Les Noces Chimiques | Page 7

Christian Rosencreutz
et il accepta en me remerciant. Cet insigne ne portait encore que deux lettres: S. M. [Studio merentis; Sal memor; Sponso mittendus; Sal mineralis; Sal menstrualis: D��sir de m��riter; Sel du souvenir; Produit par le fianc��; Sel min��ral; Sel des menstrues.]
Comme je m'appr��tais �� converser avec lui ��galement, on sonna dans le chateau; alors le gardien me pressa de courir de toute la vitesse de mes jambes, sinon tout mon travail et mes efforts seraient vains car on commen?ait d��j�� �� ��teindre toutes les lumi��res en haut. Je me mis imm��diatement �� courir, sans saluer le gardien car je craignais d'arriver trop tard, non sans raison.
En effet, quelque rapide que f?t ma course, la vierge me rejoignait d��j�� et derri��re elle on ��teignait toutes les lumi��res. Et je n'aurais pu rester dans le bon chemin si elle n'avait fait arriver une lueur de son flambeau jusqu'�� moi. Enfin, pouss�� par l'angoisse, je parvins �� entrer juste derri��re elle; �� cet instant m��me les portes furent referm��es si brusquement que le bas de mon v��tement fut pris; et je dus l'y abandonner car ni moi ni ceux qui appelaient �� ce moment au dehors, ne p?mes obtenir du gardien de la porte qu'il l'ouvr?t de nouveau; il pr��tendit avoir remis les clefs �� la vierge, qui les aurait emport��es dans la cour.
Je me retournai encore pour examiner la porte; c'��tait un chef-d'oeuvre admirable et le monde entier n'en poss��dait pas une qui l'��galat. A c?t�� de la porte se dressaient deux colonnes; l'une d'elles portait une statue souriante, avec l'inscription: CONGRATULATEUR [Congratulor.]; sur l'autre la statue cachait sa figure tristement et au-dessous on lisait: JE COMPATIS [Condoleo]. En un mot, on voyait des sentences et des images tellement obscures et myst��rieuses que les plus sages de la terre n'eussent pu les expliquer; mais, pourvu que Dieu le permette, je les d��crirai tous sous peu et je les expliquerai.
En passant sous la porte il m'avait fallu dire mon nom, qui fut inscrit le dernier sur le parchemin destin�� au futur ��poux. Alors seulement le v��ritable insigne de convive me fut donn��; il ��tait un peu plus petit que les autres mais beaucoup plus pesant. Les trois lettres suivantes y ��taient grav��es: S.P.N.[Salus per naturam; Sponsi praesentandus nuptiis: Sant�� par la nature; offert aux noces du fianc��.]; ensuite on me chaussa d'une paire de souliers neufs, car le sol entier du chateau ��tait dall�� de marbre clair. Comme il m'��tait loisible de donner mes vieux souliers �� l'un des pauvres qui s'asseyaient fr��quemment mais tr��s d��cemment sous la porte, j'en fis pr��sent �� un vieillard.
Quelques instants apr��s, deux pages tenant des flambeaux, me conduisirent dans une chambrette et me pri��rent de me reposer sur un banc; ce que je fis, tandis qu'ils disposaient les flambeaux dans deux trous pratiqu��s dans le sol; puis ils s'en all��rent, me laissant seul.
Tout �� coup, j'entendis pr��s de moi un bruit sans cause apparente et voici que je me sentis saisi par plusieurs hommes �� la fois; ne les voyant pas je fus bien oblig�� de les laisser agir �� leur gr��. Je ne tardai pas �� m'apercevoir qu'ils ��taient perruquiers; je les priai alors de ne plus me secouer ainsi et je d��clarai que je me pr��terais �� tout ce qu'ils voudraient. Ils me rendirent aussit?t la libert�� de mes mouvements et l'un d'eux, tout en restant invisible, me coupa adroitement les cheveux sur le sommet de la t��te; il respecta cependant mes longs cheveux blanchis par l'age sur mon front et sur mes tempes.
J'avoue que, de prime abord, je faillis m'��vanouir; car je croyais que Dieu m'avait abandonn�� �� cause de ma t��m��rit�� au moment o�� je me sentis soulev�� si irr��sistiblement.
Enfin, les perruquiers invisibles ramass��rent soigneusement les cheveux coup��s et les emport��rent; les deux pages revinrent alors et se mirent �� rire de ma frayeur. Mais �� peine eurent-ils ouvert la bouche qu'une petite clochette tinta, pour r��unir l'assembl��e ainsi qu'on me l'apprit.
Les pages me pr��c��d��rent donc avec leurs flambeaux et me conduisirent �� la grande salle, �� travers une infinit�� de couloirs, de portes et d'escaliers. Une foule de convives se pressait dans cette salle; on y voyait des empereurs, des rois, des princes et des seigneurs, des nobles et des roturiers, des riches et des pauvres et toutes sortes de gens; j'en fus extr��mement surpris en songeant en moi-m��me: ?Ah! suis-je assez fou! pourquoi m'��tre tant tourment�� pour ce voyage! Voici des compagnons que je connais fort bien et que je n'ai jamais estim��s; les voici donc tous, et moi, avec toutes mes pri��res et mes supplications, j'y suis entr�� le dernier, et �� grand'peine!?
Ce fut encore le diable qui m'inspira ces pens��es et bien d'autres semblables, malgr�� tous mes efforts pour le chasser.
De ci et de l��, ceux qui me connaissaient
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