Les Chants de Maldoror | Page 7

Comte de Lautreamont
maintenant ce que je te conseille? Malgr�� toi, je veux que tu le fasses, et tu rendras heureuse ma conscience.? Apr��s avoir parl�� ainsi, en m��me temps tu auras fait du mal �� un ��tre humain, et tu seras aim�� du m��me ��tre: c'est le bonheur le plus grand que l'on puisse concevoir. Plus tard, tu pourras le mettre �� l'h?pital; car, le perclus ne pourra pas gagner sa vie. On t'appellera bon, et les couronnes de laurier et les m��dailles d'or cacheront tes pieds nus, ��pars sur la grande tombe, �� la figure vieille, O toi, dont je ne veux pas ��crire le nom sur cette page qui consacre la saintet�� du crime, je sais que ton pardon fut immense comme l'univers. Mais, moi, j'existe encore!
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J'ai fait un pacte avec la prostitution afin de semer le d��sordre dans les familles. Je me rappelle la nuit qui pr��c��da cette dangereuse liaison. Je vis devant moi un tombeau. J'entendis un ver luisant, grand comme une maison, qui me dit: ?Je vais t'��clairer. Lis l'inscription. Ce n'est pas de moi que vient cet ordre supr��me.? Une vaste lumi��re couleur de sang, �� l'aspect de laquelle mes machoires claqu��rent et mes bras tomb��rent inertes, se r��pandit dans les airs jusqu'�� l'horizon. Je m'appuyai contre une muraille en ruine, car j'allais tomber, et je lus: ?Ci-g?t un adolescent qui mourut poitrinaire: vous savez pourquoi. Ne priez pas pour lui.? Beaucoup d'hommes n'auraient peut-��tre pas eu autant de courage que moi. Pendant ce temps, une belle femme nue vint se coucher �� mes pieds. Moi, �� elle, avec une figure triste: ?Tu peux te relever.? Je lui tendis la main avec laquelle le fratricide ��gorge sa soeur. Le ver luisant, �� moi: ?Toi, prends une pierre et tue-la;--Pourquoi? lui dis-je.? Lui, �� moi: ?Prends garde �� toi; le plus faible, parce que je suis le plus fort. Celle-ci s'appelle Prostitution.? Les larmes dans les yeux, la rage dans le coeur, je sentis na?tre en moi une force inconnue. Je pris une grosse pierre; apr��s bien des efforts, je la soulevai avec peine jusqu'�� la hauteur de ma poitrine; je la mis sur l'��paule avec les bras. Je gravis une montagne jusqu'au sommet: de l��, j'��crasai le ver luisant. Sa t��te s'enfon?a sous le sol d'une grandeur d'homme; la pierre rebondit jusqu'�� la hauteur de six ��glises. Elle alla retomber dans un lac, dont les eaux s'abaiss��rent un instant, tournoyantes, en creusant un immense c?ne renvers��. Le calme reparut �� la surface; la lumi��re de sang ne brilla plus. ?H��las! h��las! s'��cria la belle femme nue; qu'as-tu fait?? Moi, �� elle: ?Je te pr��f��re �� lui; parce que j'ai piti�� des malheureux. Ce n'est pas ta faute, si la justice ��ternelle t'a cr����e.? Elle, �� moi: ?Un jour, les hommes me rendront justice; je ne t'en dis pas davantage. Laisse-moi partir, pour aller cacher au fond de la mer ma tristesse infinie. Il n'y a que toi et les monstres hideux qui grouillent dans ces noirs ab?mes, qui ne me m��prisent pas. Tu es bon. Adieu, toi qui m'as aim��e!? Moi, �� elle: ?Adieu! Encore une fois: adieu! Je t'aimerai toujours!... D��s aujourd'hui, j'abandonne la vertu.? C'est pourquoi, ? peuples, quand vous entendrez le vent d'hiver g��mir sur la mer et pr��s de ses bords, ou au-dessus des grandes villes, qui, depuis longtemps, ont pris le deuil pour moi, ou �� travers les froides r��gions polaires, dites: ?Ce n'est pas l'esprit de Dieu qui passe: ce n'est que le soupir aigu de la prostitution, uni avec les g��missements graves du Mont��vid��en.? Enfants, c'est moi qui vous le dis. Alors, pleins de mis��ricorde, agenouillez-vous; et que les hommes, plus nombreux que les poux, fassent de longues pri��res.
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Au clair de la lune, pr��s de la mer, dans les endroits isol��s de la campagne, l'on voit, plong�� dans d'am��res r��flexions, toutes les choses rev��tir des formes jaunes, ind��cises, fantastiques. L'ombre des arbres, tant?t vite, tant?t lentement, court, vient, revient, par diverses formes, en s'aplatissant, en se collant contre la terre. Dans le temps, lorsque j'��tais emport�� sur les ailes de la jeunesse, cela me faisait r��ver, me paraissait ��trange; maintenant, j'y suis habitu��. Le vent g��mit �� travers les feuilles ses notes langoureuses, et le hibou chante sa grave complainte, qui fait dresser les cheveux �� ceux qui l'entendent. Alors, les chiens, rendus furieux, brisent leurs cha?nes, s'��chappent des fermes lointaines; ils courent dans la campagne, ?�� et l��, en proie �� la folie. Tout �� coup, ils s'arr��tent, regardent de tous les c?t��s avec une inqui��tude farouche, l'oeil en feu; et, de m��me que les ��l��phants, avant de mourir, jettent dans le d��sert un dernier regard au ciel, ��levant d��sesp��r��ment leur trompe, laissant leurs oreilles inertes, de m��me les chiens
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