Les douze nouvelles nouvelles | Page 9

Arsène Houssaye
le parc, d��chir�� par toutes les b��tes f��roces du d��sespoir.
Il maudissait cette femme ador��e, mais en m��me temps il s'avouait qu'il ne pourrait pas vivre sans elle.
L'amour est lache. L��once retourna dans le petit salon, o�� Ang��le feuilletait un roman, calme et souriante comme toujours.
--Ang��le, je t'aime! Dis-moi, tu n'as pas voulu me tuer par tes odieuses paroles?
--Mon cher, vous ��tes fou! Ne faudrait-il pas toujours chanter la m��me chanson? Pour Dieu! laissez-moi respirer.
Il lui arracha le livre des mains.
--Le roman n'est pas l��, lui dit-il.
Mais elle se leva furieuse et ressaisit les pages �� moiti�� d��chir��es.
Il n'y avait plus rien �� dire. L��once alla pleurer tout seul dans son cabinet de travail, se demandant si c'en ��tait fait de son r��ve et de lui-m��me.
Il ne revit sa femme qu'au d?ner, o�� il hasarda ces mots:
--Si vous vous ennuyez ici, Ang��le....
--Pas du tout. Si vous vous ennuyez vous-m��me, vous pouvez retournera Paris pour vos affaires....
--Mes affaires! je n'en ai qu'une, celle de vivre pour vous et avec vous.
--Eh! mon Dieu, nous ne faisons pas autre chose depuis trois mois. Je sens que les feuilles me poussent aux mains et les racines aux pieds.
On ne dit pas un mot de plus.
Dans les grandes phases de la vie, il faut toujours un confident. L��once n'avait l�� qui que ce f?t �� qui ouvrir son coeur! Le lendemain, il repartit pour Paris, ne sachant d'ailleurs pas bien pour quoi faire, mais fuyant la solitude, cette implacable ennemie de ceux qui souffrent par le coeur. A Paris, il trouva un ami.
--Pourquoi cette paleur, L��once?
--Ah! si tu savais comme je suis malheureux. Et le jeune mari�� conta, une �� une, toutes ses tortures.
Il ne montra sa blessure ni �� sa soeur ni �� sa m��re.
--Tu es toujours bien heureux, L��once.
--Oh! oui, bien heureux, ma m��re.
V
Il revint le soir.
Il ��tait onze heures; il passa par la petite porte du parc, pour ne pas r��veiller les gens; il fut tr��s surpris de voir de la lumi��re �� la fen��tre du petit salon.
Ang��le, qui ��tait une dormeuse, n'��tait donc pas encore couch��e?
Il ne fallut �� L��once que quelques secondes pour ��tre devant la fen��tre.
Que vit-il? La derni��re page de son-bonheur!
Ang��le enveloppait dans sa chevelure d��nou��e la figure du jeune sous-lieutenant.
L��once jugea qu'il n'avait qu'une chose �� faire: c'��tait de laisser cet homme et cette femme �� leur folie. Il prit le train de minuit, jurant de ne plus jamais revoir ce pays, deux fois cher jusque-l��:
VI
Ce fut Ang��le qui courut �� Paris le lendemain.
Comme son jeu ��tait jou�� avec le sous-lieutenant, elle apparut toute charmante �� la porte du petit appartement de L��once.
Elle fut effray��e de sa paleur et de sa d��solation.
Aussi prit-elle sa voix f��line:
--Eh bien! je m'ennuyais, me voil��.
Qui le croira? Vous le croirez. Le mari laissa tomber aux pieds de la femme toutes ses jalousies et toutes ses douleurs.
--Je sais tout, lui dit-il; vous ��tes infame, je devrais vous tuer, mais je vous aime: nous partirons ce soir pour l'Italie.
--Oh! l'Italie! c'est mon r��ve! Elle embrassa dix fois son mari.
--Si tu savais comment je t'aime!
Il fut terrible:
--Ne d��nouez pas vos cheveux, lui dit-il d'une voix qui sifflait.
Et, apr��s un soupir et un silence glacial:
--J'ai une question �� vous faire, Ang��le, vous y r��pondrez en toute libert�� de conscience.
--Oui, mon L��once.
--Pourquoi m'avez-vous trahi?
Ang��le ne r��pondit pas.
--C'est par amour naturellement.
--Non.
--Eh bien! pourquoi m'avez-vous trahi?
En toute libert�� de conscience, Ang��le r��pondit:
--Par curiosit��!
VII
J'avais dit: La femme est la quatri��me vertu th��ologale, mais c'est le huiti��me p��ch�� capital.
Le huiti��me p��ch�� capital, c'est LA CURIOSIT��.
[Illustration: 054.png]

LE STO?CISME D'UNE PARISIENNE OU COMMENT IL FAUT LIRE UN ROMAN
[Illustration: 057.png]

IV
LE STO?CISME D'UNE PARISIENNE OU COMMENT IL FAUT LIRE UN ROMAN
I
Je ne lis pas de romans parce que j'en fais. Ou plut?t je lis sans cesse le roman toujours ouvert qui s'appelle Paris. Voil�� le roman des romans, mais encore faut-il savoir le lire. Quelques romanciers en chambre se torturent l'esprit pour inventer des chapitres vraisemblables. Plus d'un d��pense beaucoup de talent �� faire verser des larmes aux personnages de son imagination, sans se douter qu'en regardant par la fen��tre il verrait des sc��nes bien plus ��mouvantes.
Le tout-Paris d��borde au Caf�� des Ambassadeurs par les beaux jours, avec le m��me entrain qu'�� la foire de Neuilly. Quand je dis le tout-Paris, pour me servir d'un mot consacr��, je devrais dire aussi le tout-Pontoise, car il y a l��, comme ailleurs, les acteurs et les spectateurs, ceux qui aiment �� entrer en sc��ne et ceux qui aiment �� regarder la com��die sans y rien comprendre, ce qui rappelle le mot d'une provinciale au Conservatoire, en pleine symphonie: ?Quand ?a commencera-t-il??
La com��die, il n'est pas de jour qu'on ne la donne au Caf�� des Ambassadeurs: com��die impr��vue, com��die bouffonne, mais aussi tragi-com��die. Quand on entre l��, on n'est pas bien s?r de n'y trouver une aventure ou
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 50
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.