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L'hérésiarque et Cie, by Guillaume Apollinaire
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Title: L'hérésiarque et Cie
Author: Guillaume Apollinaire
Release Date: August 19, 2007 [EBook #22356]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'HéRéSIARQUE ET CIE ***
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GUILLAUME APOLLINAIRE
L'Hérésiarque & Cie
--TROISIèME éDITION--
PARIS P.-V. STOCK, éDITEUR
155, RUE SAINT-HONORé, 155
1910 Tous droits réservés.
L'auteur et l'éditeur déclarent réserver leurs droits de traduction et de reproduction pour tous les pays, y compris la Suède et la Norvège.
Cet ouvrage a été déposé au Ministère de l'Intérieur (section de la librairie) en octobre 1910.
OUVRAGES DU MêME AUTEUR
Chez HENRI KAHNWEILER, éditeur, 28, rue Vignon:
L'Enchanteur Pourrissant, avec bois d'André Derain; édition de Bibliophiles, 106 exemplaires.
L'exemplaire sur papier vergé 60 francs L'exemplaire sur papier Japon 120 --
SOUS PRESSE
Chez DEPLANCHE, éditeur d'Art, 18, rue de la Chaussée-d'Antin:
Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée, poèmes, avec bois de Raoul Dufy, édition de Bibliophiles, 120 exemplaires.
L'exemplaire sur papier Hollande 100 francs L'exemplaire sur papier Japon 125 --
E. GREVIN--IMPRIMERIE DE LAGNY
De cet ouvrage il a été tiré à part VINGT ET UN EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE HOLLANDE numérotés et paraphés par l'éditeur.
à THADéE NATANSON CES PHILTRES DE PHANTASE
LE PASSANT DE PRAGUE
En mars 1902, je fus à Prague.
J'arrivais de Dresde.
Dès Bodenbach, où sont les douanes autrichiennes, les allures des employés de chemin de fer m'avaient montré que la raideur allemande n'existe pas dans l'empire des Habsbourg.
Lorsqu'à la gare je m'enquis de la consigne, afin d'y déposer ma valise, l'employé me la prit; puis, tirant de sa poche un billet depuis longtemps utilisé et graisseux, il le déchira en deux et m'en donna une moitié en m'invitant à la garder soigneusement. Il m'assura que, de son c?té, il ferait de même pour l'autre moitié, et que, les deux fragments de billet co?ncidant, je prouverais ainsi être le propriétaire du bagage quand il me plairait de rentrer en sa possession. Il me salua en retirant son disgracieux képi autrichien.
à la sortie de la gare Fran?ois-Joseph, après avoir congédié les faquins, d'obséquiosité tout italienne, qui s'offraient en un allemand incompréhensible, je m'engageai dans de vieilles rues, afin de trouver un logis en rapport avec ma bourse de voyageur peu riche. Selon une habitude assez inconvenante, mais très commode quand on ne conna?t rien d'une ville, je me renseignai auprès de plusieurs passants.
Pour mon étonnement, les cinq premiers ne comprenaient pas un mot d'allemand, mais seulement le tchèque. Le sixième, auquel je m'adressai, m'écouta, sourit, et me répondit en fran?ais:
--Parlez fran?ais, monsieur, nous détestons les Allemands bien plus que ne font les Fran?ais. Nous les ha?ssons, ces gens qui veulent nous imposer leur langue, profitent de nos industries et de notre sol dont la fécondité produit tout, le vin, le charbon, les pierres fines et les métaux précieux, tout, sauf le sel. à Prague, on ne parle que le tchèque. Mais lorsque vous parlerez fran?ais, ceux qui sauront vous répondre le feront toujours avec joie.
Il m'indiqua un h?tel situé dans une rue dont le nom est orthographié de telle sorte qu'on le prononce Porjitz, et prit congé en m'assurant de sa sympathie pour la France.
* * * * *
Peu de jours auparavant, Paris avait fêté le centenaire de Victor Hugo.
Je pus me rendre compte que les sympathies bohémiennes, manifestées à cette occasion, n'étaient pas vaines. Sur les murs, de belles affiches annon?aient les traductions en tchèque des romans de Victor Hugo. Les devantures des librairies semblaient de véritables musées bibliographiques du poète. Sur les vitrines étaient collés des extraits de journaux parisiens relatant la visite du maire de Prague et des Sokols. Je me demande encore quel était le r?le de la gymnastique en cette affaire.
Le rez-de-chaussée de l'h?tel qui m'avait été indiqué, était occupé par un café chantant. Au premier étage, je trouvai une vieille qui, après que j'eus débattu le prix, me mena dans une chambre étroite où étaient deux lits. Je spécifiai que j'entendais habiter seul. La femme sourit, et me dit que je ferais comme bon me semblerait; qu'en tout cas je trouverais facilement une compagne au café-chantant du rez-de-chaussée.
* * * * *
Je sortis, dans l'intention de me promener tant qu'il ferait jour et de d?ner ensuite dans une auberge bohémienne. Selon ma coutume, je me renseignai auprès d'un passant. Il se trouva que celui-ci reconnut aussi mon accent et me répondit en fran?ais:
--Je suis étranger comme vous, mais je connais assez Prague et ses beautés pour
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