Les huguenots | Page 2

Charles Alfred de Janzé
actes baptistaires, les enfants issus de mariages contract��s au d��sert et �� l'��tranger, les huguenots fuyaient les ��glises, ils allaient se marier devant des pasteurs, et faisaient baptiser leurs enfants par eux, mais, en agissant ainsi, ils n'avaient plus d'��tat civil.
Pour mettre fin �� un tel ��tat de choses, Louis XVI, en 1787, promulgua un ��dit qui -- sans faire mention des protestants -- permettait aux non-catholiques d'opter entre leur Cur�� et un fonctionnaire la?que pour donner une constatation l��gale �� leurs naissances, �� leurs mariages et �� leurs d��c��s.
Dans un mandement des plus violents, l'��v��que de la Rochelle protesta contre cet ��dit r��parateur et, interdisant aux pr��tres de son dioc��se de faire fonctions d'officiers de l'��tat civil pour les non catholiques il leur enjoignit de d��clarer �� ceux qui se pr��senteraient devant eux que leur minist��re ��tait exclusivement r��serv�� aux fid��les. En parlant ainsi, cet ��v��que ��tait dans la logique de la doctrine catholique, en vertu de laquelle toutes les libert��s et tous les droits doivent ��tre le privil��ge des catholiques; en sorte que donner la libert�� �� tous, c'est d��truire la libert�� des catholiques, de m��me que c'est porter atteinte aux droits imprescriptibles de l'��glise que de donner tous ses effets civils �� un mariage qu'elle qualifie de concubinat, parce qu'il n'a pas ��t�� b��ni par elle. Que nous importe aujourd'hui, dira-t-on, la doctrine d'intol��rance de l'��glise catholique? Notre soci��t�� n'a-t-elle point pour base, l'��galit�� de tous les citoyens devant la loi, l'��galit�� des droits des sectateurs de toutes les religions et de toutes les opinions philosophiques?
Sans parler de l'explosion de cl��ricalisme qui s'est produite apr��s le 24 mai, est-il permis d'oublier combien les flots de la mer politique sont changeants? Une surprise du scrutin, ainsi que la Belgique en a fait nagu��re l'��preuve, ainsi qu'en t��moigne le vote du 4 octobre 1885 en France, ne pourrait-elle ramener au pouvoir, les partisans masqu��s d'une th��ocratie absolument hostile aux principes du droit nouveau? Sans doute un changement aussi radical dans l'orientation politique de notre pays, ne se produirait point sur une plate-forme ��lectorale semblable �� celle ��tablie par M. Chesnelong et douze autres ap?tres de l'ancien r��gime. Que l'on demande au pays de proclamer par son vote que l'ind��pendance de l'��glise, c'est-��-dire son droit �� la domination, que les libert��s n��cessaires de l'��glise, c'est-��-dire la suppression de la libert�� des autres, sont des droits ant��rieurs et sup��rieurs �� tous les gouvernements, le pays ne comprendra m��me pas ce langage d'un autre age. Qu'on le mette en demeure d'opter entre l'ancien r��gime et la r��volution, ainsi que l'ont fait les ouvriers l��gitimistes des quatre-vingts quartiers de Paris: ?Nous r��clamons la restauration de la monarchie l��gitime et chr��tienne; arri��re donc la r��volution!? il ne daignera m��me pas honorer d'une r��ponse une telle mise en demeure; mais, ne peut-il arriver que, sans avoir ��t�� pos��e devant les ��lecteurs, la question de la restauration d'un pouvoir th��ocratique se trouve tranch��e par les pouvoirs constitu��s?
N'a-t-on pas vu, en 1873, l'assembl��e nationale qui, en un jour de malheur, avait ��t�� ��lue avec la mission sp��ciale de conclure la paix, sur le point de d��cider, sans mandat, le r��tablissement de la monarchie l��gitime, de cette monarchie qui repr��sentait l'alliance intime du tr?ne et de l'autel, l'asservissement politique et th��ologique du peuple?
Le comte de Chambord, en effet, pla?ait ses chr��tiennes d��clarations sous l'autorit�� du chef de la catholicit�� qui avait condamn�� solennellement les erreurs du droit nouveau, c'est-��-dire toutes les libert��s; et le pape, de son c?t��, affirmait que la restauration de la monarchie l��gitime en France, rendrait au r��gime et aux doctrines catholiques toute la puissance des anciens jours.
L'assembl��e nationale, au lieu de voter la monarchie l��gitime, a fait la r��publique �� une voix de majorit��, et le comte de Chambord est descendu dans la tombe sans avoir entendu sonner cette heure de Dieu qu'il ne se lassait pas d'attendre; mais il ne faut pas oublier que tout prince qui, par force ou par ruse, se mettrait en possession du pouvoir souverain, deviendrait fatalement, comme l'e?t ��t�� Henri V, le docile serviteur de l'��glise. En effet, pour tenter quelque chose contre la d��mocratie, chaque parti monarchique est impuissant par lui-m��me, il est donc dans l'obligation de s'assurer �� tout prix l'appui de l'��glise si bien organis��e pour la lutte, appui sans lequel il ne peut rien. En d'autres termes la monarchie en France sera cl��ricale ou elle ne sera pas, elle devra donc subordonner son pouvoir �� celui de cette ��glise dont le syllabus est une v��ritable d��claration de guerre �� tous les principes sur lesquels repose la soci��t�� moderne.
Que s'est-il pass�� au mois d'octobre 1885? Les candidats monarchistes se sont bien gard��s de montrer le plus petit coin de leur drapeau, et, sans demander aux ��lecteurs de manifester leurs pr��f��rences pour telle ou telle dynastie,
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