Les Chants de Maldoror | Page 5

Comte de Lautreamont
et la paix des agr��ables cieux.
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J'��tablirai dans quelques lignes comment Maldoror fut bon pendant ses premi��res ann��es, o�� il v��cut heureux; c'est fait. Il s'aper?ut ensuite qu'il ��tait n�� m��chant: fatalit�� extraordinaire! Il cacha son caract��re tant qu'il put, pendant un grand nombre d'ann��es; mais, �� la fin, �� cause de cette concentration qui ne lui ��tait pas naturelle, chaque jour le sang lui montait �� la t��te; jusqu'�� ce que, ne pouvant plus supporter une pareille vie, il se jeta r��sol?ment dans la carri��re du mal ... atmosph��re douce!
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Qui l'aurait dit! lorsqu'il embrassait un petit enfant, au visage rose, il aurait voulu lui enlever ses joues avec un rasoir, et il l'aurait fait tr��s souvent, si Justice, avec son long cort��ge de chatiments, ne l'en e?t chaque fois emp��ch��. Il n'��tait pas menteur, il avouait la v��rit�� et disait qu'il ��tait cruel. Humains, avez-vous entendu? il ose le redire avec cette plume qui tremble! Ainsi donc, il est une puissance plus forte que la volont�� ... Mal��diction! La pierre voudrait se soustraire aux lois de la pesanteur? Impossible. Impossible, si le mal voulait s'allier avec le bien. C'est ce que je disais plus haut.
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Il y en a qui ��crivent pour rechercher les applaudissements humains, au moyen de nobles qualit��s du coeur que l'imagination invente ou qu'ils peuvent avoir. Moi, je fais servir mon g��nie �� peindre les d��lices de la cruaut��! D��lices non passag��res, artificielles; mais, qui ont commenc�� avec l'homme, finiront avec lui. Le g��nie ne peut-il pas s'allier avec la cruaut�� dans les r��solutions secr��tes de la Providence? ou, parce qu'on est cruel, ne peut-on pas avoir du g��nie? On en verra la preuve dans mes paroles; il ne tient qu'�� vous de m'��couter, si vous le voulez bien ... Pardon, il me semblait que mes cheveux s'��taient dress��s sur ma t��te; mais, ce n'est rien, car, avec ma main, je suis parvenu facilement �� les remettre dans leur premi��re position. Celui qui chante ne pr��tend pas que ses cavatines soient une chose inconnue; au contraire, il se loue de ce que les pens��es hautaines et m��chantes de son h��ros soient dans tous les hommes.
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J'ai vu, pendant toute ma vie, sans en excepter un seul, les hommes, aux ��paules ��troites, faire des actes stupides et nombreux, abrutir leurs semblables, et pervertir les ames par tous les moyens. Ils appellent les motifs de leurs actions: la gloire. En voyant ces spectacles, j'ai voulu rire comme les autres; mais, cela, ��trange imitation, ��tait impossible. J'ai pris un canif dont la lame avait un tranchant ac��r��, et me suis fendu les chairs aux endroits o�� se r��unissent les l��vres. Un instant je crus mon but atteint. Je regardai dans un miroir cette bouche meurtrie par ma propre volont��! C'��tait une erreur! Le sang qui coulait avec abondance des deux blessures emp��chait d'ailleurs de distinguer si c'��tait l�� vraiment le rire des autres. Mais, apr��s quelques instants de comparaison, je vis bien que mon rire ne ressemblait pas �� celui des humains, c'est-��-dire que je ne riais pas. J'ai vu les hommes, �� la t��te laide et aux yeux terribles enfonc��s dans l'orbite obscur, surpasser la duret�� du roc, la rigidit�� de l'acier fondu, la cruaut�� du requin, l'insolence de la jeunesse, la fureur insens��e des criminels, les trahisons de l'hypocrite, les com��diens les plus extraordinaires, la puissance de caract��re des pr��tres, et les ��tres les plus cach��s au dehors, les plus froids des mondes et du ciel; lasser les moralistes �� d��couvrir leur coeur, et faire retomber sur eux la col��re implacable d'en haut. Je les ai vus tous �� la fois, tant?t le poing le plus robuste dirig�� vers le ciel, comme celui d'un enfant d��j�� pervers contre sa m��re, probablement excit��s par quelque esprit de l'enfer, les yeux charg��s d'un remords cuisant en m��me temps que haineux, dans un silence glacial, n'oser ��mettre les m��ditations vastes et ingrates que rec��lait leur sein, tant elles ��taient pleines d'injustice et d'horreur, et attrister de compassion le Dieu de mis��ricorde; tant?t, �� chaque moment du jour, depuis le commencement de l'enfance jusqu'�� la fin de la vieillesse, en r��pandant des anath��mes incroyables, qui n'avaient pas le sens commun, contre tout ce qui respire, contre eux-m��mes et contre la Providence, prostituer les femmes et les enfants, et d��shonorer ainsi les parties du corps consacr��es �� la pudeur. Alors, les mers soul��vent leurs eaux, engloutissent dans leurs ab?mes les planches; les ouragans, les tremblements de terre renversent les maisons; la peste, les maladies diverses d��ciment les familles priantes. Mais, les hommes ne s'en aper?oivent pas. Je les ai vus aussi rougissant, palissant de honte pour leur conduite sur cette terre; rarement. Temp��tes, soeurs des ouragans; firmament bleuatre,
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