en plus violent. Soudain une musique d��licieuse, admirable, telle que je n'en avais entendue de ma vie, s'��leva dans la salle; et, pressentant des ��v��nements inattendus, toute l'assembl��e se tut. La m��lodie montait d'un ensemble d'instruments �� corde avec une harmonie si parfaite que j'en restai comme fig��, tout absorb�� en moi-m��me, au grand ��tonnement de mon voisin; et elle nous tint sous son charme pr��s d'une demi-heure durant laquelle nous gardames le silence; du reste quelques-uns ayant eu l'intention de parler furent aussit?t corrig��s par une main invisible; en ce qui me concernait, renon?ant �� voir les musiciens je cherchais �� voir leurs instruments.
Une demi-heure s'��tait ��coul��e lorsque la musique cessa subitement sans que nous eussions pu voir d'o�� elle provenait.
Mais voici qu'une fanfare de trompettes et un roulement de tambours ��clat��rent �� l'entr��e de la salle et ils r��sonn��rent avec une telle ma?stria que nous nous attendions �� voir entrer l'empereur romain en personne. Nous v?mes la porte s'ouvrir d'elle-m��me, et alors l'��clat de la fanfare devint tel que nous pouvions �� peine le supporter. Cependant des lumi��res entr��rent dans la salle, par milliers, me semblait-il; elles se mouvaient toutes seules, dans leur rang, ce qui ne laissa de nous effrayer. Puis, vinrent les deux pages portant des flambeaux; ils pr��c��daient une vierge de grande beaut�� qui approchait, port��e sur un admirable si��ge d'or. En cette vierge, il me sembla reconna?tre celle qui avait pr��c��demment allum�� puis ��teint les lumi��res; de m��me je crus reconna?tre dans ses serviteurs ceux qui ��taient de garde sous les arbres bordant la route. Elle ne portait plus sa robe bleue, mais sa tunique ��tait ��tincelante, blanche comme la neige, ruisselante d'or, et d'un tel ��clat que nous ne pouvions la regarder avec persistance. Les v��tements des deux pages ��taient semblables; toutefois leur ��clat ��tait moindre.
D��s que la vierge fut parvenue au centre de la salle, elle descendit de son si��ge et toutes les lumi��res s'abaiss��rent comme pour la saluer. Nous nous levames tous aussit?t sans quitter notre place.
Elle s'inclina devant nous et apr��s avoir re?u nos hommages, elle commen?a d'une voix adorable le discours suivant:
Le roi, mon gracieux seigneur, Qui n'est plus tr��s loin maintenant, Ainsi que sa tr��s ch��re fianc��e, Confi��e �� son honneur, Ont vu avec une grande joie Votre arriv��e tant?t. Ils honorent chacun de vous De leur faveur, �� tout instant, Et souhaitent du fond du coeur Que vous r��ussissiez; �� toute heure. Afin qu'�� la joie de leurs noces futures Ne f?t m��l��e l'affliction d'aucun.
Puis elle s'inclina de nouveau avec courtoisie, ses lumi��res l'imit��rent et elle continua comme suit:
Vous savez par l'invitation Que nul homme n'a ��t�� appel�� ici Qui n'e?t re?u tous les dons pr��cieux De Dieu, depuis longtemps, Et qui ne f?t par�� suffisamment Comme cela convient en cette circonstance. Mes ma?tres ne veulent pas croire Que quelqu'un p?t ��tre assez audacieux, Vu les conditions si s��v��res, De se pr��senter, �� moins Qu'il ne se f?t pr��par�� par leurs noces Depuis de longues ann��es. Ils conservent donc bon espoir Et vous destinent tous les biens, �� tous; Ils se r��jouissent de ce qu'en ces temps difficiles Ils trouvent r��unis ici tant de personnes. Cependant les hommes sont si audacieux Que leur grossi��ret�� ne les retient pas. Ils s'introduisent dans des lieux, O�� ils ne sont pas appel��s.
Donc, pour que les fourbes ne puissent donner le change, Pour qu'aucun imposteur ne se glisse parmi les autres, Et afin qu'ils puissent c��l��brer bient?t, sans rien cacher
Des noces pures, On installera pour demain La balance des Artistes; Alors, chacun s'apercevra facilement De ce qu'il a n��glig�� d'acqu��rir chez lui. Si quelqu'un dans cette foule, �� pr��sent N'est pas s?r de lui enti��rement, Qu'il s'en aille vivement; Car s'il advient qu'il reste ici, Toute grace sera perdue pour lui. Et demain il sera chati��. Quant �� ceux qui veulent sonder leur conscience, Ils resteront aujourd'hui dans cette salle. Ils seront libres jusqu'�� demain, Mais qu'ils ne reviennent jamais ici. Mais que celui qui est certain de son pass�� Suive son serviteur Qui lui montrera son appartement. Qu'il s'y repose aujourd'hui Dans l'attente de la balance et de la gloire. Aux autres le sommeil apporterait mainte douleur; Qu'ils se contentent donc de rester ici Car mieux vaudrait fuir Que d'entreprendre ce qui d��passe les forces. On esp��re que chacun agira pour le mieux.
D��s qu'elle eut termin�� ce discours, elle s'inclina encore et reprit gaiement son si��ge; aussit?t les trompettes sonn��rent de nouveau mais elles ne purent ��touffer les soupirs anxieux de beaucoup. Puis les invisibles la reconduisirent; cependant ?a et l��, quelques petites lumi��res demeur��rent dans la salle; l'une d'elles vint m��me se placer derri��re l'un de nous.
Il n'est pas ais�� de d��peindre nos pens��es et nos gestes, expressions de tant de sentiments contradictoires. Cependant la plupart des convives se
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