leurs agens dans la Chambre des Communes. Tous les proprietaire savaient leurs creanciers hypothecaires et leurs agens commerciaux residant a Londres, et dans les autres grands ports de l'Angleterre. C'etaient des hommes extremement riches et de grande influence, dont les interets etaient etroitement unis a ceux de ces proprietaires. Tous ces individus etaient animes du zele, de l'activite et de la perseverance que communique un interet mal entendu. L'etablissement des colonies anglaises dans les Indes Occidentales, datait de si loin, les proprietaires de ces colonies, residant dans les diverses provinces du royaume, etaient devenus si nombreux, qu'insensiblement ils s'etaient entoures d'une vaste atmosphere d'interets homogenes faisant cause commune avec les leurs.
[Note 2: Liverpool. C'est de cette ville que se faisaient presque tous les armemens pour l'Afrique.]
Une foule d'honnetes gens etaient arrives, peu a peu, a partager leurs erreurs et leurs craintes. Ainsi leurs idees etaient devenues le partage d'une grande partie de la nation, et un grand nombre de citoyens probes et desinteresses qui, s'ils eussent connu la nature de la Traite, fussent devenus nos amis et nos soutiens, etaient alors dans les rangs de nos ennemis, d'autant plus redoutables qu'ils etaient plus consciencieux. Le corps colonial etait donc devenu un parti puissant dans l'Etat, et, en Angleterre, un parti de quelque importance ne tarde pas a avoir des champions et des defenseurs au sein du parlement. Reconnaissons neanmoins, a l'honneur du caractere britannique, qu'il ne se trouva alors aucun homme remarquable par son influence ou ses talens, et, a l'exception de ceux dont les interets etaient specialement compromis dans cette grande question, aucun individu dans la Grande-Bretagne, qui ne condamnat franchement la Traite comme indigne d'etre defendue, se bornant a repousser notre mode d'abolition, comme moins efficace et moins juste que celui qu'ils proposaient. Par toutes les raisons que nous venons de detailler, il arriva qu'une confederation puissante se forma contre nous. Long-temps elle trouva les forces necessaires pour repousser toutes nos attaques et aneantir nos esperances les mieux fondees. Mais les amis de l'abolition ne se decouragerent pas. Nous jugeames qu'il entrait dans notre plan et dans notre devoir, de contre-balancer et de combattre l'opposition redoutable qui s'etait formee de tous ceux qui regardaient leurs interets menaces par la solution de cette grande question. Nous pensames que le meilleur moyen a employer, etait d'enroler sous nos drapeaux et d'amener sur le champ de bataille, tout ce que la Grande-Bretagne comptait de citoyens sages, bons et humains. Nous nous employames, sur-le-champ, a cette grande oeuvre, et nous la poursuivimes avec une imperturbable perseverance. Confians dans la justice de notre cause, nous sentimes qu'il nous fallait faire un appel a tous les esprits humains, eclaires et genereux. Les erreurs et les mensonges de nos adversaires furent refutees, un a un, et exposes au grand jour. On pulverisa cette insolente allegation que les Noirs sont d'une nature inferieure a la notre, calomnie effrontee et atroce, au moyen de laquelle les bourreaux osaient arguer de l'etat de misere ou ils avaient reduit leurs victimes, et s'en faire un titre pour continuer, a leur egard, leurs attentats et leurs cruautes. Cependant cette lache imposture avait ete generalement repandue. Affirmee par les historiens, adoptee par les philosophes, les marchands d'esclaves et les colons s'en etaient habilement empares, et en faisaient l'un de leurs argumens favoris. Telles avaient ete, selon eux, les fatales consequences de cet etat d'inferiorite intellectuelle et d'avilissement moral, dans lequel etaient plonges les malheureux Africains, que le mal etait devenu incurable, et que, bien qu'ils n'approuvassent pas tous les moyens mis en usage par la Traite, encore etait-ce rendre un service reel a ces miserables, que de les arracher a une terre de malediction pour les transporter a un esclavage eternel aux Indes Occidentales. Ainsi, on joignait l'insulte au crime contre ces deplorables victimes de l'avarice europeenne. Pour confondre ces coupables allegations, il fut prouve qu'a l'exception de ceux qu'avait corrompus le commerce des nations europeennes, les enfans de l'Afrique etaient en general eminemment bons, aimans et hospitaliers. Les voyageurs Mungo Park et Golberry, bien que ce dernier fut personnellement interesse a favoriser la Traite, n'en attesterent pas moins, par d'innombrables et irrecusables temoignages, le naturel bon et humain des Africains, leur bienveillance, leur politesse, leur tendresse pour les auteurs de leurs jours et pour leurs enfans, leurs affections domestiques et sociales, leur Amour de la verite, leur courage, leur reconnaissance, leur fidelite dans l'union conjugale, leur industrie et leur perseverance dans le travail lorsqu'ils ont quelqu'espoir d'en recueillir le fruit, leur attachement extraordinaire a leur pays et aux lieux qui les ont vus naitre, et, enfin, le caractere de magnanimite dont ils ont souvent donne des preuves qui honoreraient partout la nature humaine. Tout cela fut prouve d'une maniere irrecusable. On prouva que ce n'etait qu'en s'appuyant du plus grossier
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