Les Aventures de John Davys | Page 9

Alexandre Dumas, père
pernicieux des brouillards de l��automne?; mais sir ��douard se facha, et, sans ��couter les repr��sentations du digne matelot, s��achemina vers la grotte. Il y ��tait depuis un quart d��heure �� peu pr��s, lorsqu��il vit appara?tre au bout de l��all��e Anna-Mary, accompagn��e d��une femme et de trois enfants?: c����taient la veuve et les orphelins que le capitaine avait tir��s de la mis��re, et qui venaient le remercier.
Sir ��douard, en apercevant Anna-Mary, se leva pour aller au-devant d��elle?; mais, soit ��motion, soit faiblesse, �� peine eut-il fait quelques pas, qu��il fut forc�� de s��appuyer contre un arbre?: Anna vit qu��il chancelait, et accourut pour le soutenir?; pendant ce temps, la bonne femme et les enfants se jetaient �� ses pieds et se disputaient ses mains, qu��ils couvraient de baisers et de larmes. L��expression de cette reconnaissance si franche et si enti��re toucha le capitaine au point que lui-m��me se sentit pleurer. Un instant il voulut se contenir, car il regardait comme indigne d��un marin de s��attendrir ainsi?; mais il lui sembla que ses larmes, en coulant, le soulageaient de cette oppression qui, depuis si longtemps, lui pesait sur la poitrine, et, sans force contre son c?ur, rest�� si bon sous sa rude enveloppe, il se laissa aller �� toute son ��motion, prit dans ses bras les bambins qui se cramponnaient �� ses genoux, et les embrassa les uns apr��s les autres, en promettant �� leur m��re de ne pas les abandonner.
Pendant ce temps, les yeux d��Anna-Mary brillaient d��une joie c��leste. On e?t dit que l��envoy��e d��en haut avait accompli sa mission de bienfaisance, et, comme le conducteur du jeune Tobie, s��appr��tait �� remonter au ciel?: tout ce bonheur ��tait son ouvrage, et l��on voyait que c����tait �� de tels spectacles, souvent renouvel��s, qu��elle devait la douce et impassible s��r��nit�� de son visage. Dans ce moment, Tom vint, cherchant son ma?tre, d��cid�� �� lui faire une querelle s��il ne voulait pas rentrer au chateau. En voyant plusieurs personnes autour du capitaine, il sentit redoubler sa r��solution, car il ��tait certain qu��elle serait appuy��e?; aussi commen?a-t-il, moiti�� grondant, moiti�� priant, un long discours dans lequel il essaya de d��montrer au malade la n��cessit�� de le suivre?; mais sir ��douard l����coutait avec une telle distraction, qu��il ��tait visible que l����loquence de Tom ��tait perdue. Cependant, si les paroles qu��il avait dites avaient ��t�� sans puissance sur le capitaine, elles n��avaient point ��t�� sans effet sur Anna?: elle avait compris la gravit�� de la situation de sir ��douard, qu��elle avait cru jusque-l�� seulement indispos��?; aussi, jugeant comme Tom que l��air humide qu��il respirait pouvait lui ��tre nuisible, elle s��approcha de lui, et, lui adressant la parole avec sa douce voix?:
�C Votre Honneur a-t-il entendu?? lui dit-elle.
�C Quoi?? r��pondit sir ��douard en tressaillant.
�C Ce que lui a dit ce brave homme, reprit Anna.
�C Et qu��a-t-il dit?? demanda le capitaine.
Tom indiqua, par un mouvement, qu��il allait reprendre son discours?; mais Anna lui fit signe de se taire.
�C Il a dit, continua-t-elle, qu��il ��tait dangereux pour vous de rester ainsi �� cet air froid et pluvieux, et qu��il fallait rentrer au chateau.
�C Me donnerez-vous le bras pour m��y reconduire?? demanda le capitaine.
�C Oui, sans doute, r��pondit Anna en souriant, si vous me faites l��honneur de me le demander��
En m��me temps, elle tendit son bras?; le capitaine y appuya le sien, et, au grand ��tonnement de Tom, qui ne s��attendait pas �� le trouver si docile, il reprit le chemin du chateau. Au bas du perron, Anna-Mary s��arr��ta, renouvela ses remerciements, et, saluant sir ��douard avec une grace parfaite, elle se retira, accompagn��e de la pauvre famille. Le capitaine demeura immobile o�� elle l��avait laiss��, la suivit des yeux tant qu��il put la voir?; puis, lorsqu��elle eut disparu derri��re l��angle du mur, il poussa un soupir, et se laissa conduire jusqu���� sa chambre, docile comme un enfant. Le soir, le docteur et le cur�� vinrent faire leur partie de whist, et le capitaine avait commenc�� �� jouer avec assez d��attention, lorsque, tandis que Sanders battait les cartes, le docteur dit tout �� coup?:
�C �� propos, commandant, vous avez vu aujourd��hui Anna-Mary??
�C Vous la connaissez?? demanda le capitaine.
�C Certainement, r��pondit le docteur?; elle est mon confr��re.
�C Votre confr��re??
�C Sans doute, et confr��re fort �� craindre m��me?: elle sauve plus de malades avec ses douces paroles et ses rem��des de bonne femme, que je n��en sauve avec toute ma science. N��allez pas me quitter pour elle, commandant?; car elle serait capable de vous gu��rir.
�C Et moi, dit le cur��, elle me ram��ne plus d��ames par son exemple que je n��en gagne par mes sermons?; et je suis s?r, commandant, que, si endurci p��cheur que vous soyez, si elle se le mettait en t��te, elle vous conduirait tout droit en paradis.
�� partir de ce moment, M. Sanders eut beau battre et distribuer les
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