Lucrezia Floriani
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Title: Lucrezia Floriani
Author: George Sand
Release Date: July 13, 2005 [EBook #16286]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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LIBRAIRIE BLANCHARD RUE RICHELIEU, 78
��DITION J. HETZEL
LIBRAIRIE MARESCO ET Cie 6, RUE DU PONT-DE-LODI
[Illustration]
LUCREZIA FLORIANI
NOTICE
Je n'ai point �� dire ici sous l'empire de quelles id��es litt��raires j'ai ��crit ce roman, puisqu'il est accompagn�� d'une pr��face qui r��sume mes opinions d'alors, et que ces opinions n'ont pas chang��. Mais je tiens �� bien dire ce que j'ai seulement indiqu�� dans cette pr��face �� l'��gard des productions contemporaines dont j'ai critiqu�� la forme et rejet�� l'exemple.
Ce n'est point par fausse modestie, encore moins par pusillanimit�� de caract��re, que je d��clare aimer beaucoup les ��v��nements romanesques, l'impr��vu, l'intrigue, l'action dans le roman. Pour le roman comme pour le th��atre, je voudrais que l'on trouvat le moyen d'allier le mouvement dramatique �� l'analyse vraie des caract��res et des sentiments humains. Sans vouloir faire ici la critique ni l'��loge de personne, je dis que ce probl��me n'est encore r��solu d'une mani��re g��n��rale et absolue, ni pour le roman, ni pour le th��atre. Depuis vingt ans, on flotte entre les deux extr��mes, et, pour ma part, aimant les ��motions fortes dans la fiction, j'ai march�� cependant dans l'extr��me oppos��, non point tant par go?t que par conscience, parce que je voyais ce c?t�� n��glig�� et abandonn�� par la mode. J'ai fait tous mes efforts, sans m'exag��rer leur faiblesse ni leur importance, pour retenir la litt��rature de mon temps dans un chemin praticable entre le lac paisible et le torrent fougueux. Mon instinct m'e?t pouss�� vers les ab?mes, je le sens encore �� l'int��r��t et �� l'avidit�� irr��fl��chie avec lesquels mes yeux et mes oreilles cherchent le drame; mais quand je me retrouve avec ma pens��e apais��e et rassasi��e, je fais comme tous les lecteurs, comme tous les spectateurs, je reviens sur ce que j'ai vu et entendu, et je me demande le pourquoi et le comment de l'action qui m'a ��mu et emport��. Je m'aper?ois alors des brusques invraisemblances ou des mauvaises raisons de ces faits que le torrent de l'imagination a pouss��s devant lui, au m��pris des obstacles de la raison ou de la v��rit�� morale, et de l�� le mouvement r��trograde qui me repousse, comme tant d'autres, vers le lac uni et monotone de l'analyse.
Pourtant, je ne voudrais pas voir la g��n��ration �� laquelle j'appartiens s'oublier trop longtemps sur ces eaux dormantes et m��conna?tre le progr��s qui l'appelle sans cesse vers des horizons nouveaux. Lucrezia Floriani, ce livre tout d'analyse et de m��ditation, n'est donc qu'une protestation relative contre l'abus de ces formes �� la mode d'alors, v��ritables machines �� surprises, dont il me semblait voir le public confondre avec peu de discernement les qualit��s et les d��fauts.
Dirai-je maintenant un mot sur mon oeuvre m��me, non pas quant �� la forme, qui a tous les d��fauts (accept��s d'avance) que mon plan comportait, mais quant au fond, cette inali��nable question de libert�� intellectuelle que chaque lecteur s'est toujours arrog�� et s'arrogera toujours le droit de contester? Je ne demande pas mieux. Victor Hugo, d��niant au public, dans la pr��face des Orientales, le droit d'adresser au po?te son insolent pourquoi, et d��cr��tant qu'en fait de choix dans le sujet, l'auteur ne relevait que de lui-m��me, avait certainement raison devant la puissance surhumaine qui envoie au po?te l'inspiration, sans consulter le go?t, les habitudes ou les opinions du si��cle. Mais le public ne se rend pas �� de si hautes consid��rations; il va son train, et continue �� dire aux grands comme aux petits: Pourquoi nous servez-vous ce mets? De quoi se compose-t-il? O�� l'avez-vous pris? Avec quoi est-il assaisonn��? etc., etc.
De telles questions sont assez oiseuses, et surtout elles sont embarrassantes; car cet instinct qui porte un ��crivain �� choisir aujourd'hui tel ou tel sujet qui ne l'e?t peut-��tre pas frapp�� hier, est insaisissable de sa nature. Et si l'on y r��pondait ing��nument, le public serait-il beaucoup plus avanc��?
Si je vous disais, par exemple, ce qu'un tr��s-grand po?te me disait un jour, sans aucune affectation, et m��me avec une na?vet�� enjou��e: �� toute heure, mille sujets flottent et se succ��dent dans ma cervelle: tous me plaisent un instant, mais je ne m'y arr��te point, sachant que celui que je suis capable de traiter _m'empoignera_ d'une mani��re toute particuli��re et me
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