Les Quarante-cinq, vol 2 | Page 9

Alexandre Dumas, père
effet, pour que Henri de Valois soit si bien inform��, au Louvre, de ce qui se passe chez Henri de Navarre, �� Pau, il faut qu'il ait quelque espion l��-bas, et cet espion va fort intriguer Henriot.
D'un autre c?t��, cette lettre va m'attirer force d��sagr��ments si je rencontre un Espagnol, un Lorrain, un B��arnais ou un Flamand, assez curieux pour chercher �� savoir ce que l'on m'envoie faire en B��arn.
Or, je serais bien impr��voyant si je ne m'attendais point �� la rencontre de quelqu'un de ces curieux-l��.
Mons Borrom��e surtout, ou je me trompe fort, doit me r��server quelque chose.
Deuxi��me point.
Quelle chose Chicot a-t-il cherch��e, lorsqu'il a demand�� une mission pr��s du roi Henri?
La tranquillit�� ��tait son but.
Or, Chicot va brouiller le roi de Navarre avec sa femme.
Ce n'est point l'affaire de Chicot, attendu que Chicot, en brouillant entre eux de si puissants personnages, va se faire des ennemis mortels qui l'emp��cheront d'atteindre l'age heureux de quatre-vingts ans.
Ma foi, tant mieux, il ne fait bon vivre que tant qu'on est jeune.
Mais autant valait alors attendre le coup de couteau de M. de Mayenne.
Non, car il faut r��ciprocit�� en toute chose; c'est la devise de Chicot.
Chicot poursuivra donc son voyage.
Mais Chicot est homme d'esprit, et Chicot prendra ses pr��cautions. En cons��quence, il n'aura sur lui que de l'argent, afin que si l'on tue Chicot, on ne fasse tort qu'�� lui.
Chicot va donc mettre la derni��re main �� ce qu'il a commenc��, c'est-��-dire qu'il va traduire d'un bout �� l'autre cette belle ��p?tre en latin, et se l'incruster dans la m��moire o�� d��j�� elle est grav��e aux deux tiers; puis il ach��tera un cheval, parce que r��ellement, de Juvisy �� Pau, il faut mettre trop de fois le pied droit devant le pied gauche.
Mais avant toutes choses, Chicot d��chirera la lettre de son ami Henri de Valois en un nombre infini de petits morceaux, et il aura soin surtout que ces petits morceaux s'en aillent, r��duits �� l'��tat d'atomes, les uns dans l'Orge, les autres dans l'air, et que le reste enfin soit confi�� �� la terre, notre m��re commune, dans le sein de laquelle tout retourne, m��me les sottises des rois.
Quand Chicot aura fini ce qu'il commence...
Et Chicot s'interrompit pour ex��cuter son projet de division. Le tiers de la lettre s'en alla donc par eau, l'autre tiers par l'air, et le troisi��me tiers disparut dans un trou creus�� �� cet effet avec un instrument qui n'��tait ni une dague ni un couteau, mais qui pouvait au besoin remplacer l'un et l'autre, et que Chicot portait �� sa ceinture.
Lorsqu'il eut fini cette op��ration il continua:
-- Chicot se remettra en route avec les pr��cautions les plus minutieuses, et il d?nera en la bonne ville de Corbeil, comme un honn��te estomac qu'il est.
En attendant, occupons-nous, continua Chicot, du th��me latin que nous avons d��cid�� de faire; je crois que nous allons composer un assez joli morceau.
Tout �� coup Chicot s'arr��ta; il venait de s'apercevoir qu'il ne pouvait traduire en latin le mot Louvre; cela le contrariait fort.
Il ��tait ��galement forc�� de macaroniser le mot Margot en Margota, comme il avait d��j�� fait de Chicot en Chicotus, attendu que, pour bien dire, il e?t fallu traduire Chicot par Chic?t, et Margot par Marg?t, ce qui n'��tait plus latin, mais grec.
Quant �� Margarita, il n'y pensait point; la traduction, �� son avis, n'e?t point ��t�� exacte.
Tout ce latin, avec la recherche du purisme et la tournure cic��ronienne, conduisit Chicot jusqu'�� Corbeil, ville agr��able, o�� le hardi messager regarda un peu les merveilles de Saint-Spire et beaucoup celles d'un r?tisseur-traiteur-aubergiste qui parfumait de ses vapeurs app��tissantes les alentours de la cath��drale.
Nous ne d��crirons point le festin qu'il fit; nous n'essaierons point de peindre le cheval qu'il acheta dans l'��curie de l'h?telier; ce serait nous imposer une tache trop rigoureuse; disons seulement que le repas fut assez long et le cheval assez d��fectueux pour nous fournir, si notre conscience ��tait moins grande, la mati��re de pr��s d'un volume.

XXXV
LES QUATRE VENTS
Chicot, avec son petit cheval qui devait ��tre un bien fort cheval pour porter un si grand personnage; Chicot, apr��s avoir couch�� �� Fontainebleau, fit le lendemain un coude �� droite, jusqu'�� un petit village nomm�� Orgeval. Il e?t bien voulu faire ce jour-l�� quelques lieues encore, car il paraissait d��sireux de s'��loigner de Paris; mais sa monture commen?ait de butter si fr��quemment et si bas, qu'il jugea qu'il ��tait urgent de s'arr��ter.
D'ailleurs ses yeux, d'ordinaire si exerc��s, n'avaient r��ussi �� rien apercevoir tout le long de la route.
Hommes, chariots et barri��res lui avaient paru parfaitement inoffensifs.
Mais Chicot, en s?ret��, pour l'apparence du moins, ne vivait pas pour cela en s��curit��; personne, en effet, nos lecteurs doivent le savoir, ne croyait moins et ne se fiait moins aux apparences que Chicot.
Avant de se coucher et de faire coucher son cheval,
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