des Elz��ar Blaze. Sa ferme ��tait situ��e entre les for��ts de Compi��gne et de Villers-Cotterets, �� une demi-lieue du charmant village de Morienval, �� une lieue des magnifiques ruines de Pierrefonds.
Les deux ou trois mille arpents de terre qui forment son exploitation pr��sentent une vaste plaine presque enti��rement entour��e de bois, coup��e vers le milieu par une jolie vall��e au fond de laquelle on voit, parmi les pr��s verts et les arbres aux tons changeants, fourmiller des maisons �� moiti�� perdues dans le feuillage, et qui se d��noncent par les colonnes de fum��e bleuatre qui, d'abord prot��g��es par l'abri des montagnes qui les entourent, montent verticalement vers le ciel, et ensuite, arriv��es aux couches d'air sup��rieures, se courbent, ��largies comme la cime des palmiers, dans la direction du vent.
C'est dans cette plaine et sur le double versant de cette vall��e que le gibier des deux for��ts vient s'��battre comme sur un terrain neutre.
Aussi l'on trouve de tout sur la plaine de Brassoire:--du chevreuil et du faisan en longeant les bois,--du li��vre sur les plateaux,--du lapin dans les pentes,--des perdrix autour de la ferme.--M. Mocquet, c'est le nom de notre ami, avait donc la certitude de nous voir arriver; nous chassions toute la journ��e, et le lendemain, �� deux heures, nous revenions �� Paris, ayant tu��, entre quatre ou cinq chasseurs, cent cinquante pi��ces de gibier, dont jamais nous n'avons pu faire accepter une seule �� notre h?te.
Mais, cette ann��e-l��, infid��le �� M. Mocquet, j'avais c��d�� �� l'obsession de mon vieux compagnon de bureau, s��duit que j'avais ��t�� par un tableau que m'avait envoy�� son fils,--��l��ve distingu�� de l'��cole de Rome,--et qui repr��sentait une vue de la plaine de Fontenay-aux-Roses, avec des ��teules pleines de li��vres et des luzernes pleines de perdrix.
Je n'avais jamais ��t�� �� Fontenay-aux-Roses: nul ne conna?t moins les environs de Paris que moi.--Quand je franchis la barri��re, c'est presque toujours pour faire cinq ou six cents lieues. Tout m'est donc un sujet de curiosit�� dans le moindre changement de place.
A six heures du soir, je partis pour Fontenay, la t��te hors de la porti��re, comme toujours; je franchis la barri��re d'Enfer, je laissai �� ma gauche la rue de la Tombe-Issoire et j'enfilai la route d'Orl��ans.
On sait qu'Issoire est le nom d'un fameux brigand qui, du temps de Julien, ran?onnait les voyageurs qui se rendaient �� Lut��ce. Il fut un peu pendu, �� ce que je crois, et enterr�� �� l'endroit qui porte aujourd'hui son nom, �� quelque distance de l'entr��e des catacombes.
La plaine qui se d��veloppe �� l'entr��e du Petit-Montrouge est ��trange d'aspect. Au milieu des prairies artificielles, des champs de carottes et des plates-bandes de betteraves, s'��l��vent des esp��ces de forts carr��s, en pierre blanche, que domine une roue dent��e, pareille �� un squelette de feu d'artifice ��teint. Cette roue porte �� sa circonf��rence des traverses de bois sur lesquelles un homme appuie alternativement l'un et l'autre pied. Ce travail d'��cureuil, qui donne au travailleur un grand mouvement apparent sans qu'il change de place en r��alit��, a pour but d'enrouler autour d'un moyeu une corde qui, en s'enroulant, am��ne �� la surface du sol une pierre taill��e au fond de la carri��re, et qui vient voir lentement le jour.
Cette pierre, un crochet l'am��ne au bord de l'orifice, o�� des rouleaux l'attendent pour la transporter �� la place qui lui est destin��e. Puis la corde redescend dans les profondeurs o�� elle va rechercher un autre fardeau, donnant un moment de repos au moderne Ixion, auquel un cri annonce bient?t qu'une autre pierre attend le labeur qui doit lui faire quitter la carri��re natale, et la m��me oeuvre recommence pour recommencer encore, pour recommencer toujours.
Le soir venu, l'homme a fait dix lieues sans changer de place; s'il montait en r��alit��, en hauteur, d'un degr�� �� chaque fois que son pied pose sur une traverse, au bout de vingt-trois ans il serait arriv�� dans la lune.
C'est le soir surtout,--c'est-��-dire �� l'heure o�� je traversais la plaine qui s��pare le petit du grand Montrouge,--que le paysage, grace �� ce nombre infini de roues mouvantes qui se d��tachent en vigueur sur le couchant enflamm��, prend un aspect fantastique. On dirait une de ces gravures de Goya, o��, dans la demi-teinte, des arracheurs de dents font la chasse aux pendus.
Vers sept heures, les roues s'arr��tent; la journ��e est finie.
Ces moellons, qui font de grands carr��s longs de cinquante �� soixante pieds, haut de six ou huit, c'est le futur Paris qu'on arrache de terre. Les carri��res d'o�� sort cette pierre grandissent tous les jours. C'est la suite des catacombes d'o�� est sorti le vieux Paris. Ce sont les faubourgs de la ville souterraine, qui vont gagnant incessamment du pays et s'��tendant �� la circonf��rence. Quand on marche dans cette prairie de Montrouge, on marche sur des ab?mes. De temps en temps
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