cendres, traverse le ciel
endommagé se transmet fluide à travers les éclats de vide, le plein des
sens, les sens abreuvés à la source des couleurs toujours fauves des
mots transfigurés
le temps s'étire
Le temps chavire
en ces jours nonchalants
qu'un
hiver attend
CHAUD ET COLLANT
Sous l'apparence
des dehors desséchés
les heures lèchent
les
aisselles
d'une mémoire ruisselante
lancent le jet des douches
réclamé
par la passion
des amours habitées
PLONGÉE
Insoutenable regard
traversé par les jours
cette emprise invisible
que transporte la parole
en eaux vives
de l'ivresse
de la chute
en
plongée jusqu'à l'être
en remous
en silence
en sourires
transportés par le vent
vers ce lointain regard
recueilli
ONDES REBELLES
Amis des ondes
à l'ombre traverse
le pays du coeur
l'échine
redressée
en ses douleurs
que des rires inondent
en secousses
rythmées
quand les doigts
en rappel
tapochent un clavier
connecté
aux ondes
affranchies
et rebelles
ORIFLAMMES
Rouge feu flambeur
de jour comme de nuit
l'appel du large espoir
lance des oriflammes
sur le coeur
empoussiéré
retenu dans
l'égout
à genoux
sur un pou
gris
LE DIT DE L'INÉDIT
Tellement humide
la vie
tellement fluide
la vie
accrochée aux
espaces
de nos quotidiens
tellement quotidien
la vie
parmi les
miettes
de nos espoirs
sous-cutanés
espoirs toujours humides
à
travers le fluide
d'un espace quotidien
le tien
le mien
répété à
tout jamais
DANS L'ONDULÉE DES ONDES
Fascinants les souvenirs
remplis de hauts et de bas
d'éclats de rire
de pleurs
de grincements de dents
de grincements de coeur
sur
une balançoire
tantôt vers le haut
tantôt vers le bas
quand toujours
la vie en émoi
se laisse vivre sur les ondes
partagées
à même les
jours ondulés
PHÉNIX
Amoureuse
la mort se venge
dans les cendres du désir
cendres
cruelles
cruels désirs
soulèvent les cendres
soulèvent les ailes
l'oiseau debout
issu des cendres
transcende l'amour
la mort au bec
retour aux cendres
un cri d'oiseau
DENSE ET DANSE
Devant le spontané du visage
le temps se fait danse
autour des
heures
guide nos pas denses
et dansent les visages désirés
autour
du temps
se rapprochent
du hasard étonné
désirs fulgurants
par
moment improvisent
et dirigent
les regards
juxtaposés
ESSENTIELLEMENT
À travers mots et dires
les jours se rapprochent
de l'essentiel
s'excitent
sans maudire le sud
quand le corps s'honore
d'une danse
sonore
danse son nord
VIE SAGE DU TEMPS
Quand les visages s'agrippent au temps
le temps se crispe
haletant
me souffle des hiers
au bout d'un cri d'oiseau
m'accouche sur une
surface bleu
libère quelques mots gris
à la croisée des larmes
et des rires
un visage éperdu
s'étonne
se
moque du temps
il se repose
SOLO
Solitaire
la mémoire du coeur
reprend son souffle
se réserve des
rencontres
d'un mot à l'autre
apprivoise les continents
sans
broncher
MÉNAGE D'AUTOMNE
Sortir l'âme de son présent
la dégraisser au varsol
la passer au savon
du pays des songes
la secouer violemment
de toute traces
amoureuses
la faire sécher sur les heures
puis
la voir disparaître
dans une nuée
DOUX EN NOUS
Songe d'août
ça coule de partout
le sang les pleurs
agonisent
sur
la lèvre inférieure
REQUIEM POUR UNE DENT DE SAGESSE
Ci-gît la dent apprivoisée
par un dentiste
de l'avoir soulagée
de
quelques dollars
à faire dérailler les mots
abandonnés à leur sort
ÉLÉMENTAL
Vertement dressée
la table d'Émeraude
invite l'eau
le feu
le
métal et le bois
sous la lumière unique
portée par le vent
la pluie
en nos êtres
démesurés
JUMELAGE
Sur l'étendue captive
de nos différences
des pensées s'égrènent
éperdues de lumière
comme des enfants
s'offrent
d'une rive à
l'autre
GOUTTE VAGUE
Mortellement
une goutte d'eau plonge
dans la vague éternelle
du
mouvement
s'enroule autour des désirs
caresse les pas
sur les
plages amoureuses
balayées par le temps
qu'un simple souvenir
vient éveiller
en nos coeurs doux délirants
doux délires retenus
toujours en émoi
LAPIS LAZULI DE LA PIE LA JOLIE
De ce tableau
l'abondance inonde la galerie
montre la détente
quand la femme déborde d'elle
on la préfère offerte
sur le mur des
insolences
on la pense
on la trie propre
on la tripote
on la
nomme
chose sacrée
on la projette
dans l'instant mâle
UN PEU DE NOUS
un peu chaque jour
l'âme
sous la pierre humide
se déchaîne
s'enchaine au corps étrange
tellement lointain
glisse
sur la rivière
de ses rêves
tellement tout proche
de la vie des alentours
toujours
trop lourd
en silence
verse l'amour
dans ce poème
délivrée
BLEU TENDRESSE
À travers les bruits du corps
une berceuse accuse le fleuve
ses
horizons
se parfume à l'eau vive
de la tendresse
répand les
frissons
ça berce bleu
ça frissonne en noir
ça se perçoit comme une présence
parfumée à l'amour
pour l'illusion
la main sur le coeur
devenu
silence
LES PASSANTES
Trois petites misères se promènent
sur les toits gris
de la ville
s'arrêtent ça et là
à l'orée des cheminées
grignotent sur la table
des
invités
quelques paroles débiles
sans formalité progressent
vers
des sentiments lointains
entrevus
par le bout de la lorgnette
du
coeur borgne
L'INNOMMÉE
Elle ne se nomme pas. Elle est tout simplement de passage dans un
instant qui n'a pas de nom. Elle se prononce dans une parole devenue
insaisissable. Elle est insupportable devant tous les cerveaux qui font
bombance. Elle se répète toujours dans le multiple en ses différences.
Son frère se nomme silence, sa soeur se nomme absence. Cependant,
elle ne sait pas se taire. Sans cesse se heurte à des coïncidences qui, de
plus en plus, creuse le vide devenu immense. Elle soulève des blancs, y
appose une parole, et ne la reprend jamais. Elle révèle tous ses secrets
dans une seule parole répétée. Elle est captive dans l'instant, existe pour
la forme, bien évidemment ! Elle sécrète des mots qui prennent sa
forme, toujours puisés dans cet instant. Elle ne sait faire autrement. Elle
devient mirage dans l'imaginaire de qui la voit. Par le regard, on croit
parfois la reconnaître sans la connaître. Elle ne dit rien.
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