The Project Gutenberg EBook of Les Fleurs du Mal, by Charles Baudelaire
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Title: Les Fleurs du Mal
Author: Charles Baudelaire
Release Date: July, 2004 [EBook #6099]?[Yes, we are more than one year ahead of schedule]?[This file was first posted on November 5, 2002]
Edition: 10
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
? START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LES FLEURS DU MAL ***
Produced by Tonya Allen, Julie Barkley, Juliet Sutherland,?Charles Franks and the Online Distributed Proofreading Team.
LES FLEURS DU MAL
par
CHARLES BAUDELAIRE
_Préface par Henry FRICHET_
[Illustration]
PRéFACE
Charles Baudelaire avait un ami, Auguste Poulet-Malassis, ancien élève de l'école des Chartes, qui s'était fait éditeur par go?t pour les raffinements typographiques et pour la littérature qu'il jugeait en érudit et en artiste beaucoup plus qu'en commer?ant; aussi bien ne fitil jamais fortune, mais ses livres devenus assez rares sont depuis longtemps très recherchés des bibliophiles.
Les poésies de Baudelaire disséminées un peu partout dans les petits journaux d'avant-garde comme le Corsaire et jusque dans la grave Revue des Deux-Mondes, n'avaient point encore, en 1857, été réunies en volume. Poulet-Malassis, que le génie original de Baudelaire enthousiasmait, s'offrit de les publier sous le titre de _Fleurs du Mal,_ titre neuf, audacieux, longtemps cherché et trouvé enfin non point par Baudelaire ni par l'éditeur, mais par Hippolyte Babou.
Les Fleurs du Mal se présentaient comme un bouquet poétique composé de fleurs rares et vénéneuses d'un parfum encore ignoré. Ce fut un succès--succès d'ailleurs préparé par la _Revue des DeuxMondes _ qui, en accueillant un an auparavant quelques poésies de?Baudelaire, avait mis sa responsabilité à couvert par une note singulièrement prudente. De nos jours une pareille note ressemblerait fort à une réclame déguisée:
? Ce qui nous para?t ici mériter l'intérêt, disait-elle, c'est l'expression vive, curieuse, même dans sa violence, de quelques défaillances, de quelques douleurs morales, que, sans les partager ni les discuter, on doit tenir à conna?tre comme un des signes de notre temps. Il nous semble, d'ailleurs, qu'il est des cas où la publicité n'est pas seulement un encouragement, où elle peut avoir l'influence d'un conseil utile et appeler le vrai talent à se dégager, à se fortifier, en élargissant ses voies, en étendant son horizon. ?
C'était se méprendre étrangement que de compter sur la publicité pour amener Baudelaire à résipiscence; le parquet impérial ne prit pas tant de ménagements. Le livre à peine paru, fut déféré aux tribunaux. Tandis que Baudelaire se hatait de recueillir en brochure les articles justificatifs d'Edmond Thierry, Barbey d'Aurevilly, Charles Asselineau, etc..., il sollicitait l'amitié de Sainte-Beuve et de Flaubert (tout récemment poursuivi pour avoir écrit Madame Bovary), des moyens de défense dont les minutes ont été conservées et dont il transmettait la teneur à son avocat, Me Chaix d'Est-Ange. Sur le réquisitoire de M. Pinard (alors avocat général et plus tard ministre de l'Intérieur), le délit d'offense à la morale religieuse fut écarté, mais en raison de la prévention d'outrage à la morale publiques et aux bonnes moeurs, la Cour pronon?a la suppression de six pièces: _Lesbos, Femmes damnées, le Lethé, A celle qui est trop gaie, les Bijoux et les Métamorphoses du Vampire,_ et la condamnation à une amende de l'auteur et de l'éditeur (21 ao?t 1857).
Le dommage matériel ne fut pas considérable pour Malassis; l'édition était presque épuisée lors de la saisie.
Tout d'abord, Baudelaire voulut protester. On a retrouvé dans ses papiers le brouillon de divers projets de préfaces qu'il abandonna lors de la réimpression à la fois diminuée et augmentée des _Fleurs du Mal_ en 1861. Cette mutilation de sa pensée par autorité de justice avait eu pour résultat de rendre les directeurs de journaux et de revues très méfiants à son égard, lorsqu'il leur présentait quelques pages de prose ou des poésies nouvelles; sa situation pécuniaire s'en ressentit. Il travaillait lentement, à ses heures, toujours préoccupé d'atteindre l'idéale perfection et ne traitant d'ailleurs que des sujets auxquels le grand public était alors (encore plus?qu'aujourd'hui) complètement étranger.
Lorsque Baudelaire posa en 1862 sa candidature aux fauteuils académiques laissés vacants par la mort de Scribe et du Père Lacordaire, il était,
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