dans la nuit l'horreur et le blasph��me;
Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois,?Et les six autres mois la nuit couvre la terre;?C'est un pays plus nu que la terre polaire;?Ni b��tes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois!
Or il n'est d'horreur au monde qui surpasse?La froide cruaut�� de ce soleil de glace?Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos;
Je jalouse le sort des plus vils animaux?Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide,?Tant l'��cheveau du temps lentement se d��vide!
LE VAMPIRE
Toi qui, comme un coup de couteau.?Dans mon coeur plaintif est entr��e;?Toi qui, forte comme un troupeau?De d��mons, vins, folle et par��e,
De mon esprit humili��?Faire ton lit et ton domaine.?--Infame �� qui je suis li��?Comme le for?at �� la cha?ne,
Comme au jeu le joueur t��tu,?Comme �� la bouteille l'ivrogne,?Comme aux vermines la charogne,?--Maudite, maudite sois-tu!
J'ai pri�� le glaive rapide?De conqu��rir ma libert��,?Et j'ai dit au poison perfide?De secourir ma lachet��.
H��las! le poison et le glaive?M'ont pris en d��dain et m'ont dit:?? Tu n'es pas digne qu'on t'enl��ve?A ton esclavage maudit,
Imb��cile!--de son empire?Si nos efforts te d��livraient,?Tes baisers ressusciteraient?Le cadavre de ton vampire! ?
Une nuit que j'��tais pr��s d'une affreuse Juive,?Comme au long d'un cadavre un cadavre ��tendu,?Je me pris �� songer pr��s de ce corps vendu?A la triste beaut�� dont mon d��sir se prive.
Je me repr��sentai sa majest�� native,?Son regard de vigueur et de graces arm��,?Ses cheveux qui lui font un casque parfum��,?Et dont le souvenir pour l'amour me ravive.
Car j'eusse avec ferveur bais�� ton noble corps,?Et depuis tes pieds frais jusqu'�� tes noires tresses?D��roul�� le tr��sor des profondes caresses,
Si, quelque soir, d'un pleur obtenu sans effort?Tu pouvais seulement, ? reine des cruelles,?Obscurcir la splendeur de tes froides prunelles.
REMORDS POSTHUME
Lorsque tu dormiras, ma belle t��n��breuse,?Au fond d'un monument construit en marbre noir,?Et lorsque tu n'auras pour alc?ve et manoir?Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse;
Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse?Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir,?Emp��chera ton coeur de battre et de vouloir,?Et tes pieds de courir leur course aventureuse,
Le tombeau, confident de mon r��ve infini,?--Car le tombeau toujours comprendra le po��te,--?Durant ces longues nuits d'o�� le somme est banni,
Te dira: ? Que vous sert, courtisane imparfaite,?De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts? ??--Et le ver rongera ta peau comme un remords.
LE CHAT
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux:
Retiens les griffes de ta patte,?Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
M��l��s de m��tal et d'agate.
Lorsque mes doigts caressent �� loisir
Ta t��te et ton dos ��lastique,?Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps ��lectrique,
Je vois ma femme en esprit; son regard,
Comme le tien, aimable b��te,?Profond et froid, coupe et fend comme un dard.
Et, des pieds jusques �� la t��te,?Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.
LE BALCON
M��re des souvenirs, ma?tresse des ma?tresses,?O toi, tous mes plaisirs, ? toi, tous mes devoirs!?Tu te rappelleras la beaut�� des caresses,?La douceur du foyer et le charme des soirs,?M��re des souvenirs, ma?tresse des ma?tresses!
Les soirs illumin��s par l'ardeur du charbon,?Et les soirs au balcon, voil��s de vapeurs roses;?Que ton sein m'��tait doux! que ton coeur m'��tait bon!?Nous avons dit souvent d'imp��rissables choses?Les soirs illumin��s par l'ardeur du charbon.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soir��es!?Que l'espace est profond! que le coeur est puissant!?En me penchant vers toi, reine des ador��es,?Je croyais respirer le parfum de ton sang.?Que les soleils sont beaux dans les chaudes soir��es!
La nuit s'��paississait ainsi qu'une cloison,?Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles?Et je buvais ton souffle, ? douceur, ? poison!?Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles,?La nuit s'��paississait ainsi qu'une cloison.
Je sais l'art d'��voquer les minutes heureuses,?Et revis mon pass�� blotti dans tes genoux.?Car �� quoi bon chercher tes beaut��s langoureuses?Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton coeur si doux??Je sais l'art d'��voquer les minutes heureuses!
Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,?Rena?tront-ils d'un gouffre interdit �� nos sondes,?Comme montent au ciel les soleils rajeunis?Apr��s s'��tre lac��s au fond des mers profondes!?--O serments! ? parfums! ? baisers infinis!
LE POSSEDE
Le soleil s'est couvert d'un cr��pe. Comme lui,?O Lune de ma vie! emmitoufle-toi d'ombre;?Dors ou fume �� ton gr��; sois muette, sois sombre,?Et plonge tout enti��re au gouffre de l'Ennui;
Je t'aime ainsi! Pourtant, si tu veux aujourd'hui,?Comme un astre ��clips�� qui sort de la p��nombre,?Te pavaner aux lieux que la Folie encombre,?C'est bien! Charmant poignard, jaillis de ton ��tui!
Allume ta prunelle �� la flamme des lustres!?Allume le d��sir dans les regards des rustres!?Tout de toi m'est plaisir, morbide ou p��tulant;
Sois ce que tu voudras, nuit noire, rouge aurore;?Il n'est pas une fibre en tout mon corps tremblant?Qui ne crie: _O mon cher Belz��buth, je t'adore!_
UN FANTOME
I
LES T��N��BRES
Dans les caveaux d'insondable tristesse?O�� le Destin m'a d��j�� rel��gu��;?O�� jamais n'entre un rayon ros�� et gai;?O��, seul avec la Nuit, maussade h?tesse,
Je suis comme un peintre qu'un Dieu moqueur?Condamne �� peindre, h��las! sur les t��n��bres;?O��,
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