je t'ayme Alexis, ouy je t'ayme mon ame,?Et tu me ferois tort de douter de ma flame;?Puis qu'il est asseur�� qu'il n'est rien soubs les Cieux?Qui soit cher �� mes sens �� l'esgal de tes yeux;?Toutesfois inhumain. Que dis-tu miserable!?Vois-tu pas que ce mot te peut rendre coupable!?Ah pardon, cher Espoux, ce mot m'est eschapp��?Sans consulter ce coeur que ton oeil a frapp��,?Et que hors de saison ton absence desole?Quand tu le peux guerir d'une seule parole.?Quoy tu ne parois pas? & dans un mesme jour?J'auray veu commencer & finir ton amour??Est-ce l�� cette ardeur que tu m'avois jur��e??Cette fidelit�� d'eternelle dur��e,?Ces tendresses, ces feux, & ces ravissemens?Qu'en ces occasions t��moignent les amans??Quoy donc feray-je vefve aussi tost qu'espous��e??Quoy, ne t'ay-je chery que pour estre abus��e??Et ne respondras-tu qu'avecque des mespris?Au brazier innocent dont mon coeur est espris??Ah c'est trop de rigueur, & trop d'ingratitude;?Lucelle tire moy de cette inquietude,?Va, retourne.
LUCELLE.
O�� Madame.
OLYMPIE.
Ah tu me faits mourir,?Vole, & faits qu'Alexis me vienne secourir,?Ouy, dis luy mon amour & mon impatience,?Conjure-le de rendre �� mes yeux sa presence,?Et si c'est son dessein d'abandonner ce lieu,?Qu'il vienne au moins me dire un pitoyable adieu.
VIRGINIE.
Vous luy donnez, Madame, une peine inutile;?En vain on a desja couru toute la ville,?En vain on l'a cherch�� dans son appartement,?Ceans, chez l'Empereur, tout s'est fait vainement,?Euphemien confus met chacun en alarmes,?Il d��pesche par tout, sa mere fond en larmes,?Et d'une voix qui fend les coeurs plus endurcis,?Remplit l'air du beau nom de son cher Alexis.
OLYMPIE.
Quoy donc il est party cet Astre de ma vie??Il a donc �� mes yeux sa lumiere ravie??Et cet oeil provident qui nous donne le jour?Ne me fait point revoir l'objet de mon amour??Ah soleil importun! odieuse lumiere,?Pourquoy commences tu ta funeste carriere??Cesse, cesse de luire en ces lieux obscurcis,?Et n'y parois jamais qu'avec mon Alexis.?Alexis! ah beau nom qui charme mon oreille,?Beau nom unique prix d'une amour sans pareille,?Nom seul allegement d'un feu continuel,?Pourquoy m'es-tu si doux quand il m'est si cruel??Mais pourquoy m'amuse-je �� d'inutiles plaintes??Mon esprit n'est-il pas esclaircy de ses craintes.?Ah dans un sentiment & si juste & si vif,?Suivons, suivons les pas de ce beau fugitif,?Et faisons reconnoistre aux esprits infideles,?Aussi bien que des fers que l'amour a des aisles.?Allons donc... mais o�� vay-je? o��? qu'importe, o�� le sort Voudra que je rencontre Alexis ou la mort.?Allons.
VIRGINIE.
En cet estat? H�� de grace, Madame,?Moderez ces transports qui bourellent vostre ame,?Remettez vous un peu, prenez ces vestemens.
OLYMPIE.
Ah cachez �� mes yeux ces pompeux ornemens:?En un si pitoyable & si triste Hymen��e,?Ils ont par trop d'esclat pour une infortun��e;?Ensevelissez moy dans un habit de deuil,?Et pour lit nuptial qu'on m'apreste un cercueil:?Ostez moy ces tableaux, abatez ces balustres,?Ce faste ne sied bien qu'aux personnes illustres,?Que le ciel plus benin void d'un regard plus doux,?Et non pas aux objets qu'il regarde en couroux.?Mais que trouv��-je icy? Grand Dieu, c'est la figure?Du mortel plus charmant qui soit en la nature,?Mais helas, c'est aussi l'insensible tableau?De ce cruel Espoux qui m'envoye au tombeau:?Precieuse faveur? agreable relique,?Doux charme de mes maux, & mon espoir unique,?Beau portrait d'Alexis, dis moy cher imposteur,?Pourquoy dedans tes traits parois-tu si menteur!?Pourquoy soubz la douceur d'un si charmant visage?Caches-tu les rigueurs d'un esprit si sauvage??Il est vray qu'en ce poinct mon doute est esclaircy,?Car je vois que son coeur ne paroist pas icy,?Et que de ce Captif pour qui je suis en peine?Il ne m'est rien rest�� que l'ombre & que la chaine.?Chers gages d'un Hymen que le ciel rigoureux?Ou devoit empescher, ou rendre plus heureux,?Agreables liens, belle & cruelle feinte,?Du vray bien dont la perte anime icy ma pleinte,?Tesmoins de mon amour comme de mes douleurs,?Prenez en mesme temps mes baisers & mes pleurs.?Helas, combien de fois quand la Troupe importune?De mille Amans pressez d'une flame commune?Sollicitoient mon ame �� leur donner ma foy,?Ay-je dit, Alexis tu seras seul �� moy:?Mais de ce peu de mots, Espoux impitoyable!?Une partie est fausse, & l'autre est veritable,?Car en ton seul objet est mon souverain bien,?Mais, ? triste pens��e! cruel, tu n'es pas mien.
SCENE IV.
LUCELLE, OLYMPIE, VIRGINIE.
LUCELLE.
Appaisez vous. Voicy...
OLYMPIE.
Qui? mon Espoux?
LUCELLE.
Sa mere.
OLYMPIE.
? foible & vain remede �� ma douleur amere!?Sans mon cher Alexis je ne la s?aurois voir.
VIRGINIE.
Preparez vous pourtant �� la bien recevoir,?Et malgr�� les regrets d'une si rude absence?Joignez �� vostre amour un peu plus de constance,?Elle ne vient icy que pour vous consoler.
OLYMPIE.
Et c'est de quoy jamais il ne me faut parler,?Comme pour Alexis mon amour fut extr��me,?Mon regret aujourd'huy le doit estre de mesme,?Et mon ressentiment paroistroit bien leger,?Si par de vains discours il pouvoit s'alleger.
LUCELLE.
La voicy.
SCENE V.
AGLEZ, OLYMPIE, LUCELLE, VIRGINIE.
AGLEZ.
Chere fille, & femme trop aymable?D'un fils qui me fut cher, autant qu'impitoyable,?Helas avec quel front me puis-je presenter?Devant ces yeux divins que je crains d'irriter,?Si je vous parle encor de cet autre Thes��e?Qui vous a comme moy lachement
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