Leffrayante aventure | Page 9

Jules Lermina
ne me promettait rien de bon, m'appelait �� Scotland Yard o�� je fus re?u par M. Sewingthrow, mon chef direct.
?Encourag�� par la fermet�� de Suzan--c'est-��-dire de Madame Bobby--je me pr��sentai, en homme s?r de la bont�� de sa cause.
?Mais que valent les m��rites affirm��s d'un homme, en face de la calomnie, et de ce que j'oserais appeler l'inintelligence.
?Il me fut reproch�� de m'��tre m��l��, dans un pays ami, de d��tails qui ne me regardaient pas, d'avoir attir�� sur moi et sur l'Angleterre, l'attention malveillante des foules, et--consid��ration qui me fut plus p��nible que toute autre--d'avoir rendu la police britannique ridicule et suspecte d'incoh��rence.
?En vain je m'expliquai. J'exposai les principes qui avaient ��t�� mes guides--l'amour de la v��rit��, le d��sir d'��tre utile--en vain je rappelai les enseignements moraux et religieux que je m'��tais efforc�� de mettre en pratique.
?��videmment j'��tais condamn�� d'avance. Aucun de mes arguments ne produisit l'effet sur lequel j'��tais en droit de compter; et, finalement, je fus inform�� que j'��tais suspendu de mes fonctions jusqu'�� nouvel ordre.
?Il ne me restait qu'�� m'incliner, ce qui fut fait.
?En quelques paroles dont j'eus lieu d'��tre satisfait, et qui ne furent pas sans ��loquence, je protestai respectueusement contra la mesure qui me frappait.
?--Monsieur Sewingthrow, dis-je en mani��re de conclusion, le sang des martyrs, tombant sur la terre, a fait lever une moisson de v��rit��: sans que, dans mon humilit��, il me convienne de me comparer �� ces saints pr��curseurs, permettez-moi d'affirmer que l'erreur dont je suis la triste victime aura peut-��tre un contre-coup regrettable sur la moralit�� publique.
?Mon chef, d��concert��, s'en tira par une phrase que je catalogue dans la s��rie des outrages imm��rit��s.
?--Vous ��tes un imb��cile, me dit-il. Tenez-vous tranquille, et attendez les ��v��nements.
?Et je suis rentr�� chez moi, heureux de d��verser dans le sein de ma compagne, l'amertume dont mon coeur ��tait gonfl��.
?--Monsieur Bobby, me dit cette femme remarquable, l'affront dont vous ��tes l'objet, retombe sur moi. J'attendrai que vous nous r��habilitiez tous les deux.
?Ces paroles me dictaient mon devoir. Il me fallait d��sormais consacrer ma vie �� la recherche de cette v��rit��, �� savoir que Coxward, assassin�� �� Paris, le 2 avril, se trouvait cependant �� Londres quelques heures auparavant.
?Car ici, je dois faire un aveu. J'avais pris connaissance du journal o�� sa pr��sence dans la nuit du 1er au 2 avril ��tait relat��e, et j'ai trop le respect de la presse de mon pays pour avoir mis un seul instant en doute cette affirmation, qui, ��man��e du journalisme fran?ais, m'e?t paru plus que suspecte.
?Et je ne fus pas surpris lorsque, d��s le lendemain, ayant repris pour mon compte l'enqu��te nagu��re men��e par mes critiques, j'acquis la certitude que les t��moins consult��s avaient dit la v��rit��. Ils avaient assist�� au match de boxe dans lequel Coxward s'��tait disqualifi��.
?C'��tait sous un uppercut au menton qu'il avait chancel��, essayant d'abord un clinch, mais d��finitivement abattu par un left qui l'avait jet�� �� terre. On imputait �� la lachet�� sa promptitude �� proclamer sa d��faite. Mais, tous d��tails recueillis, il m'apparut que Coxward avait un plan sp��cial, qui ��tait de m��nager ses forces pour r��aliser le m��fait qu'il m��ditait, c'est-��-dire le vol dont, un instant apr��s, il allait se rendre coupable.
?Mes pr��cisions se sont ��tablies de la fa?on la plus nette.
?Il ��tait une heure moins cinq minutes lorsque Coxward--tr��s vivant et parfaitement alerte--avait saut�� par la fen��tre, au rez-de-chauss��e du Shadows-Bar, et s'��tait enfui, poursuivi par la meute furieuse de ses adversaires.
?Que Coxward f?t un voleur, la chose n'��tait pas pour m'��mouvoir, son caract��re ��tant ��tabli de longue date. Rien dans cette aventure n'��tait contraire �� la vraisemblance. Ces t��moins n'avaient pu se tromper sur son identit��, car il leur ��tait connu depuis longtemps, comme �� moi-m��me, qui, plusieurs fois, avais fait peser sur lui la main de justice.
?Or, depuis le moment o�� Coxward, harcel��, avait disparu �� quelque distance de Highbury Crescent, avait-il reparu? Non. Nul n'avait entendu parler de lui. Les nombreuses tavernes o�� il fr��quentait d'ordinaire n'avaient pas eu l'honneur de sa visite, et je dois ajouter que, rompant avec toutes mes d��licatesses ordinaires, j'en vins �� m'abaisser jusqu'�� rechercher une certaine Bessie Bell, fille de moeurs blamables, avec laquelle il entretenait d'inqualifiables relations, et que, l'ayant retrouv��e, et malgr�� la r��pulsion que m'inspirent ces cr��atures--surtout lorsque je ne suis pas en service command��--je l'interrogeai et appris d'elle qu'elle n'avait plus re?u sa visite, circonstance dont elle se souciait peu d'ailleurs, ainsi qu'elle me l'affirma cyniquement.
?Donc, le fait ��tait ��tabli. Pour quiconque, il semblait que Coxward avait quitt�� Londres ou peut-��tre ��tait mort. J'avais constat�� que dans tous les milieux de bas sport, et Dieu sait s'ils sont nombreux, il ��tait rest�� invisible. L'hypoth��se de la mort subite ��tait la plus plausible, bien entendu pour tout autre que pour moi. Mais j'agis comme si elle avait ��t�� possible. Un mort
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