Les misères de Londres

Pierre Alexis de Ponson du Terrail
Les misères de Londres

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Title: Les misères de Londres 2. L'enfant perdu
Author: Pierre Alexis de Ponson du Terrail
Release Date: October 7, 2005 [EBook #16817]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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MISÈRES DE LONDRES ***

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LES MISÈRES DE LONDRES

II
L'ENFANT PERDU
PAR
PONSON DU TERRAIL

PREMIÈRE PARTIE
LE QUARTIER DES VOLEURS

I
L'homme gris avait dit vrai. Ni lui, ni Shoking, ni l'Irlandais en
guenilles n'avaient pu retrouver Ralph.
Qu'était donc devenu le petit Irlandais?
L'enfant, après avoir sauté dans le jardin, n'avait pas hésité une minute.
Il avait couru à cet arbre qui, durant toute la journée, avait été l'objet de
sa préoccupation et qui montait au long du mur; puis il s'était mis à
grimper autour du tronc jusqu'à ce qu'il fût parvenu aux branches.
Là, il s'était arrêté un moment pour s'orienter.
Il voyait par-dessus le mur.
De l'autre côté de ce mur, il y avait un terrain vague entouré d'une
palissade en planches.
A gauche et à droite, il y avait des toits de maisons.
Montant d'une branche dans l'autre, l'enfant gagna le mur et s'y établit à
califourchon.

Puis il mesura le saut qu'il avait à faire pour arriver dans le terrain
vague.
Le mur était élevé à une vingtaine de pieds du sol, et de l'autre côté, il
n'y avait ni arbre ni rien qui put lui permettre d'amortir sa chute.
Ralph eut un moment de désespoir. Lui faudrait-il donc reprendre le
chemin qu'il avait déjà pris, et rentrer dans sa prison?
Tout à coup, il entendit du bruit. Son effroi redoubla.
De l'endroit où il était, il voyait par-dessus le toit de mistress Fanoche,
et, par conséquent, le devant du jardin.
Malgré l'obscurité, Ralph aperçut trois hommes qui entraient par la
grille. Il en vit deux qui renversaient le troisième à terre, et ce spectacle,
on le pense bien, n'était pas de nature à calmer sa frayeur.
C'étaient l'homme gris et son complice qui appliquaient un masque de
poix sur le visage de lord Palmure et se débarrassaient de lui.
Ralph eut envie de sauter dans le terrain vague; mais l'instinct du
danger l'en empêcha encore.
Le couronnement du mur était à plat. L'enfant se dressa et se mit à
marcher dessus. Il arriva ainsi à l'un des deux toits.
Un saltimbanque ne se fût pas mieux tiré de ce périlleux voyage.
Parvenu au bout du mur, il monta sur le toit.
Mais ses yeux ne perdaient pas de vue la maison de mistress Fanoche
dans laquelle les deux hommes étaient entrés.
A force de rôder sur le toit, il découvrit une ouverture. C'était une de
ces croisées dites à tabatière qu'on perce dans les mansardes.
Il eut bonne envie de se glisser par cette fenêtre et de pénétrer dans la
maison; mais la peur d'être découvert, arrêté par les habitants et

reconduit à mistress Fanoche le fit hésiter encore.
Soudain un nouveau bruit se fit dans le jardin de cette dernière; en
même temps une lumière apparut à la fenêtre de là chambre que Ralph
venait d'abandonner et l'enfant entendit des cris auxquels se mêlait la
voix aigre de mistress Fanoche.
On venait de s'apercevoir de sa fuite.
Cette fois le petit Irlandais n'hésita plus et il se laissa couler par la
croisée de la mansarde.
Il se trouva alors dans une étroite chambrette, dépourvue de tous
meubles et dont la porte était ouverte.
Ralph franchit le seuil de cette porte et trouva un escalier. Ses petites
mains s'accrochaient à la rampe et il descendit.
Où allait-il? peu lui importait, pourvu qu'il échappât à mistress Fanoche
et à la terrible Ecossaise.
La maison paraissait déserte.
On n'y voyait pas de lumière, on n'entendait aucun bruit.
L'enfant descendait avec une telle précipitation qu'il fit un faux pas et
se heurta à la rampe.
C'était faire assez de bruit pour amener dans l'escalier les hôtes de la
maison.
Ralph s'arrêta tout tremblant et durant quelques minutes, il n'osa
bouger.
Mais personne ne vint.
Hampsteadt, nous l'avons dit déjà, est peuplé de maisons de campagne
qui demeurent inhabitées en hiver.

Celle-là était de ce nombre.
Rassuré, l'enfant continua à descendre dans l'obscurité.
Quand il fut au bout de l'escalier, il devina plutôt qu'il ne
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