuis longtemps). -- Le roman dont nous faisons la critique rappelle Th��r��se philosophe, F��licia, le Comp��re Mathieu, les Contes de Gr��court.? -- Le journaliste vertueux est d��une ��rudition immense en fait de romans orduriers; -- je serais curieux de savoir pourquoi.
Il est effrayant de songer qu��il y a, de par les journaux, beaucoup d��honn��tes industriels qui n��ont que ces deux recettes pour subsister, eux et la nombreuse famille qu��ils emploient.
Apparemment que je suis le personnage le plus ��norm��ment immoral qu��il se puisse trouver en Europe et ailleurs; car je ne vois rien de plus licencieux dans les romans et les com��dies de maintenant que dans les romans et les com��dies d��autrefois, et je ne comprends gu��re pourquoi les oreilles de messieurs des journaux sont devenues tout �� coup si jans��niquement chatouilleuses.
Je ne pense pas que le journaliste le plus innocent ose dire que Pigault-Lebrun, Cr��billon fils, Louvet, Voisenon, Marmontel et tous autres faiseurs de romans et de nouvelles ne d��passent en immoralit��, puisque immoralit�� il y a, les productions les plus ��chevel��es et les plus d��vergond��es de MM. tels et tels, que je ne nomme pas, par ��gard pour leur pudeur.
Il faudrait la plus insigne mauvaise foi pour n��en pas convenir.
Qu��on ne m��objecte pas que j��ai all��gu�� ici des noms peu ou mal connus. Si je n��ai pas touch�� aux noms ��clatants et monumentaux, ce n��est pas qu��ils ne puissent appuyer mon assertion de leur grande autorit��.
Les Romans et les Contes de Voltaire ne sont assur��ment pas, �� la diff��rence de m��rite pr��s, beaucoup plus susceptibles d����tre donn��s en prix aux petites tartines des pensionnats que les Contes immoraux de notre ami le lycanthrope, ou m��me que les Contes moraux du doucereux Marmontel.
Que voit-on dans les com��dies du grand Moli��re? La sainte institution du mariage (style de cat��chisme et de journaliste) bafou��e et tourn��e en ridicule �� chaque sc��ne.
Le mari est vieux et laid et cacochyme; il met sa perruque de travers; son habit n��est plus �� la mode; il a une canne �� bec-de- corbin, le nez barbouill�� de tabac, les jambes courtes, l��abdomen gros comme un budget. -- Il bredouille, et ne dit que des sottises; il en fait autant qu��il en dit; il ne voit rien, il n��entend rien; on embrasse sa femme �� sa barbe; il ne sait pas de quoi il est question: cela dure ainsi jusqu���� ce qu��il soit bien et d?ment constat�� cocu �� ses yeux et aux yeux de toute la salle on ne peut plus ��difi��e, et qui applaudit �� tout rompre.
Ceux qui applaudissent le plus sont ceux qui sont le plus mari��s.
Le mariage s��appelle, chez Moli��re, George Dandin ou Sganarelle.
L��adult��re, Damis ou Clitandre; il n��y a pas de nom assez doucereux et charmant pour lui.
L��adult��re est toujours jeune, beau, bien fait et marqu��s pour le moins. Il entre en chantonnant �� la cantonade la courante la plus nouvelle; il fait un ou deux pas en sc��ne de l��air le plus d��lib��r�� et le plus triomphant du monde; il se gratte l��oreille avec l��ongle rose de son petit doigt coquettement ��carquill��; il peigne
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 168
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.