sorte de discipline dans son armée, se montrait aussi dans l'arrangement de ses affaires domestiques. Chaque département était sous le contr?le d'un chef qui était directement responsable devant l'empereur de tout ce qui dépendait du département qui lui était confié. Parmi ses officiers, tous hommes de position élevée, les uns étaient les surintendants des cuisiniers, des femmes qui préparaient les grands et insipides pains de l'Abyssinie, des porteuses de bois et des porteuses d'eau, etc. D'autres, appelés _Baldéras_, avaient la surveillance des haras royaux, les Azages, celle des serviteurs; les Bedjerand, du trésor, des approvisionnements, etc. Il y avait encore les Agafaris ou introducteurs, les Likamaquas ou chambellans; l'Afa-Négus ou bouche du roi était l'interprète.
Une chose étrange, c'est que Théodoros préférait pour son service personnel, ceux qui avaient servi des Européens. Son laquais, le seul qui soit resté avec lui jusqu'à la fin, avait été serviteur de Barroni, vice-consul à Massowah. Un autre, un jeune homme nommé Paul, était un ancien serviteur de M. Walker, d'autres encore avaient été au service de MM. Plowden, Bell et Cameron. A l'exception de son valet, qui était assid?ment auprès de lui, les autres, quoique demeurant dans la même enceinte, étaient plus spécialement chargés du soin de ses fusils, de ses sabres, de ses lances, de ses boucliers, etc. Il avait aussi autour de lui un grand nombre de pages; non pas, je crois qu'il réclamat souvent leur présence; mais c'était un honneur qu'il donnait aux chefs auxquels il confiait certains commandements ou le gouvernement de quelque province éloignée. Tout le service de la maison était confié à des femmes. Elles cuisaient, elles charriaient l'eau et le bois, elles nettoyaient la tente ou la hutte de Théodoros, selon qu'elles en avaient besoin. La plupart d'entre elles étaient des esclaves, qu'il avait enlevées à un marchand d'esclaves, au temps même où il faisait de vaillants efforts pour mettre un terme à la traite des noirs. Une fois par semaine, ou plus souvent selon le cas, un officier supérieur et son régiment avaient l'honneur de procéder, dans le ruisseau le plus rapproché, an lavage du linge de l'empereur, ainsi qu'à celui de la maison impériale. Personne, pas même le plus petit page, ne pouvait, sous peine de mort, pénétrer dans son harem. Il avait un grand nombre d'eunuques, la plupart étaient des Gallas; des soldats ou des chefs qui avaient subi la mutilation que les Gallas infligent à leurs ennemis blessés. La reine, ou la favorite du moment, avait une tente ou une maison à elle; et plusieurs eunuques la servaient; la nuit venue, ces serviteurs couchaient à la porte de sa tente, et étaient responsables de la vertu de la dame confiée à leur soin. Quant à ses autres femmes, qui furent autrefois l'objet de ses vives et passagères affections, délaissées maintenant, elles étaient entassées dix ou vingt ensemble dans la même tente ou la même hutte. Un ou deux eunuques et quelques femmes esclaves, étaient tout ce qu'il accordait à ces pauvres abandonnées.
Théodoros était plus bigot que religieux. Avant tout, il était superstitieux, et cela à un degré incroyable pour un homme si supérieur à tous ses concitoyens. Il avait toujours avec lui plusieurs astrologues, qu'il consultait dans toutes les occasions importantes, surtout avant d'entreprendre ses expéditions, et dont l'influence sur lui était étonnante. Il ha?ssait les prêtres, méprisait leur ignorance, dédaignait leurs doctrines et se raillait des histoires merveilleuses contenues dans leurs ouvrages; et pourtant il ne se mettait jamais en marche sans se faire accompagner d'une tente-église, d'une armée de prêtres, de desservants, de diacres, et ne passait jamais devant une église sans en baiser le seuil.
Quoiqu'il s?t lire et écrire, jamais il ne s'abaissa à correspondre personnellement avec quelqu'un; mais il se faisait toujours accompagner par plusieurs secrétaires auxquels il dictait ses lettres; sa mémoire était si prodigieuse qu'il pouvait dicter une réponse à une lettre re?ue des mois et même des années auparavant, ou discourir sur des sujets ou des événements arrivés dans un passé très-éloigné.--Supposons-le en campagne. Sur une colline éloignée s'élève une petite tente en flanelle rouge: c'est là que Théodoros a fixé sa demeure et celle de sa maison: A sa droite est l'église; près de sa tente celle de la reine, ou de la favorite du jour. Puis à c?té, une autre tente destinée à sa précédente favorite, qui voyage avec lui jusqu'à ce qu'une occasion favorable s'offre pour l'envoyer à Magdala, où des centaines d'entre elles sont retenues prisonnières, s'occupant à filer du coton pour les _shamas_[1] de leur ma?tre et pour leurs propres vêtements. Tout autour se dressent plusieurs tentes destinées à ses secrétaires, à ses pages, à ses domestiques, ainsi qu'aux provisions qui l'accompagnent. Lorsqu'il faisait un long séjour à un endroit, ses soldats construisaient des huttes pour lui et pour son peuple,
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