Les sports à la mode | Page 9

Camille Meillac
bras; la pratique des anneaux assouplit les reins; enfin on s'accoutume à surmonter le vertige en marchant sur le portique. Les agrès permettent une multitude de tours de force, dont plusieurs sont dangereux et qu'il ne faut exécuter, que quand on est bien entra?né et sous la surveillance d'un moniteur.
Mais la gymnastique offre encore d'autres ressources à ses fidèles: la lutte à la corde, que deux camps tirent chacun de leur c?té, constitue à elle toute seule un petit sport; les haltères, qu'il vaut mieux choisir assez légers au début, mais qui peuvent peser jusqu'à 15 kilos; les massues ou mils dont le poids varie de 1 kilo pour les enfants à 9 kilos pour les hommes vigoureux, et que l'on apprend à manier dans tous les sens, au-dessus de la tête, devant ou derrière. La barre de fer que l'on enlève, et avec laquelle on exécute les mouvements des bras avec ou sans flexion. Enfin le jet du disque, qui exige une grande souplesse; c'est un exercice renouvelé des anciens et qui a reparu aux modernes jeux olympiques d'Athènes; rond, en bois dur cerclé de fer, il mesure 22 centimètres de diamètre, 4 centimètres d'épaisseur au centre et pèse 1923 grammes; dans les concours, l'athlète se place dans un carré de 2 m. 50 de coté, dont il ne peut franchir les limites, en lan?ant le disque, sous peine de voir son essai annulé; chaque concurrent a le droit de le lancer trois fois; on cite parmi les champions Marius Eynard, qui le jeta à 43 m. 11. On pratique un exercice identique avec le boulet, qui pèse 7 k. 250. Notons que les gymnastes très exercés se livrent encore aux jeux icariens, d'origine vénitienne: voltige, pyramide humaine, sauts périlleux, etc.
Diverses méthodes médico-scientifiques font concurrence à la gymnastique acrobatique. En résumé la gymnastique fran?aise peut être pratiquée avec fruit, pourvu qu'on n'en abuse pas; auquel cas elle développerait anormalement certaines parties du corps, le buste et les extrémités supérieures par exemple, aux dépens des autres organes.
=Gymnastique suédoise.=--Tout autre est l'effet de la gymnastique suédoise, basée sur la thérapeutique et la connaissance approfondie de l'anatomie humaine. Le guerrier et ma?tre d'escrime Ling parvint à se guérir de douleurs opiniatres, à l'aide de mouvements soigneusement étudiés; lorsqu'il en eut observé sur lui-même l'heureux effet, il généralisa sa méthode et fonda un institut à Stockholm en 1815. Répandue d'abord en Suisse et en Allemagne, la gymnastique suédoise est enseignée depuis 1900 en France. Son but est de perfectionner à un degré égal le corps entier et d'assurer les fonctions primordiales de l'organisme, respiration, circulation, nutrition. Elle y parvient en faisant travailler les muscles dorsaux, latéraux, abdominaux; et par une série de mouvements appropriés ou des exercices à l'espalier ou au ?bomme?, élargit la poitrine, et rectifie les mauvaises attitudes: donner ici le détail de ces exercices serait plut?t nuisible au lecteur, parce que leur efficacité dépend de la perfection avec laquelle ils sont exécutés. Un bon ma?tre est nécessaire, et ces ma?tres sont plus rares qu'on le pense.
=Lutte.=--Les Grecs ont beaucoup pratiqué la lutte; ils connaissaient: la lutte debout, où l'athlète devait renverser trois fois son adversaire; la lutte à terre, analogue à notre lutte au tapis, enfin la lutte que nous appelons grecque, où les lutteurs ne combattaient qu'avec les mains, sans avoir le droit de se prendre à bras-le-corps; on ne permettait ni coups, ni chocs, qui formaient un exercice spécial, le pugilat; plus tard cependant, le pancrace combina les deux genres de combat. Les athlètes luttaient nus; le corps était frotté d'huile, puis poudré de sable ou même arrosé de boue, si bien qu'à la fin de la joute, il fallait racler les chairs avec un couteau de bois le strigille. La lutte debout faisait partie des grands concours nationaux; les femmes n'avaient pas le droit d'assister aux jeux olympiques et lorsque l'une d'elles s'y hasardait sous un déguisement masculin, on la précipitait du haut d'un rocher peu éloigné.
Très populaires en Grèce, ces exercices le furent moins à Rome, où les professionnels accentuèrent son caractère de brutalité.
Notre lutte moderne, ou lutte gréco-romaine, a beaucoup de points de ressemblance avec celle des anciens. Pendant les siècles derniers elle ne fut pas très en faveur en France, si ce n'est en Bretagne, dont les lutteurs furent longtemps célèbres comme champions de poids léger; les Allemands par contre et les Suisses se distinguaient dans les poids lourds. Ce n'est guère qu'au XIXe siècle que l'opinion s'intéressa à la lutte rénovée par les nègres américains; il y eut alors quelques rencontres fameuses, entre autres celle où l'athlète bordelais Exbroyat écrasa la tête de son adversaire, un nègre qui avait combattu de fa?on déloyale. Depuis quelques années l'intérêt du public s'est réveillé; partis des champs de foire, les lutteurs se produisent actuellement sur les
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