Le socialisme en danger | Page 7

Ferdinand Domela Nieuwenhuis
les chefs, de cet amendement?
Auer demande au Congrès d'adopter la résolution de Bebel _avec l'amendement Oertel._
Fischer conclut également à l'adoption.
Liebknecht déclare que ?l'adoption de l'amendement Oertel est devenue _une nécessité absolue pour le parti_?. Il juge même bon d'y ajouter: ?Dans l'intérêt de la vérité, je me réjouis que cette proposition ait été faite; quant à moi, je voterai pour, et j'espère que le Congrès se prononcera avec une écrasante majorité pour la résolution Oertel. SI ELLE N'EST PAS ADOPTéE, L'OPPOSITION AURAIT RAISON, ET DANS CE CAS JE PASSERAI MOI-MêME à L'OPPOSITION?. Bebel ajoutait qu'il était indispensable pour le Congrès de se prononcer nettement. Dans cette résolution il doit y avoir quelque chose d'obscur, car Vollmar déclare l'accepter, sauf les motifs, et Auerbach (de l'opposition) dit l'accepter intégralement. Donc l'extrême droite et l'extrême gauche se déclarent d'accord avec l'auteur de la proposition, quant aux termes dans laquelle cette dernière a été con?ue. Oertel, lui, ne déteste rien autant que l'équivoque, et il est prêt, lorsqu'il n'y a pas moyen de faire autrement, à trancher le noeud gordien. Vollmar doit bien se persuader que ses idées ne trouvent point d'écho ici, et qu'il est donc indispensable de se prononcer par un catégorique oui ou _non. Tous jugent donc indispensable l'adoption de l'amendement Oertel._
Vollmar voit dans cet amendement une question personnelle, qu'il ne peut pas accepter, car elle a un caractère de méfiance. Liebknecht déclare qu'il n'y a là rien de personnel, car la personnalité de Vollmar n'est nullement en jeu. Bebel dit la même chose; il ne s'agit pas d'un désaveu mais d'une différence d'opinion. Il ne faut pas chercher à voir un vote de méfiance dans cette résolution. Il a voulu, par là permettre à Vollmar, de trouver, après réflexion et en toute connaissance de l'opinion du Congrès, un joint lui permettant d'abandonner les idées par lui préconisées dans ses discours.
Que de considération à l'égard de Vollmar! Malgré les déclarations énergiques des chefs, la prudence para?t s'imposer en face d'un homme comme Vollmar, surtout lorsque celui-ci déclare: ?Si la motion Oertel est adoptée, il ne me reste qu'à vous dire que dans ce cas je vous ai adressé la parole pour la dernière fois?. Il accepte la résolution sur les faits, comme elle a été proposée par Bebel, mais la critique personnelle, formulée dans la motion Oertel, il la déclare inacceptable.
Que faire à présent?
Rompre avec Vollmar? Cela est fort risqué. Bebel n'a-t-il pas catégoriquement déclaré que ?le discours prononcé par Vollmar dans ce milieu a trouvé plus d'approbation que ses propres paroles, il le reconna?t très franchement?. Et il ne para?t pas avoir grande confiance dans les membres du parti, puisqu'il les conjure de bien savoir ce qu'ils font et de ne pas se laisser séduire ?par les belles phrases du discours de Vollmar, ni par ses beaux yeux?.
Mais voilà qu'une proposition intermédiaire est faite par Ehrhardt, de Ludwigshafen: ?Après que Vollmar s'est prononcé sans aucune réserve au sujet de l'opinion développée par Bebel et d'autres orateurs sur le maintien de la tactique suivie jusqu'ici, le Congrès déclare la discussion sur la proposition Oertel terminée, et passe à l'ordre du jour?.
C'est la planche du salut. On n'a plus qu'à la saisir et tout est dit. Ce qui suit maintenant ressemble beaucoup à une comédie.
Oertel déclare retirer sa motion, si Vollmar veut agir conformément à la dernière proposition. (Comment concilier ceci avec son propre ultimatum: ?Vollmar ne peut pas se placer au point de vue de la résolution de Bebel, car n'a-t-il dit: ?Il ressort de tout ceci que notre tactique ne peut pas être la même.? Bebel cependant a déclaré qu'il n'y avait aucune raison pour changer la tactique actuelle. Vollmar doit donc s'expliquer plus clairement. L'agitation principale portera également dans l'avenir d'excellents fruits.?) Et à présent Vollmar déclare solennellement: ?J'ai déjà dit dans mon discours que, dès que la chose est sérieusement discutée, j'accepte la discussion pourvu qu'elle ne vise aucune personnalité. Depuis que celui qui a fait la proposition en a enlevé le c?té personnel, la chose est pour moi terminée?.
Au fond, Vollmar n'a rien dit de catégorique, mais il s'est montré diplomate. Ce qui ne l'empêche pas de quitter le terrain en vainqueur. Et qu'est-ce que firent tous les autres, qui jugeaient absolument nécessaire l'adoption de la proposition Oertel (dans laquelle ils déclaraient expressément ne rien voir de personnel)? Ils acceptèrent le retrait de la proposition et personne ne la reprit pour son compte! On n'osait pas s'en prendre à Vollmar. Avec les ?Jeunes? c'était moins risqué. Et l'on barrait à droite. Jusqu'ici nous n'avons pas encore appris que Liebknecht soit passé aux ?Jeunes?, et cependant la proposition Oertel n'a pas été votée. On est donc juste aussi avancé qu'avant! Reste à savoir si les événements donneront raison à Auerbach, quand il dit: ?Je crains que Liebknecht,
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