l'inscription: _Ancienne barrière no 4_, un cabaret ayant sur sa fa?ade cet écriteau: _Au quatre vents. échabeau, café de particulier_.
Un demi-quart de lieue plus loin que ce cabaret, il arriva au fond d'un petit vallon où il y a de l'eau qui passe sous une arche pratiquée dans le remblai de la route. Le bouquet d'arbres, clairsemé mais très vert, qui emplit le vallon d'un c?té de la chaussée, s'éparpille de l'autre dans les prairies et s'en va avec grace et comme en désordre vers Braine-l'Alleud.
Il y avait là, à droite, au bord de la route, une auberge, une charrette à quatre roues devant la porte, un grand faisceau de perches à houblon, une charrue, un tas de broussailles sèches près d'une haie vive, de la chaux qui fumait dans un trou carré, une échelle le long d'un vieux hangar à cloisons de paille. Une jeune fille sarclait dans un champ où une grande affiche jaune, probablement du spectacle forain de quelque kermesse, volait au vent. à l'angle de l'auberge, à c?té d'une mare où naviguait une flottille de canards, un sentier mal pavé s'enfon?ait dans les broussailles. Ce passant y entra.
Au bout d'une centaine de pas, après avoir longé un mur du quinzième siècle surmonté d'un pignon aigu à briques contrariées, il se trouva en présence d'une grande porte de pierre cintrée, avec imposte rectiligne, dans le grave style de Louis XIV, accostée de deux médaillons planes. Une fa?ade sévère dominait cette porte; un mur perpendiculaire à la fa?ade venait presque toucher la porte et la flanquait d'un brusque angle droit. Sur le pré devant la porte gisaient trois herses à travers lesquelles poussaient pêle-mêle toutes les fleurs de mai. La porte était fermée. Elle avait pour cl?ture deux battants décrépits ornés d'un vieux marteau rouillé.
Le soleil était charmant; les branches avaient ce doux frémissement de mai qui semble venir des nids plus encore que du vent. Un brave petit oiseau, probablement amoureux, vocalisait éperdument dans un grand arbre.
Le passant se courba et considéra dans la pierre à gauche, au bas du pied-droit de la porte, une assez large excavation circulaire ressemblant à l'alvéole d'une sphère. En ce moment les battants s'écartèrent et une paysanne sortit.
Elle vit le passant et aper?ut ce qu'il regardait.
--C'est un boulet fran?ais qui a fait ?a, lui dit-elle. Et elle ajouta:
--Ce que vous voyez là, plus haut, dans la porte, près d'un clou, c'est le trou d'un gros biscayen. Le biscayen n'a pas traversé le bois.
--Comment s'appelle cet endroit-ci? demanda le passant.
--Hougomont, dit la paysanne.
Le passant se redressa. Il fit quelques pas et s'en alla regarder au-dessus des haies. Il aper?ut à l'horizon à travers les arbres une espèce de monticule et sur ce monticule quelque chose qui, de loin, ressemblait à un lion.
Il était dans le champ de bataille de Waterloo.
Chapitre II
Hougomont
Hougomont, ce fut là un lieu funèbre, le commencement de l'obstacle, la première résistance que rencontra à Waterloo ce grand b?cheron de l'Europe qu'on appelait Napoléon; le premier noeud sous le coup de hache.
C'était un chateau, ce n'est plus qu'une ferme. Hougomont, pour l'antiquaire, c'est Hugomons. Ce manoir fut bati par Hugo, sire de Somerel, le même qui dota la sixième chapellenie de l'abbaye de Villers.
Le passant poussa la porte, coudoya sous un porche une vieille calèche, et entra dans la cour.
La première chose qui le frappa dans ce préau, ce fut une porte du seizième siècle qui y simule une arcade, tout étant tombé autour d'elle. L'aspect monumental na?t souvent de la ruine. Auprès de l'arcade s'ouvre dans un mur une autre porte avec claveaux du temps de Henri IV, laissant voir les arbres d'un verger. à c?té de cette porte un trou à fumier, des pioches et des pelles, quelques charrettes, un vieux puits avec sa dalle et son tourniquet de fer, un poulain qui saute, un dindon qui fait la roue, une chapelle que surmonte un petit clocher, un poirier en fleur en espalier sur le mur de la chapelle, voilà cette cour dont la conquête fut un rêve de Napoléon. Ce coin de terre, s'il e?t pu le prendre, lui e?t peut-être donné le monde. Des poules y éparpillent du bec la poussière. On entend un grondement; c'est un gros chien qui montre les dents et qui remplace les Anglais.
Les Anglais là ont été admirables. Les quatre compagnies des gardes de Cooke y ont tenu tête pendant sept heures à l'achar-nement d'une armée.
Hougomont, vu sur la carte, en plan géométral, batiments et enclos compris, présente une espèce de rectangle irrégulier dont un angle aurait été entaillé. C'est à cet angle qu'est la porte méridionale, gardée par ce mur qui la fusille à bout portant. Hougomont a deux portes: la porte méridionale, celle du chateau, et la porte septentrionale, celle de la ferme. Napoléon envoya contre Hougomont son frère
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