parade, depuis l'absence de l'empereur, avait lieu tous les vendredis sur la place Vend?me.
Les troupes du faubourg Saint-Antoine étaient obligées de partir de bonne heure pour s'y rendre c'est ce qui fit que le spectacle de la 10e cohorte avec armes et bagages ne parut pas étonnant.
Lamotte amène sa cohorte par la grande rue Saint-Antoine, jusqu'à la porte de la prison de la Force; il se la fait ouvrir, et, sans y entrer lui-même, il se fait amener les généraux Guidal et Lahorie, qui y étaient détenus; il ferme ensuite la porte de la prison d'où il défend de laisser sortir qui que ce soit; il embrasse Lahorie et Guidal, leur fait part de la mort de l'empereur et de tout ce qui en était la suite, et leur dit: ?Il n'y a pas de temps à perdre; voilà vos instructions, prenez cette troupe pour les exécuter: je n'ai besoin que d'une demi-compagnie pour aller m'emparer du gouvernement, où j'attendrai de vos nouvelles. Ensuite nous nous réunirons à l'h?tel-de-ville.?
Lahorie crut de bonne foi à la mort de l'empereur, et comme il avait été dans la confiance du général Moreau, il savait ce qu'il avait eu le projet de faire; il avait mémoire du 18 brumaire, auquel il avait assisté; ces idées-là revinrent à son esprit, surtout en voyant Mallet en habit brodé et suivi d'une troupe régulière. Il lut l'instruction que lui donnait Mallet, prit la cohorte dont celui-ci n'avait gardé que cinquante hommes, et courut s'emparer de la préfecture de police. Il trouva M. Pasquier, qui avait coutume de se lever de bonne heure, déjà à son cabinet; il l'arrêta et lui substitua le jeune Vendéen, ainsi que l'abbé Lafond. Le préfet de police, quoique dans cette situation, trouva le moyen de m'envoyer bien vite un de ses employés, pour me prévenir de ce qui se passait; cet employé, en arrivant chez moi, n'insistait que pour me voir et me parler au plus vite, sans rien dire de plus. Comme il était connu du portier de l'h?tel, il aurait pu commencer par faire fermer la porte; il ne le fit pas, et trouva la consigne que j'avais donnée à cinq heures du matin (en me couchant), pour qu'on me laissat en repos à moins de force majeure. Comme il était venu à pied, il ne devan?ait que de très peu la colonne du général Lahorie, qui était sur ses pas, et qui entra comme un trait, ainsi que je l'ai dit.
Lahorie avait envoyé le général Guidal, qui était venu avec lui arrêter le ministre de la guerre; mais le sergent par lequel il voulait me faire assassiner lui ayant manqué de parole, il courut lui-même après ce général, qu'il atteignit dans la rue des Saints-Pères, et ramena chez moi avec son détachement. C'est à ce seul incident, que le ministre de la guerre doit de n'avoir pas eu la même aventure que moi.
Mallet, en quittant Lahorie, à la porte de la Force, avait envoyé par des soldats de la 10e cohorte, aux deux commandants des régiments de la garde soldée de Paris, des paquets renfermant des pièces semblables à celles qu'il avait lues à sa troupe avant de l'emmener, et de plus une instruction que ces deux régiments devaient suivre de point en point.
Il employa l'un à fermer toutes les barrières de Paris, avec défense d'en laisser sortir qui que ce f?t; ce qui fut fait, en sorte que dans les villes du voisinage, d'où on aurait pu avoir des secours, si l'on en avait eu besoin, on n'aurait rien su de ce qui se passait à Paris. Il employa l'autre à occuper la banque, la trésorerie et autres points de l'administration publique. à la trésorerie, il éprouva de la résistance; le ministre s'y était rendu et sut se servir de la garde de sa maison, pour ne pas laisser méconna?tre son autorité. Mais dans les deux régiments entiers de la garde soldée de Paris qui faisaient le service de la place, il n'y eut pas une objection opposée à l'exécution des ordres de Mallet.
En même temps que Mallet faisait ainsi agir sur plusieurs points à la fois, il descendait la rue Saint-Honoré avec sa petite troupe. Il tourna le coin de la rue qui mène à la place Vend?me, et de là, il expédia un officier avec vingt-cinq soldats de sa troupe, auxquels il ordonna d'aller se mettre en bataille devant la porte du bureau de l'état-major, qui était dans la maison placée dans l'angle de la place Vend?me, à gauche, et de n'en laisser sortir personne.
En même temps, il donna à l'officier un paquet pour l'adjudant-général Doucet; le paquet contenait les mêmes pièces que les autres, la mort de l'empereur, l'acte du sénat, les proclamations, la nomination de Mallet au gouvernement de Paris, une nomination de général
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