Mémoires secrets de Fournier lAméricain | Page 6

Claude Fournier
dépositions de témoins faites contre Fournier à cette occasion.]
Il se retira alors dans sa maison de campagne de Verneuil. Mais les attaques des feuilles thermidoriennes l'y poursuivirent, comme le prouve la lettre suivante, qu'il écrivit en l'an V au rédacteur du _Journal des hommes libres_[17]:
[Note 17: Le Journal des hommes libres, continuation du _Républicain_ (par Charles Duval et autres), commen?a à para?tre sous ce titre à partir du 29 juin 1793.]
Je vous prie, citoyen, d'insérer dans votre feuille la note ci-jointe. Vous obligerez un concitoyen qui désire dans tous les temps vous en témoigner sa reconnaissance.
?Quelle a été ma surprise de voir dans la feuille intitulée _le Miroir_[18] la note suivante:
[Note 18: Le Miroir, rédigé par le royaliste Beaulieu, commen?a à para?tre le 11 floréal an IV.]
?Il n'est personne dans la Révolution qui n'ait entendu parler d'un nommé Fournier l'Américain, fameux par cent expéditions révolutionnaires et notamment celle envers les prisonniers d'Orléans. Un jeune homme de Lyon, nommé Maupetit, agé de vingt-huit ans, a consenti à se battre en duel avant-hier au bois de Boulogne avec cet individu, et a re?u une blessure mortelle.?
?Je dois répondre aux calomnies des journaux chouans, qui veulent me qualifier d'assassin, par les tournures qu'ils veulent donner dans leurs sales feuilles malheureusement publiques. Je suis fort tranquille chez moi, depuis ma sortie des prisons, il y a environ un an, détenu par la tyrannie du Comité de s?reté générale pour cause non expliquée; plus, avoir resté encore quinze mois sous la tyrannie du Comité de salut public et de s?reté générale, réputée tyrannie de Robespierre, et ce pour cause encore non expliquée.
?Enfin, il est bon que toute la France sache que j'ai été tyrannisé de cachots en cachots, dans toutes les prisons de Paris pendant trois ans, et ce sans avoir jamais été ni interrogé, ni entendu, tous mes papiers enlevés de chez moi, que je n'ai pu jusqu'à ce moment obtenir; [ce] qui prouve bien clairement que je n'ai jamais été l'assassin de personne, que bien au contraire je suis devenu la proie de tous les intrigants, voleurs, agioteurs, royalistes et calomniateurs, tels que le Miroir et autres journalistes à gages que j'ai confondus devant les tribunaux de police, notamment le Courrier, dit _Républicain_[19], au sujet de la dénonciation d'un nommé Malgana, mouchard de je ne sais qui.
[Note 19: Le _Courrier républicain_, continuation du _Courrier fran?ais_, avait commencé à para?tre le 10 brumaire an II. Il était rédigé par un certain Auvray.]
Par conséquent, étant à sept lieues de Paris à cultiver mon jardin, je peux prouver à ce Miroir que je ne suis point le Fournier qui a eu cette affaire avec M. Maupetit, de Lyon, et qu'il n'a voulu profiter du nom de Fournier que pour me calomnier.
Enfin, quand est-ce que finiront mes tourments, depuis 1782 jusqu'à ce jour, tyrannisé sous le gouvernement royal et sous les gouvernements qui lui ont succédé, sans pouvoir obtenir justice que je ne cesse de réclamer?
Citoyen, si mes moyens m'eussent permis de me faire imprimer, je vous aurais évité la peine de transmettre cette note dans votre journal. J'espère que vous vous ferez un plaisir de l'insérer dans dans votre plus prochain numéro.
FOURNIER[20].
[Note 20: _Collection de M. Etienne Charavay_.--Cette lettre est sans date. Mais Fournier dit qu'il l'écrit un an après sa sortie de prison, c'est-à-dire en l'an V.]
En fructidor an VII, le nom de Fournier se trouve au bas de la pétition des citoyens de Paris contre la nomination de Sieyès au Directoire.
Sous le Consulat[21], il fut une des personnes qui, à la suite de l'attentat de la rue de Saint-Nicaise, se virent l'objet des mesures de rigueur approuvées par le sénatus-consulte du 15 niv?se an IX. Des ordres furent donnés pour le déporter à l'?le d'Oléron. Mais il parvint d'abord à se soustraire aux poursuites et se cacha à Villejuif, où il se pla?a comme jardinier. Arrêté deux ans plus tard, il fut enfermé au fort de Joux avec les nommés Chateau, Michel et Brisavin, le 2 fructidor an XI (20 ao?t 1803).
[Note 21: Le 24 brumaire an IX, il adresse une longue pétition au premier Consul. (Voir _Les déportations du Consulat et de l'Empire_, par Jean Destrem. Paris, 1885, in-12, p. 393.)]
Le 20 novembre suivant, tous quatre furent transférés à l'?le d'Oléron, puis embarqués (10 vent?se an XII) pour Cayenne. Fournier y séjourna jusqu'au moment où les Anglais s'emparèrent de cette colonie[22]. A cette époque, il revint en France (1809). On ne l'y laissa pas en liberté complète. Il fut mis en surveillance à Auxerre, et arriva dans cette ville le 16 octobre 1809[23]. Il y fut surpris, deux ans plus tard, préparant contre les droits réunis une sorte d'émeute, qui faillit éclater dans la nuit du 7 au 8 juillet 1811. L'Empereur ordonna qu'il f?t déporté au chateau d'If, avec Calendini.
[Note 22: Voir
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