엠Les affinites electives
Project Gutenberg's Les affinites electives, by Johann Wolfgang Goethe This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Les affinites electives Suivies d'un choix de pensees du meme
Author: Johann Wolfgang Goethe
Release Date: January 4, 2004 [EBook #10604]
Language: French
Character set encoding: ISO Latin-1
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Produced by Anne Dreze and Marc D'Hooghe
LES AFFINITES ELECTIVES
PAR GOETHE
SUIVIES D'UN CHOIX DE PENSEES DU MEME;
Traduction nouvelle par Mme A. DE CARLOWITZ.
LES AFFINITES ELECTIVES
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE PREMIER.
Un riche Baron, encore a la fleur de son age et que nous appellerons Edouard, venait de passer dans sa pepiniere les plus belles heures d'une riante journee d'avril. Les greffes precieuses qu'il avait fait venir de tres-loin etaient employees, et, satisfait de lui-meme, il renferma dans leur etui ses outils de pepinieriste. Le jardinier survint et admira tres-sincerement le travail de son maitre.
--Est-ce que tu n'as pas vu ma femme? lui demanda Edouard en faisant un mouvement pour s'eloigner.
--Si, Monseigneur, Madame est dans les nouvelles plantations. La cabane de mousse qu'elle fait faire sur la montagne, en face du chateau, sera terminee aujourd'hui. Quel delicieux point de vue vous aurez la! Au fond, le village; un peu a droite, l'eglise et le clocher, au-dessus duquel, de cette hauteur, le regard se glisse au loin. En face, le chateau et les jardins.
--C'est bien, repliqua Edouard. A quelques pas d'ici j'ai vu travailler les ouvriers.
--Et plus loin, a droite, continua le jardinier, s'ouvre la riche vallee avec ses prairies couvertes d'arbres, dans un joyeux lointain. Quant au sentier a travers les rochers, je n'ai jamais rien vu de mieux dispose. En verite, Madame s'y entend, c'est un plaisir de travailler sous ses ordres.
--Va la prier de ma part de m'attendre; je veux qu'elle me fasse admirer ses nouvelles creations.
Le jardinier s'eloigna en hate. Le Baron le suivit lentement, visita en passant les terrasses et les serres, traversa le ruisseau et arriva bientot a la place ou la route se divisait en deux sentiers: l'un et l'autre conduisaient aux plantations nouvelles; le plus court passait par le cimetiere, le plus long par un bosquet touffu. Edouard choisit le dernier et se reposa sur un banc, judicieusement place au point ou le chemin commencait a devenir penible, puis il gravit la montee qui, par plusieurs marches et points d'arrets, le conduisit, par un sentier etroit et plus ou moins rapide, jusqu'a la cabane de mousse.
Charlotte recut son epoux a l'entree de cette cabane, et le fit asseoir de maniere qu'a travers la porte et les fenetres ouvertes, les differents points de vue se presenterent a lui dans toute leur beaute, mais resserres dans des cadres etroits. Ces tableaux le charmerent d'autant plus, que son imagination les voyait deja pares de tout l'eclat printanier, que quelques semaines de plus ne pouvaient manquer de leur donner en effet.
--Je n'ai qu'une observation a faire, lui dit-il: la cabane me parait un peu trop petite.
--Il y a assez de place pour nous deux, repondit Charlotte.
--Sans doute, peut-etre meme pour un troisieme ...
--Pourquoi pas? a la rigueur, on pourrait encore admettre un quatrieme. Quant aux societes plus nombreuses, nous avons pour elles d'autres points de reunion.
--Puisque nous voila seuls, tranquilles et contents, dit Edouard, je veux te confier quelque chose qui, depuis longtemps, me pese sur le coeur. Jusqu'ici j'ai vainement cherche l'occasion de te le dire.
--Je n'ai pas ete sans m'en apercevoir.
--Je dois te l'avouer, mon amie, si j'avais pu retarder encore la reponse definitive qu'on me demande, si je n'etais pas force de la donner demain au matin, j'aurais peut-etre encore continue a me taire.
--Voyons, de quoi s'agit-il? demanda Charlotte avec une prevenance gracieuse.
--De mon ami, le capitaine! Tu sais qu'il n'a pas merite l'humiliation qu'on vient de lui faire subir, et tu comprends tout ce qu'il souffre. Etre mis a la retraite a son age, avec ses talents, son esprit actif, son erudition ... Mais pourquoi envelopper mes voeux a son sujet dans un long preambule? Je voudrais qu'il put venir passer quelque temps avec nous.
--Ce projet, mon ami, demande de mures reflexions; il faut l'envisager sous ses differents points de vue.
--Je suis pret a te donner tous les eclaircissements que tu pourras desirer. La derniere lettre du capitaine annonce une profonde tristesse. Ce n'est pas sa position financiere qui l'afflige, ses besoins sont si bornes! Au reste, ma bourse est la sienne, et il ne craint pas d'y puiser. Dans le cours de notre vie, nous nous sommes rendu tant de services, qu'il nous sera toujours impossible d'arreter definitivement nos comptes. Son seul chagrin est de se voir reduit a l'inaction,
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